Interview
Anne Marcassus et Mathieu Vergne : "Se lancer dans la fiction marque un nouveau départ pour DMLSTV"
Publié le 3 juillet 2025 à 14:21
Par Benjamin Rabier | Rédacteur en chef
Addict aux audiences, Benjamin Rabier a choppé le virus de la télévision grâce à la « Star Academy ». Intrigué par l’envers du décor, il a décidé d’en faire son métier. 20 ans plus tard, s’il ne rate (presque) jamais un prime de « The Voice », il peut vibrer devant une compétition sportive, se passionner pour un documentaire ou dévorer une série en un week-end.
Associés au sein de la société DMLS depuis 7 ans, Anne Marcassus et Mathieu Vergne dévoilent pour Puremédias leurs ambitions renouvelées pour la saison 2025/2026.
Anne Marcassus et Mathieu Vergne Anne Marcassus et Mathieu Vergne© best images - Cécile Angeli
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"Mathieu vit jour et nuit avec la 'Star Academy", moi avec Les Enfoirés", lâche dans un sourire Anne Marcassus lorsqu'on lui demande de résumer en quelques mots l'activité de DMLSTV. Depuis sept ans, la papesse des variétés en France s'est associée à Mathieu Vergne, ex-directeur des jeux, variétés et divertissements de TF1. Après avoir lancé "La chanson secrète", "Le plus grand karaoké de France" ou encore "Voix de stars", le duo de producteurs veut se réinventer. 

Vingt ans après sa création, la société de production spécialisée dans les grandes soirées de variétés va donc se renouveler l'année prochaine en investissant des genres inédits pour elle : la fiction et le jeu. Une série avec Isabelle Nanty pour TF1, un jeu présenté par Olivier Minne sur M6, un documentaire événement avec Céline Dion sur les 30 ans de l'album "D'eux", etc... Pour Puremédias, les deux producteurs dévoilent leurs ambitions renouvelées pour la saison 2025/2026 et leurs gros coups à venir. Interview.

Propos recueillis par Benjamin Rabier

Puremédias : Quel bilan tirez-vous de la saison 2024/2025 de DMLS ? 
Anne Marcassus : Ça a été une saison de développement pour DMLSTV, une année plus calme que celle qui arrive. On démarre déjà la rentrée prochaine avec un bon carnet de commandes.
Matthieu Vergne : C’était une saison de transition pour nous. On a développé pas mal de choses qui vont aboutir cette année. À commencer par le tournage pour TF1 de la série "Marie-Line, incognito" avec Isabelle Nanty. Ce projet, c'est deux ans de travail et surtout, c’est un nouveau départ pour DMLSTV. C’est la première série que l’on produit intégralement. On veut dorénavant que notre société de production s’appuie sur la fiction et le flux. C’est vraiment important pour nous de ne plus s’appuyer que sur le flux. 

Pourquoi ? 
Matthieu Vergne : Pour la pérennité d'une petite structure comme la nôtre. Ne miser que sur les flux dont les commandes sont devenues variables selon les saisons, c'est compliqué. Aujourd'hui, notre objectif est de trouver une stabilité grâce à la récurrence de la fiction tout en conservant l'ADN de DMLSTV, c'est-à-dire les grandes soirées événementielles et les artistes. Cette année, on a vraiment souhaité développer d’autres choses, des rendez-vous qui pourraient revenir régulièrement dans les grilles des chaînes. Ça passe par de la fiction, la "Star Academy" que l’on fait avec Endemol et par "Quel est l'âge de votre cerveau ?", un nouveau jeu qu'Olivier Minne va présenter sur M6. 
Anne Marcassus : C’était le problème de DMLS depuis quelques années : on vivait beaucoup sur des spéciales. Aujourd’hui, on préfère installer des choses plus récurrentes, tout en maintenant notre rythme de spéciales car on ne veut pas louper des gros coups. C’est pour cela par exemple qu’on a produit un documentaire événement avec Céline Dion pour M6 où elle reviendra sur les 30 ans de la création de l'album, "D'eux" et que Jean-Jacques Goldman nous a a accordé une heure de son temps pour un grand documentaire sur les 40 ans des Enfoirés.
On veut également revenir sur le terrain des captations de spectacle qu'on avait délaissé ces dernières années. 

On travaille sur des spéciales de 'Fear Factor'
Mathieu Vergne

Toutes les autres boîtes de production courent après les heures d’antenne. On a l'impression que DMLS non. Vrai ou faux ? 
Anne Marcassus : On a beau être dans un grand groupe (DMLS TV a rejoint le groupe Banijay France en 2021, ndlr), on reste une petite équipe avec une dizaine de salariés. On n’a pas de catalogues de marques comme peuvent avoir Endemol France ou ITV Studios par exemple. Les marques, on les crée. On ne peut pas piocher comme les autres dans un catalogue de droits internationaux.
Matthieu Vergne : Sous l'impulsion d'Alexia-Laroche Joubert, les choses changent. Désormais chez Banijay, les programmes ne sont plus exclusivement réservés à une filiale. Elle a créé un système d'allocation des marques qui permet de faire tourner leurs droits d'exploitation. Ça crée une concurrence saine entre les différentes filiales du groupe. C'est un avantage pour nous car ça pourrait nous aider à chopper des cases de quotidiennes ou d’hebdo grâce à l'arrivée dans notre portefeuille de marques connues de tous. Par exemple, chez DMLS, on travaille en ce moment sur des spéciales de "Fear Factor". On a l’allocation des droits d'exploitation du format pendant un temps donné. À nous de réussir à trouver un diffuseur pour nous suivre. 

On entend beaucoup que c'est plus difficile qu'avant de vendre des programmes aux chaînes. Qu'en dites-vous ?
Anne Marcassus : Aujourd’hui, les cases sont très vite prises par des marques récurrentes. Sur TF1 par exemple entre "Koh-Lanta" le mardi, "The Voice" le samedi et "Danse avec les stars"/"Mask Singer" le vendredi, il n'y a plus trop de cases de flux de libre. Ajoutez à cela les événements sportifs, les Miss France, les Enfoirés… Il faut vraiment se faufiler au milieu des grilles et que l'événement soit suffisamment fort pour que TF1 accepte de décaler exceptionnellement "Danse avec les stars" le jeudi. 
Mathieu Vergne : La grosse difficulté de DMLSTV, c'est que notre société de production était la référence sur les grandes émissions de variétés pendant 15 ans. Aujourd'hui, ce genre de programme est moins à la mode c'est pour ça qu'on doit forcément bouger pour installer des formats récurrents. Mais pour répondre à votre question, je pense qu'aujourd'hui on ne peut pas dire que les chaînes ne prennent pas de nouveautés. Il y a quand même des prises de risque. Il y a 10-15 ans, il n'y avait quasiment pas d'accès aux nouvelles marques. Ces dernières saisons, beaucoup de nouvelles idées ont émergé. Sur TF1 par exemple, Arthur arrive à amener pas mal de nouveautés. Depuis qu'on travaille ensemble avec Anne, on a quasiment placé une nouveauté par an, que ce soit "La chanson secrète", "Duos mystères" sur TF1, "Le plus grand karaoké de France" sur M6 ou "Voix de stars" sur France 3. Ce qui est vrai aujourd'hui c’est que les nouveautés sont diffusées sur des cases beaucoup plus ponctuelles et donc qu'elles ont moins le temps de s'installer. Il faut réussir tout de suite. 

Pour perdurer, DMLS se lance donc dans la fiction. Comment devient-on expert d'un domaine qu'on ne connaît pas ?
Mathieu Vergne : C'est un domaine nouveau pour nous, où l'on doit faire nos preuves. Mais on est persuadés qu'avec les bonnes personnes on va réussir. Quand on s'est associé avec Anne en 2018, on a très vite su qu'on allait investir la fiction. On a engagé quelqu'un pour s'occuper du développement mais pour pleins de raisons, ça n'a pas été fructueux. Il y a trois ans on a embauché Adriana Teofanova,  qui venait d'une boîte de production spécialisée dans la fiction et qui avait déjà un joli parcours derrière elle. Et il se trouve que ça se passe super bien. Elle est hyper efficace. Je suis très modeste par rapport à la façon de faire. Je laisse Adriana en première ligne, parce qu’elle sait faire. L'ADN de DMLS c'est les variétés donc les artistes. Avec Anne, on s'est dit qu'il fallait qu'on développe notre savoir-faire, ce qu'on pouvait amener aux artistes et ce qu'ils pouvaient nous apporter. La fiction nous semblait le meilleur moyen pour ça.

Pour votre première série, vous vous offrez les talents d'Isabelle Nanty. C'est grâce à vos relations aux Enfoirés qu'elle a accepté votre proposition, Anne ? 
Anne Marcassus : Franchement, non. Certes Les Enfoirés me donnent un contact privilégié avec les artistes, mais je fais ça depuis tellement longtemps que ça ne me donne pas plus de contact que ça. Aujourd'hui il y a un tas de gens qui ne font pas Les Enfoirés et avec qui on travaille. Le projet de cette série est un peu original car il est né de l'envie de travailler avec Isabelle Nanty. La série s'est construite autour d'elle alors que la plupart du temps, ça se fait dans l'autre sens : il y a un sujet et on va chercher les comédiens après.

Avez-vous d'autres projets de développement en cours ? 
Mathieu Vergne : On a une autre série en développement avancés avec des acteurs déjà attachés au projet mais rien n'est signé donc je ne peux pas vous en dire plus. Ensuite, on travaille pour France Télévisions sur des adaptations de best-seller. 

Votre autre gros projet de la saison 2025/2026, c'est "Quel âge à  votre cerveau ?" un nouveau jeu inédit qu'Olivier Minne présentera sur M6. Pourquoi se lancer dans le jeu ?
Mathieu Vergne : Le jeu est un genre à la mode. Les chaînes s'aperçoivent que c'est super fédérateur, que ça rassemble toute la famille et qu’en plus ce n'est pas très cher à produire. Quand on fabrique des shows de variétés dans les arènes de Nîmes, c’est très cher à produire. Dans une économie où les chaînes ont besoin de payer moins cher leurs programmes, le jeu, c'est parfait. 

Quand vous avez vendu ce jeu à M6, Olivier Minne avait-il déjà officialisé son départ du service public ? 
Mathieu Vergne : Non, mais je pense que quand M6 a validé le jeu, en parallèle, ils avaient déjà des discussions avec lui. On est très content de ce mercato car Olivier Minne est un très bon professionnel du genre. Et quand tu lances un nouveau jeu, c'est rassurant de savoir qu'il va être animé par une personnalité qui sait faire. 

Dans le concept de ce jeu, on pense forcément au hit de France 2 "100% logique" avec Cyril Féraud, est-ce voulu ?
Anne Marcassus : Forcément, "100% logique", c'est l'un des plus beaux succès télé de ces dernières années. Quand il y a un succès comme celui-là dans nos métiers, forcément on s'en inspire tous pour trouver un format dans la même veine qui va réussir à reproduire cette belle recette qui marche. 
Mathieu Vergne : C’est le graal dans nos métiers d’arriver à développer le succès qui va créer une tendance. On rêve tous de cela. Quand tu lances des programmes, tu essaies d’en créer un qui sera un jour copié ou repris par d’autres. Je crois que notre jeu se distingue par sa simplicité. Les gens peuvent venir à n'importe quel moment de la soirée et prendre le train en marche. Même si les questions sont assez proches de jeux qu'on a vu récemment comme "Le dernier cercle" ou "100% logique", on mise beaucoup sur l'observation et l'écoute. On a joué sur tous les sens. 

L'un des événements de votre saison à venir, ce sera ce prime avec Céline Dion. Comment avez-vous fait pour la convaincre de revenir sur la genèse de l'album "D'eux" ?
Anne Marcassus : La persévérance. 

Ça a été combien de mois de négociations ?
Anne Marcassus : Ce qui nous a aidé je pense, c'est qu'il y a 30 ans, j'ai assisté à la première rencontre entre Jean-Jacques Goldman et Céline Dion. Quand j'ai vu que c'était les 30 ans de cet album, qui est l'album francophone le plus vendu dans le monde, j’ai voulu raconter cette histoire. Mais il fallait que ce soit Céline qui la raconte. Ça a été de longues périodes de négociation et sans Valérie Michelin, qui est le relais en France de tout ce que fait Céline Dion, nous n’aurions pas réussi. L'interview a été enregistrée il y a quelques semaines, Céline Dion nous a accordé 1 heure. Elle était en forme, on a retrouvé la Céline que l'on connaît tous. Elle chante même un peu a cappella dedans. Ça fait plaisir de la revoir ainsi. Elle se livre comme rarement, je l'ai trouvé bouleversante. À la fin du documentaire, j’en avais des frissons. 
Mathieu Vergne : Ce qui est génial, c'est que c'est Céline Dion qui raconte au présent. Le documentaire est super. Il y aussi des images d'archives de l'époque, de Jean-Jacques Goldman et de René Angelil. Tout cela mêlé avec plein d'autres d’interviews tournées récemment de Michel Drucker, Nagui, ou les gens qui ont participé, les réalisateurs, etc. D'ailleurs, M6 va en faire une soirée événement car ils ont acheté les droits de diffusion du documentaire de Prime Video qu'ils programmeront en deuxième partie de soirée, juste après le notre. 

Le 15 juillet prochain, TF1 diffusera la 2e édition de votre festival avec Kev Adams "L'humour à la plage". Quel bilan avez-vous tiré de la première édition ?
Anne Marcassus : Je dois le dire, Kev Adams a été une rencontre pour moi. Je ne savais pas que ce garçon était aussi sérieux, professionnel et travailleur. Il ne laisse rien au hasard. C’est un perfectionniste, un très grand professionnel.
Mathieu Vergne : Ce projet, c'est l'école du lâcher prise pour nous car on est en co-production avec sa boîte de production à lui. Avec Anne, on a l'habitude de suivre nos programmes de A à Z, et là, on a compris l'année dernière, qu’il est non seulement capable de le faire et qu’il le fera beaucoup mieux que nous. Il contrôle tout, de la lumière, aux décors, au son. Donc c'est vrai qu'on le laisse gérer l'essentiel. On a des équipes qui travaillent avec lui pour l'aider, pour ce qui est production et organisation car ça reste un festival mais c'est vrai que sur l'artistique, il a beaucoup la main. 

Qu'est-ce que vous allez améliorer pour cette saison 2 ?
Mathieu Vergne : Il y a une montée en gamme de la programmation. Le succès attire le succès. L’année dernière, dans l’émission, on avait peut-être trop mis en avant les gros talents en début d'émission pour finir avec les talents en devenir. Là, on va équilibrer et raccourcir un peu le show. Kev Adams a encore plus travaillé sur les transitions. Le spectacle raconte encore plus une histoire que l'année dernière. Il y a plus de happenings. Certains chanteurs vont même venir s'intégrer dans des sketchs et feront une performance.

Est-ce que cette histoire avec TF1 est déjà signée sur plusieurs saisons ?
Mathieu Vergne : On aimerait bien que ce soit plus pérenne mais pour l’instant on fait une édition après l’autre. Après, on sait avec l'exemple du "Marrakech du rire" qu’il faut du temps pour qu'un festival s'installe. Il faut donner aux gens un rendez-vous et ça prend plusieurs années. On est dans une histoire longue avec TF1, on sent quand même qu'ils ont très envie que ça fonctionne. Ils adorent Kev et ils ont plein de choses avec lui. Je pense que la diffusion le 15 juillet plutôt que fin août, plus proche de la date de la captation, va nous aider à mieux installer ce format comme un vrai rendez-vous de l'été. 

Dans vos événements de la rentrée, il y a évidemment le retour de la "Star Academy". Quel est votre rôle concrètement dans cette association avec Endemol France ?
Mathieu Vergne :  À la base, l’idée est venue de TF1 et d’Endemol de nous confier la direction éditoriale de l'émission. Il se trouve que j'étais un peu le seul dans le groupe Banijay, à connaître la 'Star Academy', pour y avoir travaillé il y a vingt ans. Tout ça a fait qu'on a travaillé avec Endemol sur les primes et sur les quotidiennes. Et voilà, ça s'est bien passé et on a continué ce partenariat au fil des années. On travaille main dans la main avec Endemol.  

On a parlé de TF1 et M6. Qu'avez-vous dans vos cartons pour France Télévisions ?
Anne Marcassus : On a des spéciales en cours avec eux mais on ne peut rien vous dire pour l'instant. On a aussi des idées pour la jeunesse pour France 4 puisque France Télévisions va produire plus de programmes maintenant qu’ils ont récupéré le canal 4. On a des propositions à leur faire.

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