Elle n'est pas passée inaperçue. Jeudi dernier, "Le Point" a consacré sa Une au président turc Recep Tayyip Erdogan, en titrant : " Le dictateur. Jusqu'où ira Erdogan ?". Dans ce numéro, le journal a enquêté sur le chef de l'Etat évoquant "sa folie des grandeurs", "ses réseaux en France", "son offensive sur l'Algérie" et également "ses crimes". L'hebdomadaire a aussi listé les journalistes emprisonnés en Turquie pour avoir enquêté sur lui.
"En Turquie, ça n'existe plus"
Cette première page a provoqué la colère des sympathisants d'Erdogan en France. Vendredi, une vidéo a circulé sur les réseaux sociaux montrant une dizaine d'hommes exigeant qu'un kiosque ôte la Une du "Point", au Pontet, dans le Vaucluse. "Notre président, ce n'est pas un dictateur", a expliqué l'un des pro-Erdogan sur France 3. Un autre a ajouté : "On ne peut pas dire 'dictateur' à un monsieur comme ça. On ne peut que le remercier du travail qu'il fait". La mairie Front national a imposé le retour de l'affiche sur le kiosque, qui a été mise sous protection policière.
Interrogé par France 3, Etienne Gernelle, directeur du magazine "Le Point" a réagi à cet incident : "En Turquie, ça n'existe plus (la liberté de la presse, ndlr). Une centaine de journalistes sont en prison et les journaux ne peuvent plus écrire tout à fait ce qu'ils veulent". Dans le "HuffPost", Jean-Paul Abonnenc, directeur général de Médiakiosk, filiale de JCDecaux, a expliqué que les militants proches du pouvoir turc ont fait "pression sur la kiosquière pour lui demander de retirer l'affiche". "Un peu paniquée, elle a appelé un de nos agents. Compte tenu de la pression qui était exercée sur lui, il a décidé de retirer l'affiche", a-t-il précisé.
"Une semaine de harcèlement, d'insultes et d'injures antisémites"
Sur son site internet, "Le Point" raconte avoir "fait ces derniers jours l'objet d'une intense campagne de dénigrement dans les médias officiels turcs et de la part d'organisation politiques franco-turques". "Après une semaine de harcèlement, d'insultes, d'intimidation, d'injures antisémites et de menaces à notre attention sur les réseaux sociaux, voici venu le moment où les sympathisants de l'AKP s'attaquent aux symboles de la liberté d'expression et de la pluralité de la presse", a lancé le journal.