Après Karim Rissouli, c'est le journaliste Mohamed Bouhafsi qui est sorti du silence ce mardi 25 juin 2024 via son compte Instagram pour témoigner des messages racistes qu'il avait reçu depuis la victoire du Rassemblement National aux élections européennes du 9 juin.
Sur le réseau social, Mohamed Bouhafsi a relayé une capture d'écran qui met en lumière les virulentes attaques dont il est quotidiennement victime et qui s'accentuent au fil des jours. "On n'en veut plus des têtes d'arabes comme toi", " Les Maghrébins et Africains n'ont rien à faire ici en Europe (...), vous n'allez JAMAIS vous intégrer. Rentrez chez vous et laissez l'Europe tranquille", "Bientôt, c'est la fin de la France pour les bougnoules comme toi ! Le bateau et retour au bled pour les connards comme toi et les racailles", pouvait-on notamment lire.
"Pierre Lescure m'a conseillé de les diffuser"
Le lendemain ce mercredi, sur le plateau de "C à vous", le chroniqueur phare d'Anne-Elisabeth Lemoine a pris parole à l'antenne pour dénoncer la situation. "Ça fait une dizaine de jours que je doute de diffuser ces images. Je vous en ai montré certains Babeth. J'en ai montré à Lorrain, à Pierre Lescure qui m'a conseillé de les diffuser", a t-il expliqué face caméra.
Comme il l'a rapporté, de nombreux sympathisants d'extrême-droite le prennent dorénavant sans cesse à partie en le menaçant ou en l'insultant sur la Toile. Mais à son grand dam, certains d'entre eux n'hésitent plus à lui partager leurs idées frontalement.
"Quand j'entends dire que la parole ne se libre pas, a me touche car ce sont des messages depuis le 9 juin : 4 5 fois par jour. Et ce n'est pas que virtuel ! Je n'avais jamais vcu a. On se dit "pourquoi" ?"
— C vous (@cavousf5) June 26, 2024
Plusieurs journalistes ont t la cible d'injures racistes :... pic.twitter.com/LhkLjnv37t
"Vous n'êtes pas comme les autres bougnoules"
"J'ai eu la chance de couvrir pour 'C à vous' la présidentielle 2022. Je n'ai pas vécu ça. Sur le terrain il y a quelques jours, il y a un homme dans le Loiret qui est venu me voir en me disant 'mais vous Mohamed, vous n'êtes pas comme les autres bougnoules' et c'est ça depuis quelques jours qu'on peut voir", a expliqué Mohamed Bouhafsi sous le regard médusé de ses confrères qui lui ont d'ailleurs témoigné leur immense soutien.
Et de compléter non sans amertume : "Cette parole, elle n'existait pas en 2022. Je n'ai jamais vécu ça". Inquiet pour lui et sa famille, le principal intéressé ne souhaite plus être "essentialisé en fonction" de son prénom ou de sa "prétendue origine ou prétendue religion".
"Je suis un Français, journaliste, citoyen, c'est tout"
"Si on me disait 'Mohamed, vos sujets sont nuls', ça ne me dérangerait pas", a martelé Mohamed Bouhafsi. "Qu'on n'accepte pas mes propos, mes sujets peut-être, mais qu'on arrête de me ramener à ce côté rebeu, musulman, arabe. Je suis un Français, journaliste, citoyen, c'est tout et rien d'autre".
Un cri du coeur qui n'a laissé personne de marbre autour de la table du célèbre talk-show de la cinq. "C'est bouleversant de se dire qu'on se bat tous les jours pour fédérer les gens, et de se manger ça au quotidien. On n'est pas fait pour ça et on ne se lève pas le matin pour ça", a conclu celui officie à ce jour sur RTL et France Télévisions.