Bruno Gaston (Maximal) : "'C dans l'air' est une émission qui produit de la nuance"

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Bruno Gaston (Maximal) : "'C dans l'air' est une émission qui produit de la nuance"
Par Benjamin Meffre Journaliste
Passionné par les médias, l’économie et la politique, Benjamin est rédacteur en chef de puremedias.com dont il a intégré la rédaction en 2013.
Bruno Gaston
Bruno Gaston © @Christine Ledroit-Perrin
A l'occasion de la diffusion d'un nouveau prime de "C dans l'air" ce soir, puremedias.com fait le bilan de la saison du magazine avec son producteur.

"C dans l'air" de retour en version prime time. Ce soir, le magazine d'information de France 5 reviendra avec un format documentaire dédié aux leçons à tirer de la crise du coronavirus. La soirée se poursuivra ensuite avec une discussion en plateau animée par Caroline Roux. La diffusion de cette nouvelle soirée "C dans l'air" viendra clore une belle saison du côté des audiences pour le magazine de la Cinq. Du lundi au vendredi, la quotidienne de la chaîne publique a ainsi affiché une moyenne de 1,5 million de téléspectateurs, soit 12.3% de l'ensemble du public. puremedias.com fait le bilan de cette saison avec Bruno Gaston, le patron de Maximal Productions, la société fabriquant "C dans l'air" au quotidien.

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Propos recueillis par Benjamin Meffre.

Pourquoi avoir décidé de proposer un nouveau prime de "C dans l'air" ?
Bruno Gaston : Dans la version quotidienne du magazine, nous abordons parfois à de nombreuses reprises un même sujet au coeur de l'actualité. J'avais par exemple compté que nous avions traité plus d'une trentaine de fois le Brexit dans "C dans l'air". Il nous a semblé utile, à Caroline (Roux, ndlr) comme à moi, de décliner quelques fois par an "C dans l'air" en prime time afin de prendre un peu de recul sur un sujet que nous avons beaucoup traité à chaud. La crise du coronavirus en fait évidemment partie.

N'avez-vous pas peur d'une forme d'overdose avec ce prime sur le coronavirus, un sujet particulièrement traité par les médias ces derniers mois ?
Nous n'abordons pas la question de cette façon-là. Au sein de la rédaction, notre réflexion était de constater que nous étions dans un moment particulier en France, avec des préoccupations sanitaires encore très fortes chez les Français, alors que la situation tend à retourner à une forme de normalité. Nous ne sommes pas tout à fait dans l'après-crise, mais nous pouvons déjà tirer quelques leçons de celle-ci, qu'il s'agisse du comportement de l'Europe, de la stratégie sanitaire en matière de masques ou de la question plus large du rôle de l'Etat en France.

Ils ont dit
"Nous avons légèrement fait évoluer la typologie des invités cette saison"
Bruno Gaston

Quels ont été les changements apportés à la version quotidienne de "C dans l'air" cette saison ?
Nous avons légèrement fait évoluer la typologie des invités. Il s'agit évidemment toujours d'experts parmi les meilleurs dans leur domaine, qui s'expriment bien à l'oral et qui se reconnaissent dans le projet et la forme de l'émission. Mais nous avons aussi ouvert un peu éditorialement en variant les invitations, notamment sur les questions économiques, afin de confronter des visions parfois très divergentes. A "C dans l'air", nous travaillons sur les nuances, en contrebalançant les points de vue autant que possible pour tenir la promesse de l'émission : décrypter l'actualité. Cela a été un gros travail de programmation,avec une équipe de "C dans l'air" parmi les meilleures, si ce n'est la meilleure, de la place. Autre évolution notable, la féminisation de nos invités qui sont désormais à 49% des femmes. Cela correspond moins un souci politique qu'à la volonté de projeter l'émission dans son époque. C'est d'ailleurs à mon avis l'un des secrets de la longévité de "C dans l'air" : veiller à rester dans son époque.

A la fin 2019, vous avez dû faire face à une grogne de la rédaction concernant les cadences infernales de l'émission. Les problèmes ont-ils été réglés ?
"C dans l'air" est en effet une émission lourde à produire. Elle est à l'antenne quasiment tous les jours de l'année, 24 décembre et 1er janvier compris, du lundi au jeudi avec Caroline et le vendredi et samedi avec Axel de Tarlé. Nous avons entendu les arguments des membres de la rédaction et nous avons trouvé les solutions nécessaires. Je préfère en garder les détails pour moi.

Combien de personnes travaillent-elles à la production de "C dans l'air" ?
Nous sommes une quinzaine de journalistes et environ 60 à 70 personnes en tout à Maximal pour faire l'émission.

Ils ont dit
"Notre préoccupation est de donner au téléspectateur les clés pour se faire ensuite sa propre opinion"
Bruno Gaston

La fabrication de l'émission a naturellement été perturbée par la crise du coronavirus avec notamment deux invités en plateau au lieu de quatre habituellement. Quand pourrez-vous revenir à une configuration normale ?
Nous le pouvons depuis hier ! Avec évidemment toutes les précautions médicales d'usage. Nous avons pu revenir sur notre plateau habituel qui nous permet, contrairement à celui utilisé pendant la crise sanitaire, d'avoir un espacement de plus d'un mètre entre tous les invités. Mais nous ne renonçons pas à la possibilité d'avoir des invités en duplex comme nous l'avons fait durant cette période exceptionnelle. De cette contrainte, nous avons réussi à faire une force puisque cela nous a permis d'avoir des invités habitant à Lyon ou à San Francisco, que nous n'aurions pas pu avoir en temps normal. Nous allons donc garder ce dispositif pour l'avenir.

Comment expliquez-vous la solidité des audiences de "C dans l'air" après toutes ces années à l'antenne ?
L'émission a su évoluer avec son époque, comme je vous le disais tout à l'heure. Cela tient aussi à la qualité, je l'espère toujours aussi grande, de son contenu. "C dans l'air" est une discussion, pas un débat, dans laquelle on laisse parler les autres jusqu'au bout, sans leur couper la parole. Cela ne veut pas dire que le résultat est ennuyeux. Souvent, on dit que ce qui marche en audience est ce qui est tranché, un peu caricatural, alors que la vérité est souvent dans la nuance. Nous, nous sommes justement une émission qui produit de la nuance. Si nous réalisons 1,5 million de téléspectateurs en moyenne, et jusqu'à 2 millions parfois, c'est justement parce que nous employons à ce que le téléspectateur comprenne un sujet dans sa complexité. Cela ne veut pas dire que tout le monde est d'accord en plateau, ni même qu'il n'y a pas de passion autour de la table. Mais notre préoccupation est avant tout de donner au téléspectateur les clés pour se faire ensuite sa propre opinion.

Vous ne payez toujours pas vos intervenants ?
Non, et ce pour plein de raisons. Nous produisons une télévision de service public. Vu la qualité des personnes en plateau, ce n'est pas l'argent qui les motiverait à venir dans l'émission. Si elles y viennent, c'est parce qu'elles peuvent y raconter des choses qu'elles pourraient difficilement raconter ailleurs, et dans un environnement d'invités intéressants, qui vont nourrir leurs propres réflexions sur un sujet.

Ils ont dit
"Notre outil éditorial est bâti pour ne pas être dans la prétention"
Bruno Gaston

L'audience de "C dans l'air" est plutôt âgée. Avez-vous le souci de la rajeunir ?
Oui. L'audience plutôt âgée du magazine correspond à celle de la télévision en général, particulièrement à l'horaire de diffusion de "C dans l'air", 17h45, où peu d'actifs peuvent regarder la télé. La rediffusion du programme le soir attire d'ailleurs un public plus jeune. Mais oui, nous travaillons à nous adresser à tous les publics, y compris à ceux qui ne sont pas devant la télévision, pour, encore une fois, inscrire le magazine dans son époque. C'est pourquoi nous avons rendu l'émission disponible en podcast, que nous avons travaillé à une offre dédiée pour les réseaux sociaux, avec des découpages de séquences de l'émission notamment. Nous travaillons d'ailleurs à d'autres innovations sur d'autres plateformes, même s'il est encore un peu tôt pour en parler.

Alors que la parole d'experts est souvent attaquée aujourd'hui, vous interrogez-vous sur l'avenir du format de "C dans l'air" ?
J'ai le sentiment que notre émission est justement faite pour répondre à cette interrogation et à la critique du discours en surplomb. Dans "C dans l'air", plusieurs points de vue différents s'expriment, émanant de personnes ayant des approches complémentaires. La discussion n'a pas pour but d'exposer une vérité révélée mais bien de donner les armes au public pour comprendre un problème et se forger sa propre opinion. Par ailleurs, nous veillons à intégrer quotidiennement les questions de notre public, justement pour éviter cet écueil. Notre outil éditorial est bâti pour ne pas être dans la prétention.

La vente de Lagardère Studios - dont Maximal Productions fait partie - à Mediawan va-t-il changer quelque chose pour "C dans l'air" ?
Il est un peu tôt pour le dire puisque les discussions viennent d'être rendues publiques. Maximal veut décrypter l'actualité pour un public large au travers de magazines et de documentaires. Cette société mérite de s'inscrire dans un projet éditorial ambitieux, et celui de Mediawan l'est.

Le changement de chaîne de "C dans l'air" n'est plus d'actualité ?
A priori non.

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