Stéphane Sitbon-Gomez : "Nous programmerons désormais 'Capitaine Marleau' le vendredi soir sur France 2"

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Stéphane Sitbon-Gomez : "Nous programmerons désormais 'Capitaine Marleau' le vendredi soir sur France 2"
Par Benjamin Meffre Journaliste
Passionné par les médias, l’économie et la politique, Benjamin est rédacteur en chef de puremedias.com dont il a intégré la rédaction en 2013.
"Capitaine Marleau"
Le patron des programmes de France Télévisions a accepté de répondre aux questions de puremedias.com.

Il n'aura pas attendu longtemps pour mettre sa patte sur les programmes de France Télévisions. Nommé en septembre dernier numéro 2 du groupe audiovisuel public, Stéphane Sitbon-Gomez a lancé dès ce début d'année 2021 pas moins d'une demi-douzaine de nouvelles émissions censées booster les week-end des chaînes de France Télé, siphonnés par les plateformes. Egalement désireux de donner plus de cohérence aux offres de la télé publique, notamment en matière de fictions, le jeune patron des programmes de 33 ans a accepté de dévoiler à puremedias.com les changements majeurs qui attendent les téléspectateurs dans les semaines à venir.

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Propos recueillis par Benjamin Meffre.

puremedias.com : France 3 vient d'annoncer la suppression de deux séries à succès : "Mongeville" et "Commissaire Magellan". Est-ce que cela signifie que les bonnes audiences ne protègent plus les programmes à France Télévisions ?
Stéphane Sitbon-Gomez
: Je veux renforcer la cohérence et renouveler notre offre de fictions. Cette décision d'arrêter "Mongeville" et "Commissaire Magellan" s'inscrit dans ce cadre. Nous avons une chance incroyable à France Télévisions : celle d'avoir une fiction française particulièrement populaire, créative et diverse. Nous sommes évidemment très fiers de ce succès, fruit d'un travail d'orfèvre réalisé par Anne Holmes (la patronne de la fiction de France Télévisions, ndlr) et ses équipes, ainsi que par le tissu de créateurs français. La fiction est un genre très important pour nous car il est un marqueur particulièrement distinctif du service public. Nos oeuvres sont la plupart du temps inédites et quasi exclusivement des créations originales. Nous travaillons depuis septembre à consolider ce très beau succès, tout en sachant se renouveler.

Ce renouvellement de votre offre de fictions se traduira-t-il par de nouvelles décisions dans les semaines à venir ?
Nous avons cinq soirées dédiées à la fiction française chaque semaine (cumulées sur France 2 et France 3, ndlr). Nous voulons qu'elles aient des couleurs différentes et très identifiées. Nous avons commencé à travailler la case du lundi soir sur France 2. Elle proposait auparavant essentiellement des séries étrangères, notamment américaines. Nous l'avons transformée en une case de fictions françaises de prestige promouvant la création d'auteurs, le patrimoine et l'Histoire. C'est ainsi que nous y avons programmé récemment "De Gaulle" ou "Les aventures du jeune Voltaire". Le mercredi sur France 2, nous souhaitons nous tourner davantage vers la comédie. Même si c'est un genre plus ardu que le policier, il nous permet de toucher un public plus familial et jeune. C'est ce que nous essayons de faire actuellement avec "La faute à Rousseau". C'est ce que nous avons fait par le passé avec "Dix pour cent".

Ils ont dit
"'Alex Hugo' va basculer sur France 3 à partir de la rentrée prochaine"
Stéphane Sitbon-Gomez

Exit donc le mercredi les fictions sociétales un peu plus sombres ?
Non, nous garderons des unitaires de société. La comédie et le regard sur la société - même plus grave - ne sont pas antinomiques selon moi. En revanche, une série comme "Alex Hugo", qui était proposée jusque-là le mercredi, va basculer sur France 3 à partir de la rentrée prochaine. Pourquoi ? Parce que nous estimons qu'elle est plus dans l'ADN du polar de territoire proposé le samedi soir sur France 3. Pour la case du vendredi soir sur France 2, elle est toujours dédiée au polar mais nous avons commencé à la recentrer sur du polar plus divertissant, autour de personnages plus forts que leurs enquêtes. Ce doit être un moment de légèreté et d'évasion pour le public. Au nom de cette cohérence, je vous annonce donc un autre changement de taille : nous programmerons désormais "Capitaine Marleau" le vendredi soir sur France 2 !

C'est une petite révolution tant cette série est associée à France 3. N'avez-vous pas peur de perdre les fans historiques du programme ?
C'est évidemment une prise de risques. Nous pensons néanmoins que nous pouvons ainsi exposer "Capitaine Marleau" à un nouveau public. Si nous mettons l'un de nos programmes les plus forts un vendredi soir, c'est aussi que nous voulons renforcer notre offre le week-end, une période de la semaine où de plus en plus de familles se tournent vers les plateformes. Nous devons livrer bataille là où elle se déroule.

N'avez-vous pas peur que cela fasse plonger l'audience générale de France 3 alors que "Capitaine Marleau" est sa série la plus puissante ?
Non, car nous avons bien vu ces derniers mois que malgré l'absence de "Capitaine Marleau" dans la grille, France 3 se maintenait à un très beau niveau. J'ajoute que le transfert d'"Alex Hugo", l'une des séries les plus puissantes de France 2, devrait atténuer cet éventuel impact. Enfin, même si cela était malgré tout le cas, je pense qu'il est important que nous prenions des risques pour avoir une plus grande cohérence.

D'autres séries de France 3 comme "La stagiaire" avec Michèle Bernier ou "Alexandra Ehle" avec Julie Depardieu vont-elles également changer prochainement de chaîne ?
Non, ce n'est pas une approche que nous voulons systématiser. Nous avons vraiment raisonné série par série. Sur France 3, nous avons deux rendez-vous très forts le mardi et le samedi. Le mardi est une case très familiale, où nous avons réussi ces derniers mois à lancer de très beaux projets. Le samedi est dédié aux polars de territoire et sera renouvelé suite à notre décision d'arrêter "Mongeville" et "Commissaire Magellan". Nous avons eu de beaux succès comme "Police de caractères" et nous avons aussi plusieurs projets en cours pour cette case, dont "Alex Hugo", qui y aurait toute sa place.

Ils ont dit
"Nous allons continuer nos incursions dans la fiction patrimoniale et littéraire"
Stéphane Sitbon-Gomez

La case du dimanche soir de France 3 avec des séries principalement britanniques est-elle maintenue ?
Tout à fait. Nous travaillons d'ailleurs à son renouvellement comme l'arrivée des "Carnets de Max Liebermann" l'a montré récemment.

La mini-série "Les aventures du jeune Voltaire" a bien fonctionné sur France 2. Aura-t-elle une suite ?
Pas forcément, bien qu'on y réfléchisse avec les auteurs. Nous allons en tous les cas continuer nos incursions dans la fiction patrimoniale et littéraire. "Voltaire" a été un succès en linéaire mais aussi un carton en replay, ce qui montre que ces fictions patrimoniales de qualité sont, contrairement à une idée reçue, d'une grande modernité.

Le projet de fiction historique de Thierry Ardisson sur mai 1968 verra-t-il le jour ?
Ce n'est pas à l'ordre du jour pour l'instant.

"Dix pour cent" reviendra-t-elle pour une saison 5 et un unitaire à New York comme cela a été évoqué dans la presse ?
Nous travaillons actuellement avec les équipes de la série Nous avons envie de trouver une suite à ce projet mais nous ne voulons surtout pas affaiblir le récit. Il nous faut donc trouver une suite logique, d'où notre idée d'un unitaire évènementiel qui pourrait marquer une nouvelle étape de la vie de l'intrigue. C'est ce que nous avons fait avec succès en fin d'année dernière avec "Fais pas ci, fais pas ça".

La montée en exigences est-elle l'axe principal de votre stratégie en matière de fictions ?
Oui. Attention cependant à ne pas comprendre "exigences" comme un synonyme de prise de tête. C'est plutôt au sens de qualité, de créativité et d'originalité. Je suis par exemple très content de "La faute à Rousseau" car c'est une fiction qui aborde des thèmes parfois repoussoirs en télévision comme la philo ou l'école, mais d'une manière déjantée, burlesque et très originale par rapport à ce qui se fait dans le reste du paysage audiovisuel.

Ils ont dit
"Nous aurons une rentrée très qualitative avec l'arrivée des premières grosses co-productions internationales"
Stéphane Sitbon-Gomez

Une série comme "En thérapie" n'avait-elle pas sa place le lundi sur France 2 ?
Je suis vraiment très content du beau succès d'Arte avec cette série et je les félicite. Je crois que nos offres sont complémentaires et nous mettons beaucoup de plaisir à les harmoniser, notamment avec Boris Razon, le directeur éditorial d'Arte, qui en plus d'être un ami, est celui qui m'a fait faire mes premiers pas dans la télé. Donc pas de jalousie, juste un coup de chapeau.

Où en sont vos ambitions européennes en matière de fictions ?
Nous avons beaucoup accéléré dans ce domaine et nous allons en voir très prochainement les traductions concrètes. Nous aurons une rentrée très qualitative avec l'arrivée des premières grosses co-productions internationales comme "Le tour du monde en 80 jours", "Germinal" ou "Leonardo".

Votre adaptation de "La peste" arrivera-t-elle dès la saison prochaine ?
Je ne peux pas vous l'assurer car nous sommes encore en écriture pour l'instant. En revanche dès la saison prochaine, nous proposerons dans ce même genre littéraire l'adaptation des "Particules élémentaires", le célèbre roman de Michel Houellebecq.

Ils ont dit
"50% de la population française est désormais convertie à l'usage de la SVOD"
Stéphane Sitbon-Gomez

Vous avez lancé en ce début d'année beaucoup de nouvelles émissions de flux le week-end comme "Bel et bien", "Cuisine ouverte", "Antidote", ou encore "Au bout de l'enquête". Pourquoi avoir voulu investir autant ce temps qu'on dit traditionnellement moins "rentable" en télévision du fait de la présence d'un public plus réduit qu'en semaine ?
Nous nous rendons compte que 50% de la population française est désormais convertie à l'usage de la SVOD. Ce n'est plus une mutation en cours mais bien une réalité déjà établie. Nos concurrents directs, ce sont les plateformes et nous savons que le week-end est le moment où les familles se détournent de l'offre télé au profit de celles-ci. A nous de muscler notre offre de contenus le week-end pour les faire revenir.

Ces émissions n'ont la plupart du temps pas signé des lancements éclatants. Est-ce un sujet d'anxiété ou jugez-vous qu'il est trop tôt pour tirer le moindre bilan d'audience ?
Je suis très satisfait de tous les lancements d'émissions et on peut notamment saluer les belles performances d'"Au bout de l'enquête" (de Marie Drucker, ndlr) ou encore de "Ma vie rurale". Néanmoins, il est encore trop tôt pour juger car nous sommes en train d'installer des rendez-vous à des horaires où il n'y avait pas d'habitudes d'écoute installées. C'est donc quelque chose qui va forcément se faire dans la durée. Aujourd'hui, nous avons de beaux retours qualitatifs concernant ces nouvelles émissions. C'était le premier objectif. Pour le reste, ces émissions devront faire leurs preuves dans l'année.

Alors que la situation budgétaire est tendue en cette période de crise, était-ce le bon moment pour lancer autant de nouvelles marques ?
C'est en effet un exercice complexe car nous traversons un contexte budgétaire particulièrement difficile. Ma conviction intime, c'est que nous sommes obligés de bouger, d'innover et de nous renouveler. Evidemment, nous nous exposons davantage à la critique en lançant de nouveaux programmes. Mais l'enjeu pour la télévision est selon moi de rester un média chaud, réactif. C'est ce que nous avons fait en lançant Culture Box en seulement quinze jours. Je crois à la télé comme média vivant.

Culture Box a-t-elle trouvé son public ?
Les retours que nous avons en notoriété et en qualité sont excellents. C'était là l'enjeu principal.

La chaîne olympique que vous vouliez lancer pourrait-elle succéder à Culture Box sur ce canal 19 ? L'éphémère pourrait-il devenir pérenne, comme le craignent certains de vos concurrents ?
Nous ne sommes vraiment pas là-dedans aujourd'hui. Culture Box est une réponse à une situation de crise présente pour les milieux culturels. La concurrence télévisuelle est un peu autocentrée. Je pense que la mission de la télévision est avant tout de s'occuper de la société. Le vrai sujet, c'était que les lieux de culture étaient et sont encore fermés.

Visage de Culture Box, Daphné Bürki va-t-elle avoir d'autres émissions sur France 2 ou France 3 ?
Nous avons fait récemment avec elle "Secours Pop, la grande soirée" en prime time sur France 2. Daphné est actuellement très mobilisée sur Culture Box et montre qu'elle a toute sa place sur France Télévisions.

Son projet d'émission médias est-il définitivement abandonné ?
Le pilote que nous avions fait ne nous avait pas convaincus. Nous continuons cependant de réfléchir à cette thématique.

Ils ont dit
"Le tournage du 'Club des 1%' est simplement reporté"
Stéphane Sitbon-Gomez

Où en est "Le club des 1%", ce jeu de logique attendu sur France 2 ? Le projet est-il enterré ?
Non, ses conditions de tournage sont simplement peu compatibles avec le contexte sanitaire actuel. Son tournage et sa mise à l'antenne sont donc seulement reportés. Concernant les émissions de flux, nous sommes toujours sur le fil et je tire vraiment mon chapeau à nos équipes du divertissement car elles parviennent à créer encore l'évènement malgré des normes sanitaires très strictes. Nous l'avons encore montré récemment avec "Les victoires de la musique" qui ont été tant un beau succès culturel pour la musique qu'une prouesse d'audience.

En matière de divertissements justement, ne manque-t-il pas encore à France Télévisions une grande franchise de flux comme "The Voice" ou Top Chef" ?
Nous continuons d'explorer. Nous faisons essentiellement des créations, ce qui nous distingue du reste du paysage. Nous n'avons pas non plus les moyens de surenchérir sur le marché des formats où nos concurrents sont très actifs. Ce dont je suis très fier, c'est que nous n'arrêtons pas de nous renouveler et de tenter.

Où en est le projet d'émission de Thierry Ardisson. Verra-t-il le jour ?
Oui, le pilote est en cours de développement et nous attendons de le voir. Il embarque une innovation technologique assez importante et cela prend donc un peu de temps.

Michel Drucker revient bien aux commandes de "Vivement dimanche" au printemps ?
Absolument il l'a annoncé lui-même et j'ai été très content lorsqu'il m'a appelé pour me le dire. C'était l'objectif secret que nous nous étions fixés à Noël et je suis ravi qu'il soit pleinement en forme pour le tenir. Je l'ai dit dès mon arrivée : Michel est un atout pour France Télévisions.

Ils ont dit
"Nous avons plusieurs projets de créations en théâtre pour France 2"
Stéphane Sitbon-Gomez

Votre récent doc "Nous paysans" a cartonné. Comment l'expliquez-vous ?
"Nous paysans" est un succès incroyable. C'est l'aboutissement d'un travail de deux ans et demi des équipes. Ce film parle d'une réalité sociologique insuffisamment mise en avant et qui a de l'écho chez beaucoup d'entre-nous, paysans ou pas.

D'autres docs de prime time du même type sont-ils prévus dans les semaines qui viennent ?
En matière de documentaires, nous avons fait ces dernières années un travail de mise en cohérence de nos grands rendez-vous. Je pense à France 5 avec les soirées du mardi, du jeudi et du dimanche, à France 2 avec "Infrarouge" le mardi en deuxième partie de soirée, mais aussi à France 3 avec les docs historiques du lundi soir. Nous avons vraiment désormais une palette de docs cohérente et bien identifiée par les téléspectateurs. Et pour répondre à votre question, oui, nous continuons de travailler sur de grands documentaires évènements pour France 2. Les documentaires sont un genre majeur du service public. Les équipes ne cessent de les renouveler avec de très beaux succès d'audience en linéaire comme en numérique.

Des docs alliant animation et Histoire, comme celui que vous aviez fait sur la construction de Notre-Dame de Paris, sont-ils dans les cartons ?
Absolument ! Nous en produisons un, particulièrement ambitieux, sur Jeanne D'Arc.

On a appris que Guillaume de Tonquédec allait incarner un personnage de "Time Square", une pièce de théâtre créée pour France 2. Vous confirmez ?
Oui, nous avons plusieurs projets de créations en théâtre pour France 2, notamment au printemps. Nous avons aussi réussi la transformation de la case du vendredi soir sur France 5 avec une offre très éclectique et un public au rendez-vous de notre proposition de spectacles vivants hebdomadaires.

Comptez-vous toujours proposer une autre émission de décoration, en remplacement de "La maison France 5", précédemment proposée dans cette case ?
Oui, nous y travaillons toujours mais je ne peux pas vous en dire plus pour l'instant.

"Vous avez la parole" est souvent en difficulté le jeudi soir. A l'approche de la présidentielle de 2022, réfléchissez-vous à une nouvelle émission politique de prime time pour France 2 ?
Cette question relève davantage de notre directeur de l'information, Laurent Guimier. Ce que je peux vous dire, c'est que France Télévisions, et notamment France 2, sera au rendez-vous de la présidentielle 2022. C'est dans l'ADN du service public d'exposer le débat démocratique.

Ils ont dit
"Nous sommes obligés de singulariser encore davantage notre offre de programmes"
Stéphane Sitbon-Gomez

A vous écouter, votre leitmotiv semble être d'accentuer la différence du service public dans tous les genres. Vous confirmez ?
Oui, absolument. Je pense que nous sommes obligés de nous singulariser encore davantage par rapport au reste du paysage, quitte à prendre des risques et à bousculer des habitudes. A la fin, c'est ce qui fait la force et la fierté de la télévision publique. Au cours des dernières années, les télévisions en général ont toutes eu tendance à se ressembler de plus en plus et à dupliquer ce qui semblait marcher chez leurs concurrents. A l'heure des plateformes et de l'hyper-choix, cette stratégie n'est plus possible. Nous sommes passés d'un village gaulois à une concurrence planétaire. Si nous ne faisons pas un saut de singularité et d'originalité, nous allons perdre notre pertinence.

Le paradoxe n'est-il pas de constater que dans ce monde de l'hyper-choix, les programmes télé qui marchent le mieux sont ceux qui sont le plus installés comme "Koh-Lanta", "Top Chef" ou "Fort Boyard" ?
C'est vrai. C'est d'ailleurs pour cela que si nous travaillons notre différence, nous ne sommes pas non plus tombés dans le chamboule-tout. Nous parlions tout à l'heure du succès actuel de nos fictions. Ce succès est le résultat d'un travail de dix ans d'Anne Holmes et ses équipes. La télévision reste un média d'habitude et de rendez-vous. En revanche, nous avons l'obligation de toujours nous poser des questions et de ne pas nous reposer sur nos lauriers.

Avec cette complexe obligation de parler aussi à des publics plus jeunes...
Oui. En la matière, je crois énormément à la complémentarité de nos offres linéaires et délinéaires, notamment pour les fictions. France.tv est en train de prendre une dimension énorme avec une croissance de 25% par an. Nous allons par exemple lancer sur Slash "Carrément craignos" de Jean-Pascal Zady ("Tout simplement noir", ndlr) et nous sommes très fiers de continuer l'aventure avec cet artiste majeur. Il nous faut imaginer des mariages, des allers et des retours entre les deux univers. C'est un enjeu prioritaire. Parler de et à la jeunesse est un des rôles de la télévision publique. On ne peut pas rater le coche d'une génération qui est en train de vivre un chamboulement majeur de sa vie du fait de cette crise sanitaire. Une rupture générationnelle est en train de se produire et le service public doit la prendre en compte.

Ils ont dit
"Je ne suis pas convaincu par les mariages qu'il y a entre la télé et certains youtubeurs"
Stéphane Sitbon-Gomez

Comptez-vous approfondir l'expérience Twitch entamée par Samuel Etienne et l'Information de France Télévisions ?
Je pense que Twitch est une révolution. C'est une nouvelle écriture et un nouveau dialogue avec le public. Nous devons être présents. On ne décrète cependant pas sa place sur les réseaux sociaux, même pour des marques installées comme la nôtre. Les réseaux sociaux rendent modestes les médias puissants comme les chaînes de télé. Nous devons convaincre.

En matière de nouveaux médias et de réseaux sociaux, faut-il être présent partout ou choisir ses terrains de jeu ?
Je pense qu'il faut choisir ses terrains de jeu et surtout les manières d'y être. L'idée de dire que nous sommes partout avec les mêmes contenus habituels est selon moi une erreur. Ce n'est pas adapté aux codes et à la réalité des réseaux sociaux. Chaque réseau social a sa propre grammaire. Je crois davantage à ce que nous faisons avec nos fictions numériques, comme "Skam" par exemple, où dès la conception du projet, nous nous demandons comment être en écho avec l'usage du réseau social.

Voudriez-vous jeter des ponts avec des youtubeurs comme TF1 le fait depuis quelques années via certains primes sur TMC ?
Pour l'instant, nous n'avons pas trouvé de projets qui ne nous semblent pas trop artificiels. Je ne suis pas convaincu pour l'instant par les mariages qu'il y a entre la télé et certains youtubeurs. Cela ne veut pas dire qu'il n'y en aura jamais.

Vous avez proposé un film tous les soirs durant le deuxième confinement. Est-ce que cette stratégie de programmation pourrait être pérennisée ?
Il faut maintenant s'inscrire dans la durée et préparer une exposition du cinéma tout aussi qualitative et pas seulement quantitative. Nous réfléchissons plutôt à un renforcement de nos rendez-vous installés de cinéma et à mieux les éditorialiser. Nous venons tout juste de commencer ce travail avec Manuel Alduy qui nous a rejoint. Il faudra que nous fassions une autre interview pour en parler !

Le ministre de la Justice, Eric Dupond-Moretti, a annoncé la semaine dernière sa volonté de diffuser prochainement et de manière régulière des procès sur France Télévisions. Est-ce selon vous une bonne idée ? A quoi ressemblera ce futur programme ?
Nous en sommes vraiment à une première approche, car nous attendons que le texte de loi soit discuté et adopté. Mais toutes les équipes de France Télévisions sont motivées et mobilisées pour cette nouvelle mission qui pourrait nous permettre de renforcer la citoyenneté et le lien avec la Justice. Il est encore trop tôt pour dire la forme que cela prendra mais nous travaillons déjà à l'imaginer. C'est un très beau défi pour la télévision publique.

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