Deux journalistes français de la société de production Premières Lignes ont été expulsés manu militari hier d'Azerbaïdjan. Le reporter Laurent Richard et le cameraman Emmanuel Bach étaient partis dans le pays dans le cadre de la réalisation d'un reportage pour "Cash Investigation", l'émission d'Elise Lucet sur France 2. Contacté, le rédacteur en chef de Premières lignes, Benoît Bringer, a raconté l'incident à puremedias.com.
Les deux journalistes français avaient atterri en Azerbaïdjan dimanche 11 mai en marge de la visite de François Hollande dans ce pays du Caucase. Dûment accrédités, Laurent Richard et Emmanuel Bach avaient alors couvert pendant deux jours la visite présidentielle. Au départ de la délégation française lundi, les deux journalistes français sont restés deux jours de plus dans le pays pour y interroger plusieurs opposants au régime et des militants des droits de l'Homme. "Ils ont senti qu'ils étaient surveillés" raconte Benoît Bringer, expliquant que ses deux reporters avaient eu vent de visites à leur hôtel de "personnes" cherchant à se renseigner sur leur compte.
"On espère qu'il y aura une protestation officielle"
C'est finalement alors qu'ils s'apprêtaient à quitter le pays mercredi pour prendre un vol pour Moscou puis Bruxelles qu'ils ont été arrêtés par une quinzaine d'agents de sécurité à l'aéroport. Sans avoir de véritables explications autre que l'invocation de "mesures de sécurité", ils ont été détenus une heure environ pendant que leurs ordinateurs et disques durs étaient fouillés. Les images et interviews qu'ils avaient réalisées ont été confisquées par les forces de sécurité locales. Alors qu'ils protestaient et refusaient d'embarquer sans avoir récupéré leur matériel, les deux journalistes ont finalement été expulsés de force du pays par les autorités azéries.
Interrogé, le rédacteur en chef de Premières lignes Benoît Bringer dénonce une véritable "censure" et une "atteinte à la liberté de la presse". Il dit également espérer qu'il y "aura une protestation officielle de l'Elysée" concernant cette affaire. "Pas pour nous" précise-t-il, mais pour tous les opposants au régime qui vivent au quotidien ces atteintes aux libertés fondamentales et qui veulent le faire savoir à l'étranger. Le rédacteur en chef tient enfin à rappeler que l'Azerbaïdjan a pris officiellement la présidence tournante du Conseil de l'Europe, une organisation chargée de la protection des Droits de l'Homme et du renforcement de la démocratie en Europe...
