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Anthony Meunier : "'Mask Singer' est l'émission la plus chère que nous ayons eu à produire"
Publié le 8 novembre 2019 à 10:02
Par Kevin Boucher
Le producteur de "Mask Singer" a accepté de répondre à nos questions.
Anthony Meunier en interview sur puremedias.com Anthony Meunier en interview sur puremedias.com© Christophe Chevalin / TF1
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Plus que quelques heures avant de découvrir un lion, un paon ou encore un cupcake chanter sur TF1. Ce soir, à 21h05, la Une donne le coup d'envoi de "Mask Singer", son format événement animé par Camille Combal et produit par Hervé Hubert Productions. 12 célébrités vont ainsi s'affronter cachées sous d'immenses costumes, en évitant d'être reconnues par le public et par le quatuor d'enquêteurs composé d'Anggun, Kev Adams, Jarry et Alessandra Sublet. A cette occasion, puremedias.com s'est entretenu avec Anthony Meunier, directeur général de Hervé Hubert Productions.

Propos recueillis par Kevin Boucher.

puremedias.com : "Mask Singer" est un format qui a une longue histoire puisque vous en avez fait l'acquisition il y a trois ans.
Anthony Meunier : C'est exactement ça. C'est un format dont on a pris les droits il y a un peu plus de 3 ans, qui est originaire de Corée et qui est probablement le programme le plus novateur en termes de divertissement depuis dix ans.

Pourquoi y a-t-il eu trois ans entre l'acquisition et la diffusion ?
Nous l'avons acquis au tout début, quand le format n'était pas exactement ce qu'il est aujourd'hui. En Corée, les célébrités portaient simplement des masques et pas des costumes entiers. C'est un an et demi plus tard, quand la Thaïlande en a fait un gros show de prime time avec des costumes incroyables, que le format a pris de l'ampleur et est devenu un très beau spectacle. Après, c'est toujours très long de se préparer, de convaincre les chaînes... Et ensuite il faut préparer l'émission. Nous avons mis presque dix mois pour cette saison 1.

"C'est une émission coûteuse à produire puisqu'il y a excessivement de travail" Anthony Meunier

La rumeur veut que les chaînes se soient réveillées au lendemain de la diffusion du premier numéro de la version américaine.
Toutes les chaînes étaient intéressées. Mais c'est un format tellement nouveau, tellement différent visuellement et très loin des codes des talent shows habituels où les gens veulent sortir un disque derrière, à la fois entre jeu et divertissement... Il s'est donc d'abord vendu dans les pays asiatiques. Et on a pu se demander si le public occidental allait réagir de la même façon. Mais quand on a vu la version américaine, on s'est dit que c'était tout à fait faisable avec nos codes. Nous espérons maintenant que les téléspectateurs y seront réceptifs.

Est-ce que "Mask Singer" n'est pas le plus gros coup de chance de Hervé Hubert Productions ces dernières années ?
Je ne pense pas que ce soit un coup de chance. Hervé Hubert a beaucoup de flair. Historiquement, nous avons une expertise de jeu et il a tout de suite vu qu'il y avait derrière ce format l'histoire de la boîte de Pandore, où on vous dit que vous ne pouvez pas savoir qui est derrière le masque alors que vous avez l'impression de la connaître. Le jeu est très bien construit avec les magnétos indices, les enquêteurs et de la bonne humeur, comme ce que nous savons faire depuis toujours. Donc je ne parlerais pas de coup de chance mais de coup de flair. (Sourire)

Vous n'avez pas produit pour TF1 depuis l'arrêt du "Juste Prix" en 2015. Pourquoi cette chaîne plutôt que France 2 ou M6 ?
Ce sont les lois du marché. Ils ont été les premiers avec qui nous avons trouvé un accord. Et il y a dans ce format un besoin d'investissement très lourd, donc TF1 est la chaîne parfaite pour s'adresser à toute la famille et faire ce programme avec les moyens qu'il nécessite.

On évoque justement un coût très important par émission, entre 750.000 et un million d'euros. Est-ce l'émission la plus chère jamais produite par Hervé Hubert Productions ?
Nous n'avons pas fait de prime time sur TF1 depuis longtemps donc oui, c'est l'émission la plus chère que nous ayons faite. En revanche, nous ne communiquons pas sur le prix. Mais c'est une émission coûteuse à produire puisqu'il y a excessivement de travail, deux ateliers - environ 40 personnes - qui ont préparé les costumes pendant six mois avec à chaque fois des centaines d'heures de travail et qui avaient travaillé avec les plus grands. Il y a également toutes les mesures de sécurité qui ont un coût, au-delà des dépenses habituelles pour un gros divertissement.

"En direct, vous ne pouvez pas être à la fois sur chaque enquêteur et sur le personnage en même temps" Anthony Meunier

L'émission a été enregistrée à la rentrée. Pourquoi ne pas avoir privilégié le direct, comme l'Allemagne ?
Les Allemands l'ont fait dans une version un peu différente puisque, le réalisateur n'ayant que deux mains, il lui est compliqué d'être au bon moment sur l'enquêteur qui a la bonne remarque pendant la prestation. Pour cette raison-là, enregistrer cette saison 1 était la meilleure solution pour produire l'émission avec tous les codes qu'elle nécessite, notamment la porte d'entrée que représente chaque enquêteur avec ses pronostics. En direct, vous ne pouvez pas être à la fois sur chaque enquêteur et sur le personnage en même temps.

Le direct est-il envisageable en saison 2 ?
On va déjà faire cette première saison, puis on verra. (Rires) Mais tout est possible. Les Allemands l'ont fait, donc pourquoi pas.

"Mask Singer" repose sur un côté très événementiel. L'événement, il n'y a plus que ça pour attirer le public - en particulier jeune ?
Je pense que "Mask Singer" est un bon moyen de réunir tout le monde à un instant T plutôt qu'en replay. Et il appelle à l'écoute conjointe, puisqu'il appelle au débat. J'étais étonné parce que dans le public, les téléspectateurs parlaient et jouaient pendant les prestations. Et il y a un côté où, comme dans une rencontre sportive, on ne veut pas être spoilé en attendant le lendemain.

Le fait que les internautes puissent découvrir l'intégralité du casting dès les premiers primes, est-ce une crainte pour vous ?
En fait, l'intérêt de cette émission est que nous ne sommes jamais certains. Les enquêteurs ont parfois été unanimes sur des noms et se sont complètement trompés. A chaque émission, on en apprend plus sur les personnages et cela peut tout changer, idem d'une prestation à l'autre. Nous ne pouvons avoir la certitude que le dernier jour, lorsque le masque tombe.

En parlant du casting, n'avez-vous pas fait face à quelques réticences de célébrités quand vous leur avez proposé de venir chanter déguisées en abeille, en paon ou en lion ?
Il y avait d'abord l'envie de voir, parce que le concept intrigue un peu. Mais le propos principal était de leur dire qu'ils pouvaient tout choisir : le costume, les chansons, le temps de travail... Certains l'ont fait pour surprendre leurs enfants, d'autres car chanter est important dans leur vie sans en avoir fait leur métier... Alors oui, certains ne se sentaient pas de le faire mais nous n'avons pas insisté plus que cela parce qu'il fallait surtout avoir envie de s'amuser sur scène et de faire le show.

"Je ne pense pas qu'il faille étirer davantage l'émission" Anthony Meunier

Quels étaient vos critères pour le casting ?
Il fallait qu'il parle à toute la famille, ce qui est vraiment le cas. Vous serez très, très surpris des candidats. Mais ils ont tous un taux de notoriété important, auprès de tous les publics. Quand ils enlèvent leur masque, il faut qu'on sache instantanément qui ils sont et que l'on soit surpris.

Les célébrités avaient-elles des consignes sur la confidentialité ?
Chacune avait l'autorisation de mettre une seule personne de son entourage dans la confidence. Ensuite, tout ce qui s'est passé dans les mois précédant l'enregistrement s'est déroulé de manière ultra-confidentielle. A chaque fois, il y avait un dispositif mis en place avec des voitures qui venaient les chercher dans un lieu neutre, où chauffeur, agent de sécurité et nounou étaient masqués pendant que la célébrité enfilait un sweat, une cagoule et une visière avant de prendre la route, le tout sans parler. Toutes les précautions ont été prises pour que le secret soit gardé. Et je pense que ça a été une aventure très chouette et unique à vivre pour eux.

Avez-vous un objectif d'audience ?
On ne m'en a pas communiqué mais nous espérons évidemment réunir le plus grand monde possible.

6 soirées sont prévues. Auriez-vous pu en faire plus ?
Tout est possible. Mais je trouve ça chouette, les programmes qui ont une issue assez rapide. Surtout que tout évolue beaucoup d'émission en émission, au fil de l'enquête, avec l'envie que ça se termine. Je ne pense pas qu'il faille étirer davantage. Avec nos 12 célébrités, nous avons trouvé une bonne formule.

"Nous ne pourrions plus faire 'Le Bigdil'' aujourd'hui" Anthony Meunier

Nous parlions du côté événementiel. Certains programmes s'essoufflent beaucoup, y compris chez vous avec "Les Reines du Shopping" sur M6.
La concurrence s'est surtout bien accrue. Nous restons très puissants sur les ménagères. Nous pensons à la suite avec un renouvellement en permanence mais il n'y a aucune inquiétude à avoir.

Vous avez également produit "Le Bigdil'". Vincent Lagaf' répète à qui veut l'entendre qu'il aimerait le relancer. C'est aussi votre cas ?
C'est un jeu que nous ne pourrions plus faire aujourd'hui car les moyens ne sont plus là. Le marché a vraiment changé. "Le Bigdil'" a commencé en 1998 et les économies des chaînes ont considérablement évolué. "Le Bigdil'" était incroyablement coûteux, avec plus d'une centaine d'épreuves. Et c'est une émission qui nécessite inévitablement cela.

Le jeu est devenu le parent pauvre de la télévision. Est-ce un genre mort pour vous ou est-il tout simplement en pause ?
Je pense qu'il y a des cycles. Nous sommes dans une période creuse mais les jeux vont revenir. Et aujourd'hui les émissions de compétition qui ne sont pas en plateau sont une nouvelle manière de faire du jeu.

Il y a tout de même moins de formats qui existent.
C'est certain, mais c'est le cas dans tous les domaines, pas que dans le jeu. "Mask Singer" est un peu une exception.

Vous pourriez faire de la fiction ?
C'est un secteur sur lequel on travaille. L'an dernier, nous avons ouvert Cover Films, créée par Guillaume Maurice, sur le reportage et le documentaire.

"Mask Singer" est adapté d'un format coréen. Or, les formats asiatiques étaient jusqu'ici peu regardés par les productions occidentales. Avez-vous déjà déniché d'autres pépites ?
Ce sont des territoires très créatifs depuis quelques années. Nous regardons avec attention, comme nous le faisons depuis quelques années.

Un format asiatique est moins contraignant à adapter qu'un gros format américain ?
Ce qui est moins contraignant, c'est que c'est un marché neuf, avec moins de contraintes. Dans dix ans, je pense que leurs exigences seront différentes. Et il est vrai qu'une bible bride un peu la créativité. Donc c'est très agréable de travailler avec MBC sur un format comme celui-là où ils sont très créatifs.

Ils ne vous ont rien imposé ?
Non, au contraire. Ils nous ont dit de nous approprier le format.

Avez-vous d'autres projets avec TF1 ?
Nous venons de tourner un nouveau jeu intitulé "Maisons de rêve", attendu cette saison, sur un format que j'ai créé personnellement et qui est en train de voyager à l'international. Trois couples vont passer une journée dans des maisons de rêve à travers la France avec pour but de deviner son prix, avec de l'argent à la clé et une grosse cagnotte qui démarre à 50.000 euros.

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