The Social Network se révèle être un film principalement centré sur Mark Zuckerberg plus que sur le réseau social Facebook, et il se concentre sur la naissance du concept plus que sur son avènement actuel, et ses 500 millions d'internautes. En cela, le film n'est ni un plaidoyer, ni un réquisitoire sur Facebook. Ce qui intéresse Fincher et son scénariste, le brillant Aaron Sorkin (Des Hommes d'honneur, La Guerre selon Charlie Wilson), c'est la psychologie du petit génie controversé Zuckerberg, personnage aussi génial que désespérant, tout en nuance, et qu'il est impossible d'aimer ou de détester. Un type enfermé dans son monde qui ne semble pas complètement conscient du mal qu'il peut engendrer autour de lui.
The Social Network ou l'histoire d'un solitaire limite asocial qui va créer la plus grosse communauté virtuelle du monde. L'ironie se pose là, filmée avec une grande maestria par Fincher qui n'a plus rien à prouver sur sa virtuosité, mais qui se révèle - si l'on compare ce film à Seven ou Fight Club -, parfois un peu trop sage et proche d'un certain classicisme (hormis une séquence en night club furieusement immersive et une course d'aviron tout simplement hypnotique). En cela, le rythme soutenu du film est vraiment lié au scénario et aux dialogues riches et denses du film débités à la mitraillette par un cast absolument parfait. Fincher restant un excellent directeur d'acteur. Soulignons également la très belle bande-originale du film.
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Au vu du sujet, peut-on estimer The Social Network comme un projet à part dans la filmo de Fincher ? Pas vraiment, en fait. Si on regarde bien, il contient quelques thématiques propres à son cinéma (isolement, sacrifice, personnages à la marge de la société) et se révèle même une sorte de négatif de Fight Club, tout comme Zodiac l'était vis-à-vis de Seven.
L'histoire reste celle d'un désaxé social qui va créer un réseau dont l'ampleur va finalement complètement le dépasser, et dont une rencontre déterminante (que ça soit Tyler Durden ou Sean Parker, le créateur de Napster joué par Justin Timberlake, tous deux figures d'anges et de démons qui vont autant apporter aux (anti) héros des deux récits qu'ils vont les entraîner au bout de leurs limites morales ou sociales) va sceller leurs sorts. Ainsi, le meilleur ami de Zuckerberg va se révéler être le personnage tragique de cette fable moderne, dommage collatéral d'un mouvement qui va finir par tout écraser, et principalement les fragiles liens qui unissent les personnages entre eux.
Non, The Social Network n'est pas un film sur Facebook, juste un film ou le virtuel a raison du réel, ou des types abandonnent ce qui donne sens à la vie pour plonger allègrement dans les sphères de cette chose ultra puissante nommée Internet. Et la preuve qu'on ne peut pas devenir multi milliardaire et ultra célèbre sans vendre quelque part son âme au diable.