Les chaînes de télévision devaient-elles montrer DSK menotté ?

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Les chaînes de télévision devaient-elles montrer DSK menotté ?
Par Julien Bellver Rédacteur en chef

Co-rédacteur en chef de puremedias.com, Julien Bellver est diplômé de l'Institut Pratique de Journalisme (IPJ). Passionné par les nouvelles technologies et les médias, il a collaboré à plusieurs émissions...

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Après la mise en garde du CSA, Hervé Béroud (BFM TV) et Olivier Ravanello (i>TELE) réagissent dans nos colonnes.

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Si on applique la loi à la lettre, toutes les chaînes de télé françaises devraient être condamnées à 15..000 euros d'amende. Condamnées pour avoir diffusé en boucle les images humiliantes de Dominique Strauss-Kahn à la sortie du commissariat de New York les mains menottées sous le crépitement de dizaines de photographes. Condamnées aussi pour avoir diffusé en différé les images du président du FMI au tribunal devant le juge.

15 000 euros


Car l'article 35 ter de la loi du 29 juillet 1881 sur la liberté de la presse ne laisse pas beaucoup de place au doute : « Lorsqu'elle est réalisée sans l'accord de l'intéressé, la diffusion, par quelque moyen que ce soit et quel qu'en soit le support, de l'image d'une personne identifiée ou identifiable mise en cause à l'occasion d'une procédure pénale mais n'ayant pas fait l'objet d'un jugement de condamnation et faisant apparaître, soit que cette personne porte des menottes ou entraves, soit qu'elle est placée en détention provisoire, est punie de 15..000 euros d'amende ». « Il y a la loi et l'esprit de la loi, se défend Olivier Ravanello, directeur adjoint de la rédaction d'i>TELE. Ce que nous relatons lundi au petit matin, c'est un fait, une procédure pénale américaine d'une extrême violence. La violence des images reflète la réalité. Il n'y a pas de mise en scène, pas de scénarisation, la violence est objective, il s'en prend plein la gueule ! Nous sommes aussi sidérés que les téléspectateurs en découvrant les images ». Même si les menottes n'étaient pas visibles, la posture de DSK, les mains dans le dos, entouré de plusieurs policiers, ne laissait place à aucune autre interprétation. « C'est un détail mais à aucun moment les menottes n'ont été montrées à l'antenne, se justifie Hervé Béroud, directeur de la rédaction de BFM TV. Dans ce cas précis, la loi française est de toute façon inapplicable ».

Simple rappel à la loi



La loi française peut-elle s'appliquer pour un évènement judiciaire américain ? Face à la polémique, le CSA s'est réuni ce matin avant d'appeler les chaînes de télévision « à la plus grande retenue dans la diffusion d’images relatives à des personnes mises en cause dans une procédure pénale ». Les Sages rappellent que « le principe de la liberté d’expression et le droit à l’information ne doivent pas méconnaître le fait que de telles images sont susceptibles de porter atteinte au respect de la dignité de ces personnes ». En clair, le CSA rappelle explicitement la loi mais n'impose rien aux chaînes.

« Le CSA est dans son rôle et nous rappelle ce qu'on vit depuis 48 heures, explique Olivier Ravanello. Mais si vous appliquez un traitement français sur cette procédure américaine, vous ne pouvez rien dire ou montrer avant vendredi ! C'est évidemment impossible ». La violence des images, souvent dénoncée par les téléspectateurs ou les internautes, a aussi été un problème à gérer par les chaînes françaises. « La violence existe parce qu'elle est réelle, concède-t-on à i>TELE. On rééquilibre la violence du système américain avec la parole de ses amis en plateau par exemple. Parce que le système américain, lui, ne le fait pas ! Les seules informations viennent de l'accusation ou des flics ! Notre boulot, c'est de raconter ce qu'il est en train de vivre  ». Malgré les arguments des chaînes, l'avocat français de DSK a annoncé à l'AFP cet après-midi « réfléchir à d'éventuelles poursuites judiciaires » après la diffusion de ces images. Il devrait se prononcer dans les prochains jours.

Information "mondialisée"



Les chaînes devaient-elles se priver de ces images, mises à disposition de toutes les télés du mondes par les agences de presse américaines ? A l'heure où tout un chacun peut accéder aux télévisions de la planète depuis son canapé ou derrière son écran d'ordinateur, les médias hexagonaux devaient-ils s'abstenir dans le cadre du strict respect de la loi française ? Où s'arrête aujourd'hui le droit à l'information, où commence le respect de la présomption d'innocence ? « Ces images ont inondé le monde, répond Hervé Béroud. Elles sont puissantes, choquantes. Il est illusoire de penser que les Français ne les auraient pas vues ailleurs à l'heure de la mondialisation de l'information. Comment penser que sur une telle affaire nous aurions pu nous abstenir ? Ces images sont porteuses d'informations. Non pas sur sa culpabilité ou son innocence mais sur ce qu'est en train de vivre cet homme ». Il est enfin nécessaire de rappeler une chose : DSK menotté et DSK face au juge sont des images autorisées par la justice américaine. C'est elle qui a choisi de jeter DSK menotté à la meute de journalistes et photographes. C'est cette même justice américaine qui a permis à une caméra à pénétrer dans la salle du juge. Sans que Dominique Strauss-Kahn puisse s'y opposer. En France, la loi l'interdirait.
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