Au bal des tartuffes et de hypocrites, la critique a une place toute particulière. Parfois hautaine et méprisante, elle tient à régler son compte à Dany Boon et ses 20 millions d'entrées sur Bienvenue chez les ch'tis. Cet odieux profiteur avait menacé de mort 20 millions de personnes s’ils n'allaient pas voir son film. Ouh le vilain ! Le revoilà avec un nouveau film, Rien à déclarer, qui traite du choc des cultures entre un douanier belge et un douanier français. Ne comptez pas sur moi pour verser ma haine sur ce film. Car Rien à déclarer est une comédie assez sympathique. Oui, aseptisée pour un dimanche soir sur TF1, mais malgré tout honnête.
Pour le savourer, toutefois, on devra accepter un scénario ultra-classique, une réalisation très téléfilm, les dialogues pas toujours drôles, et une dénonciation du racisme et des préjugés qui parait surannée (surtout pour une confrontation franco-belge). Une partie de la critique a reproché au film son absence de nouveautés, une reprise de thématiques déjà présentes dans Bienvenue chez les ch'tis (le choc des cultures, les préjugés, les bons sentiments, etc.,). Certes, mais reprendre les mêmes thématiques, n'est-ce pas le but de la politique des auteurs ? Quand Claude Chabrol reprenait les mêmes thèmes (l'adultère, le crime, la province, la bourgeoisie), il était encensé. Dès qu'il s'agit d'un humoriste qui cartonne au cinéma et qui fait de la promo sur TF1, c'est forcément un opportuniste.
Sympathique, mais oubliable
Alors, Rien à déclarer est-il la honte annoncé ? Même si on sourit plus qu'on ne rit, même si le film est oubliable, il reste néanmoins sympathique et divertissant. Les acteurs sont bons pour la plupart, notamment Benoit Poelvoorde, parfait en douanier xénophobe ; François Damiens, toujours drôle ; Laurent Gamelon, impeccable ; et la jolie Julie Bernard, une nouvelle venue.
Dany Boon se permet même d'apporter plus d'action à son récit. Courses-poursuites, bagarres, fusillades, on se croirait presque devant un film policier. On est loin d'un Olivier Marchal, bien sûr, et Boon n'a pas le talent d'un Mabrouk El Mechri derrière la caméra. N'empêche, on reste surpris par son audace et sa volonté d’apporter du dynamisme à ce troisième long-métrage. Il y aussi une volonté de revenir au cinéma des gueules à l'époque de Bourvil, De Funès, ou Francis Blanche, de quoi changer un peu des comédiens banals que le cinéma français nous sert à longueur de journée.
Alors évidemment, ce film n'est pas du niveau de La Grande Vadrouille, ou plus récemment d'un OSS 117 avec Jean Dujardin. Mais on reste très loin de ces désastres qu'étaient Donnant donnant ou Le prix à payer. La critique citée plus haut a même oublié que dans les années 60-70, le cinéma français a fait bien pire encore, avec des films comme Mon curé chez les nudistes ou On n'est pas sorti de l'auberge. Finalement, avec Rien à déclarer, on ne s’en sort pas si mal.