Aujourd'hui à Cannes : Le film de Jamel Debbouze et Rachid Bouchareb continue de faire polémique

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Aujourd'hui à Cannes : Le film de Jamel Debbouze et Rachid Bouchareb continue de faire polémique
Bulletin du samedi 22 mai 2010.

En direct de Cannes. En marge du Festival où Rachid Bouchareb était venu, hier, lever le voile sur son Hors la loi, plus d'un millier de manifestants s'étaient réunis à Cannes pour manifester contre ce film, en mémoire des Français tués pendant la guerre d'Algérie. C'est donc dans un climat particulier et avec des services de sécurité à l'affût (les fouilles n'ont pas manqué autour et dans le palais) que le trio d'acteurs Jamel Debbouze, Roschdy Zem et Sami Bouajila est venu défendre ce film. Un film qui, au final, ne méritait pas de faire naître autant de polémiques, puisque le seul reproche contestable que l'on peut émettre sur cette fiction est de ne s'intéresser qu'au point de vue algérien. Mais ce qu'on ne peut pas reprocher au cinéaste, c'est d'avoir réouvert une page méconnue de l'Histoire. Voir en Hors la loi une oeuvre historique ou un documentaire serait l'erreur la plus grave. Il ne s'agit là que d'un film, un film d'ailleurs imparfait, qui ne mérite ni le tapage qui l'entoure, ni de figurer au palmarès dimanche...

Les Films

Ils ont été projetés hier, et on ne parle plus que d'eux.

Hors la loi : La polémique soulevée par le film de Rachid Bouchareb avant même le début du Festival avait accru d'un cran supplémentaire notre attente. Alors faut-il voir dans ce drame historique, qui s'ouvre sur le massacre de Sétif le 8 mai 1945, parle du FLN et du combat des Algériens pour leur indépendance, un film anti-Français comme certains l'affirment ? Le cinéaste engagé a-t-il réussi avec Hors la loi à faire ce qu'il avait fait pour Indigènes ? A ces questions, les réponses s'avèrent au final plutôt simples. Ceux qui persistent à déceler dans Hors la loi un sentiment anti-français qui va au-delà de son rôle de fiction n'ont sans doute pas vu le même film (ou pas vu le film du tout). Et malheureusement non, Rachid Bouchareb n'est pas parvenu à nous émouvoir comme il l'avait fait avec Indigènes. Sa fresque historique en demi-teinte s'avère trop académique et manque de souffle pour nous toucher.
*Ses points forts : Le réalisateur Rachid Bouchareb ne tombe pas dans le piège du film revendicatif et en cinéaste averti, il livre avant tout une oeuvre cinématographique qui se sert de la grande Histoire pour nous raconter son histoire. Car si Hors la loi a l'intelligence de confronter deux pays (l'Algérie et la France) a leur passé, il s'efforce aussi de nouer un drame familial entre trois frères partagés dans leurs idées, mais réunis par l'amour d'une mère. A l'instar d'Indigènes ou La Rafle, Hors la loi permet bien sûr de contribuer à ouvrir un débat sur des pages de l'Histoire que certains ont volontairement oubliées.
*Ses points faibles : En se concentrant sur le point de vue de l'Algérie, Rachid Bouchareb oublie parfois de nuancer ses propos et frôle le manichéisme tant redouté. Heureusement, en nous montrant la violence et le radicalisme qui émanaient parfois dans les deux camps (notammant au FNL), Bouchareb comble en partie cette lacune. Et curieusement, alors que les acteurs étaient l'un des points forts d'Indigènes (il reçurent d'ailleurs tous le Prix d'interprétation masculine à Cannes), on se surprend à trouver ces mêmes comédiens très en-dessous de ce qu'on pouvait légitimement attendre d'eux. Seul Roschdy Zem s'en sort avec les honneurs. De leurs côtés, Sami Bouajila et Jamel Debbouze semblent n'avoir jamais réussi à entrer dans leur personnage. A sa direction d'acteurs, Rachid Bouchareb semble avoir privilégié tout le reste. Sans convaincre non plus.

Loong Boonmee Raleuk Chaat : Une purge ou un chef d'oeuvre ? Autant dire que le débat était ouvert après la projection du nouveau film du thaïlandais Apichatpong Weerasethakul. Toujours est-il qu'en nous racontant l'histoire de cet homme qui décide de finir ses jours auprès des siens et se retrouve poursuivi par les fantômes de sa femme décédée et son fils disparu, le réalisateur semble s'être totalement perdu en conjectures. Qu'a-t-il voulu dire ? Qu'a-t-il voulu faire ? Car de sa réflexion poétique et spirituelle sur la mort, les fantômes et la vie, il ne reste au final qu'une chose : un profond sentiment de désoeuvrement chez spectateur lambda qui se demande encore pourquoi certains se gargarisent devant ce film jalonné par l'ennui...
*Ses points forts : On peut essayer d'en trouver... Par moment, c'est vrai, rendons à Apichatpong Weerasethakul ce qui n'appartient qu'à Apichatpong Weerasethakul, une volonté de faire un cinéma original, à des années lumières des codes habituels et marquant de son sceau son statut d'auteur. Par ailleurs, il ajoute également dans sa mise en scène des touches humoristiques bienvenues (l'apparition du fantôme de la soeur d'Oncle Boonmee pendant le repas notamment, le fils disparu qui revient poilu comme un singe...). Se gardant de toute prétention, le cinéaste se contente de montrer. Reste au spectateur de prendre ou non le train dans son voyage onirique déroutant.
*Ses points faibles : Les conséquences d'un film comme celui-ci, qui divise au point de prêcher le tout ou rien, c'est qu'on l'adule dans son intégralité ou qu'on rejette tout en bloc. Si le film se compose de deux parties distinctes, aucune des deux ne nous donne envie de nous accrocher à l'histoire. Confu, brouillon, incompréhensible, parfois grotesque (la scène d'amour partagée entre une femme et un poisson censée symboliser l'union du corps et de la nature est un exemple parmi d'autres), le film irrite et nous plonge dans une torpeur sans nom...

Et aujourd'hui

L'exode : Soleil Trompeur 2 : Le premier volet de Soleil Trompeur lui avait valu le Grand Prix du Jury en 1994. Seize ans plus tard, la suite du réalisateur et acteur Nikita Mikhalkov lui permettra-t-elle de briller à nouveau ? Pour ce retour dans la compétition, le cinéaste russe nous racontera le destin tragique du colonel Serguei Kotov, héros de la Révolution Bolchévique mais inquiété par le régime de Staline qui le considère comme un ennemi du peuple...

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Un garçon fragile - Le projet Frankenstein : La surprise pourrait-elle venir de ce film ? On peut y croire tant le projet nous intrigue. Réalisé par le hongrois Kornel Mundruczo (présent en 2008 avec Delta), le film proposera une relecture du célèbre roman Frankenstein. L'histoire ? Un jeune homme a engendré un enfant sans jamais savoir ce qu’il est devenu. A 17 ans, son fils, Rudi, revient en espérant retrouver sa famille après une enfance passée dans une institution. Il espère trouver chez sa mère reconnaissance et affection, et surtout connaître l’identité de son père, mais il constate qu’il n’est pas le bienvenu...

Entendu...

*C'était la course dans la salle de presse pour assister à la conférence de presse très attendue du Hors-la-loi de Rachid Bouchareb. Le réalisateur algérien en a profité pour mettre les choses au clair, expliquant : « Ce n'était pas le but du film, mais aujourd'hui, l'abcès est ouvert. Le film doit permettre d'ouvrir un débat dans la sérénité ». Si le cinéaste a affirmé que les rumeurs sur la volonté de Matignon d'interdire le film à Cannes étaient mensongères, il a tenu par contre à rappeler aux hommes politiques et plus particulièrement au secrétaire d'Etat en charge des Anciens Combattants que suite au film Indigènes, « toutes les promesses n'avaient pas été entièrement tenues ». De son côté, ne manquant pas une occasion de soulever les rires, le comédien Jamel Debbouze a tenu à faire à son tour une déclaration officielle assez particulière : « Moi aussi, je me suis fait violer par Roman Polanski quand j'avais 16 ans ». Eclats de rires dans la salle. On en attendait pas moins de Jamel...

Vu...

*La Dog Palm, vous connaissez ? Elle pourrait être considérée comme le Prix d'interprétation canin venant récompenser le chien le plus talentueux présent dans les films projetés à Cannes. Vous l'aurez compris, mieux vaut ne pas prendre la chose trop au sérieux, même si le prix existe, lui, bel et bien. Et c'est grâce à sa performance au poil dans le Tamare Drewe de Stephen Frears présenté hors-compétition et dans lequel il donne la "réplique" à Gemma Arterton que Boss, un boxer, est devenu le lauréat de la Dog Palm 2010. On ignore si l'animal a été ému en apprenant la nouvelle, mais il pourra toujours réclamer son trophée (un collier) au producteur du film venu le chercher en personne...

Et aussi

Toujours plus Stone ?
*Après Oliver Stone et le Stone Mick Jagger, il était dans notre droit d'attendre la venue de la belle Sharon, Stone de son prénom pour le traditionnel gala de l'Amfar qu'elle anime chaque année. Mais retenue par le tournage de Largo Winch 2 avec Tomer Sisley, la comédienne américaine a dû déclarer forfait. Les stars n'ont malgré tout pas manqué, jeudi soir, ce gala de bienfaisance qui récolte des fonds pour la lutte contre le Sida. On a pu remarquer entre autres les présences de Russell Crowe, Jennifer Lopez, Diane Kruger, Tom Ford, Karl Lagerfeld, Kate Beckinsale, Marion Cotillard, Paris Hilton ou Alain Delon... Et parmi les lots mis en vente, on retrouvait notamment la possibilité de passer une journée entière en compagnie de Bill Clinton, un baptême de l'air dans un avion de chasse ou encore l'obtention d'un rôle dans une comédie avec les acteurs Hugh Jackman et Kate Winslet. Rien que ça

Prix de la Cinéfondation
*Les Prix des compétitions parallèles continuent à tomber et c'est au tour du réalisateur Atom Egoyan et de son jury de dévoiler les prix de la Cinéfondation qui réunissait cette année 13 films d'étudiants en cinéma venus des quatre coins du monde (Asie, d’Amérique latine, Amérique du nord, Europe). C'est le réalisateur finlandais Juho Kuosmanen avec son film The Painting Sellers qui a reçu le Premier Prix. Le second prix à quant à lui été remis au français Vincent Cardona pour son film Coucou-les-nuages. Enfin, deux ex aequo sont venus compléter le programme, l'américain Vatch Boulghourjian avec The Fifht Colum et le serbe Dane Komljen pour I Already Am Everything I Want to Have. Des noms qui sortent pour la première de l'anonymat, mais qui, au vu des lauréats des éditions précédentes, pourraient revenir prochainement sur la Croisette dans une sélection plus importante. Kornel Mundruczo, qui a présenté en compétition officielle Un garçon fragile - Le projet Frankenstein, hier soir, est lui-aussi passé par là...

Retrouvez dès demain de nouvelles infos inédites et des critiques.

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