
"Chaque année, en France, on commémore ce qui s'est passé à Oradour-sur-Glane, c'est-à-dire le massacre de tout un village. Mais on en a fait des centaines, nous, en Algérie. Est-ce qu'on en a conscience ?" Ce parallèle signé Jean-Michel Aphatie dans la matinale de RTL, le 25 février dernier, avait suscité plusieurs signalements auprès de l'Arcom. Le gendarme de l'audiovisuel avait confirmé l'ouverture d'une instruction pour déterminer si la radio avait commis un manquement à ses obligations. Mais la station du groupe M6 n'a pas attendu les conclusions de l'enquête pour mettre "en retrait de l'antenne" son éditorialiste politique. Celui-ci, "confronté à ce qu’il faut bien appeler une punition", a ensuite décidé de quitter définitivement son fidèle employeur.
Deux mois après son renoncement, l'Arcom a publié son avis concernant les propos tenus par le chroniqueur. Dans une décision datée du 19 mars, partagée sur son site ce vendredi 9 mai, l'institution mentionne que "nombre d’auditeurs ont estimé choquante" cette comparaison, "en ce qu’elle mettait sur un même plan des événements s’inscrivant dans des contextes historiques radicalement différents". Pour les sages, "les propos tenus ont, en outre, pu être perçus comme susceptibles de contribuer à une forme de relativisation du nazisme". L’autorité a ainsi appelé RTL "à une particulière vigilance lors de la diffusion de débats portant sur des sujets d’une telle sensibilité, tout particulièrement lorsqu’ils font intervenir des chroniqueurs réguliers".
Après une période de latence suite à cette controverse, RTL avait choisi l'option de remplacer son éditorialiste par l'ex-députée de la France Insoumise, Raquel Garrido, jusqu'à la fin de la saison. La conséquence de l'obstination de son prédécesseur, qui avait défendu sa position de ne plus revenir sur les ondes dans les colonnes du "Parisien". "Le malheur que l’on a répandu, il faut le reconnaître à un moment", expliquait-il au sujet de la présence française en Algérie entre 1830 et 1962. "Des gens ont souffert de tout ça. Et moi, si je retourne toucher mon petit cachet, je suis infidèle à ces gens-là et à cette souffrance". Dans un message précédent publié sur X, Jean-Michel Aphatie avait exprimé "regretter la situation qui s’est créée", nostalgique des "belles années professionnelles à RTL, une radio que j’aime". Mais une volte-face était impossible et contre-nature à ses convictions.