"Alors que "Tout le monde en parle" faisait 32 % de part de marché, Patrick de Carolis a demandé à son collaborateur Bastien Millot de me virer comme une merde ! Canal m'a ramassé au fond du ruisseau. Et Rodolphe Belmer et Bertrand Meheut (les deux dirigeants de Canal+, ndlr) m'ont donné du travail. Avec eux, j'ai découvert la solidité d'un management", c'est ainsi que Thierry Ardisson se souvient, dans une longue interview au "Monde", de son arrivée sur la chaîne cryptée où il présente depuis neuf ans le talk-show "Salut les terriens !".
"Je souhaiterais qu'on déplace 'Groland'"
L'animateur en noir se réjouit d'avoir boosté les audiences de sa case depuis son arrivée. Il se montre sévère avec "Le Grand Journal", qui occupe sa case en semaine. "Au cours de la première saison, Antoine de Caunes n'a pas eu le temps de faire l'émission à sa main, et cette année, il aurait pu réaliser quelque chose de plus personnel et surprenant", déclare-t-il.
Thierry Ardisson aimerait désormais que son hebdomadaire, diffusée le samedi à 19h05 à 20h25, dure plus longtemps. "J'aimerais bien qu'elle soit plus longue, mais derrière, il y a "Groland". Je ne suis pas pour la mort du petit cheval, mais je souhaiterais qu'on déplace ce programme un autre jour. "Salut les terriens" y gagnerait. (...) J'ai proposé à Canal+ de faire cette demi-heure en plus pour le même prix", explique Thierry Ardisson qui estime que son émission a l'air actuellement "trop montée".
"Un concepteur d'émission"
L'animateur, qui se définit comme "un concepteur" d'émission, détaille ses projets télé : "Blind Test", un jeu musical quotidien pour W9 et "Le Casse", un jeu d'argent où un candidat sera en fait le complice de la production pour faire perdre les candidats. Mais Thierry Ardisson ne se fait peu d'illusion sur l'avenir de ces projets. "Aujourd'hui, les chaînes achètent des formats étrangers. Quand vous êtes créateur en France, vous vous demandez à quoi vous servez. C'est la punition pour nous. Le patron de Shine, Thierry Lachkar, m'a dit de ne pas me faire d'illusions. L'idée est superbe, mais comme c'est français et que ça n'a jamais existé ailleurs, aucune chaîne ne voudra l'acheter. C'est dingue ! Un homme de talent comme Jacques Antoine, qui a notamment créé "Fort Boyard", crèverait de faim aujourd'hui", lance-t-il. C'est pour cela qu'il mise plutôt sur des séries. Il développe plusieurs fictions avec M6 , dont "Peplum", série décalée avec Jonathan Lambert, qui sera diffusée prochainement.
Thierry Ardisson profite de la tribune pour égratiner certains programmes du service public. "Un soir à la tour Eiffel" d'Alessandra Sublet ? "Une sorte de 'Vivement dimanche'". "Face à la bande" de Jérémy Michalak ? "Pas très original". "Quand j'ai commencé la télé, il y avait encore des saltimbanques qui venaient du show-business et sentaient les choses. Aujourd'hui, il n'y a plus que des gens du marketing. Ils écoutent ce que leur disent les sondages, comme en politique. Leur idéologie, c'est l'audience", lance l'animateur.