Pas de sanction. Dans une décision publiée hier, prise en assemblée plénière le 19 mai dernier, le Conseil supérieur de l'audiovisuel n'a pas relevé de manquement concernant une séquence de LCI qui avait fait polémique. Invité de "24h Pujadas" le 11 janvier, Alain Finkielkraut avait tenu des propos sur l'inceste, en plein coeur de l'affaire Olivier Duhamel, qui avaient conduit à son éviction de la chaîne en tant que chroniqueur.
"Il faut savoir s'il y a eu consentement ou non"
Pour rappel, après avoir qualifié de "très graves", d'"inexcusables" et de "crime abominable" les faits reprochés à Olivier Duhamel, Alain Finkielkraut avait ensuite dénoncé "l'époque" de la "société victimaire". Il avait rappelé que la Justice était fondée sur le principe du contradictoire et la "recherche du cas dans sa singularité". L'Académicien avait également pointé du doigt "des plateaux de télévision" devenus selon lui "des tribunaux avec une surenchère dans la condamnation". "Y a-t-il eu consentement ? À quel âge ça a commencé ? Y a-t-il eu ou non une forme de réciprocité ? On vous tombe immédiatement dessus", avait interrogé Alain Finkielkraut.
"Parce qu'on parle d'un enfant de 14 ans !", avait tenu à préciser David Pujadas. "Et alors? On parle d'un adolescent... Ce n'est pas la même chose !", avait corrigé le philosophe. Et d'insister : "Ce n'est pas la même chose. Même pour spécifier le crime, il faut savoir s'il y a eu consentement ou non". Avant de regretter : "À chaque fois que vous voulez faire une distinction, ça apparaît comme une absolution. À chaque fois que vous recherchez la spécificité, on vous accuse à peu près de complicité de crime".
"LCI me bâillonne"
Reprises sur les réseaux sociaux, la séquence avait alors choqué les internautes. De son côté, LCI avait pris la décision d'évincer le philosophe de l'émission dans laquelle il était chroniqueur tous les lundis. "C'est une éviction d'une incroyable goujaterie. LCI me bâillonne. Je suis sous le choc. On ne vire pas les gens pour ça", s'était-il énervé dans les colonnes du "Parisien" quelques jours plus tard. Et de poursuivre : "Comme si j'avais commis un délit irrémédiable. Mais qu'on écoute mes propos dans leur intégralité ! Et si on les trouve toujours ambigus, qu'on me demande de m'expliquer à l'antenne".
Plusieurs mois plus tard, saisi à ce sujet, le CSA a "noté le caractère ambigu de certains de ces propos" mais "a relevé que leur auteur avait explicitement condamné les faits d'inceste sur mineurs de moins de 15 ans". "Dans ces conditions, il n'a pas relevé de manquement à l'obligation de maîtrise de l'antenne, ni à l'obligation de ne pas inciter à des pratiques ou comportements dangereux, délinquants ou inciviques. Il n'est donc pas intervenu auprès de la chaîne", a indiqué le Conseil supérieur de l'audiovisuel, qui a "pris acte de la décision des responsables de la chaîne d'arrêter les chroniques de l'intéressé à la suite des propos qu'il avait tenus".
Barbara Lefebvre avait conseillé aux gens souhaitant l'euthanasie de "sauter d'un pont"
Par ailleurs, le gendarme de l'audiovisuel s'est également penché sur une séquence de "24h Pujadas" sur LCI datant du 6 avril dans laquelle l'éditorialiste Barbara Lefebvre avait conseillé aux personnes souhaitant l'euthanasie de "sauter d'un pont". Le Conseil supérieur de l'audiovisuel a "constaté que les propos en cause avaient été tenus dans le cadre d'un échange contradictoire" et a "relevé que si ces propos avaient été manifestement excessifs", "ils n'avaient pas incité à commettre des actes dangereux". De plus, il a "estimé que ces propos ne portaient pas atteinte à la dignité des personnes atteintes de maladies incurables". "Dans ces conditions, aucun manquement de la chaîne à ses obligations n'a été relevé", a déclaré le CSA.