

Le Tour de France a valeur de Graal pour tout cycliste qui s'engage dans une carrière professionnelle. Pour Yoann Offredo, retraité du peloton en 2020 après douze ans en cuissard, la plus prestigieuse des courses à étapes a été synonyme de grands moments, qu'il prolonge aujourd'hui en tant que consultant sur France Télévisions. Aux côtés de Laurent Luyat, il a analysé quotidiennement la dernière édition dans "Vélo Club", et ce malgré la maladie auto-immune qui touche ses yeux. Une sarcoïdose qui lui a été découvert quelques mois plus tôt, et sur laquelle l'ex-feu follet de l'équipe FDJ s'est épanché dans un entretien accordé à "L'Equipe", le 8 avril. "On m'a transféré en médecine interne, je pleurais. [...] J'ai pris une claque dans la gueule", confiait-il au sujet de cette période lors de laquelle il a été hospitalisé pendant cinq semaines.
Invité de "Quelle époque!", ce samedi, le passionné de bicyclette, passé par la chimiothérapie, s'est livré sur son combat, des premiers symptômes ressentis lorsqu'il commentait le Tour d'Italie pour la télévision belge jusqu'à ces moments passés avec ses filles, lors desquels il essayait "de faire des captures d'écran avec mes yeux" au cas où il deviendrait aveugle dans les mois à venir. Car sa pathologie risque à plus ou moins court terme de lui ôter la vue. "Tu te dis si c'est un médecin qui te le dit, c'est comme ça et puis, j'avais compris que c'était quelque chose de grave", a-t-il exprimé devant Léa Salamé, indiquant que cette satanée maladie changeait à la fois son corps et son âme, "comme si tu étais quelqu'un d'autre".
Dans ce contexte, retrouver ses copains de France Télévisions sur la Grande Boucle s'est avéré être une parenthèse enchantée pour Yoann Offredo. Après avoir écouté un message de soutien de Laurent Luyat, qui a loué sa bonne humeur communicative malgré sa souffrance quotidienne, le consultant a révélé vouloir être présent sur les routes l'été prochain. "C'était rigolo parce que le contraste entre le milieu médical et le Tour de France, quelque chose qui paraissait superficiel par rapport à l'essentiel, ça a fait partie de ma thérapie", a souligné celui qui "transpirait beaucoup" et qui a attrapé "la leptospirose" pendant ces trois semaines en studio. Mais le plaisir de parler vélo, échappées et stratégies avec passion était plus fort que tout. "La vie, c'est une succession d'expériences et le fait est que je suis content et contemplatif", a conclu l'ancien cycliste, également admiratif du courage de son collègue Mathieu Lartot, amputé d'une jambe après un cancer.
Pourtant, Yoann Offredo aurait pu sombrer dans la dépression. La chimiothérapie qu’il a subie ensuite pendant six mois l’a "éteint" : "J'avais l'impression d'être vide, mort de l'intérieur." Mais ce battant est finalement parvenu à remonter la pente : "Comme dans les deuils, tu as une phase de déni, de colère, ensuite tu vas te faire du mal à toi-même parce que tu te dis de toute façon, mal pour mal. Donc je m'enferme, je n'ouvre plus les volets, je ne vois plus personne. Je vais faire quoi de ma vie ? Ensuite, tu te rends compte que tu n'es pas seul. Et puis pourquoi pas aider d'autres gens ? C'est assez salutaire le don de soi", avait-il voulu expliquer dans le quotidien sportif.