Une prise de parole qui interroge. Jeudi 6 juin 2024, en direct depuis Caen, Emmanuel Macron accordera une longue interview à Gilles Bouleau (TF1) et Anne-Sophie Lapix (France 2). À l'occasion des 80 ans du Débarquement de Normandie, le chef de l'État sera notamment interrogé sur l'actualité internationale. Une intervention à trois jours des élections européennes qui a fait bondir les oppositions.
Les oppositions avaient saisi le gendarme de l'audiovisuel
"L'opposition doit avoir le même temps de parole", a posté sur X (ex-Twitter) le président des Républicains Éric Ciotti dimanche 2 juin avant d'annoncer que son parti saisissait l'Arcom, le gendarme de l'audiovisuel. Invité de BFMTV et RMC ce lundi 3 juin, la tête de liste du parti de droite aux européennes François-Xavier Bellamy était allé un peu plus loin : "C'est totalement injuste envers les Français. Ils sont piégés dans cette espèce de scénario que le président de la République, depuis le début, voudrait leur imposer en essayant de nationaliser ce scrutin européen. (...) Moi je dis qu'il manque à sa fonction, à sa mission. Le rôle d'un président est d'être au-dessus des partis et de la mêlée électorale", avait-il déclaré.
Dans la foulée, sur RTL, Manon Aubry, tête de liste La France insoumise aux élections européennes, avait également indiqué que son parti allait saisir l'Arcom "pour demander que son temps d'antenne soit décompté du temps de campagne de Valérie Hayer". "C'est quand même gênant, juste avant la clôture d'une campagne pour les élections européennes, il va avoir droit au prime-time de TF1 et France 2", avait dénoncé la députée européenne.
Ce mardi 4 juin, l'Arcom, le régulateur de l'audiovisuel annonce dans un communiqué avoir écrit à TF1 et à France 2 pour les appeler au "strict respect des règles de pluralisme politique". "Tout ou partie des propos tenus lors de cette interview pourra être pris en compte" dans le temps de parole de la liste du camp présidentiel et les autres listes devront bénéficier en contrepartie d'"un accès équitable" aux antennes, a souligné le régulateur dans un courrier relayé par l'Agence France Presse (AFP).
L'autorité indépendante a également indiqué avoir écrit aux groupes TF1 et France Télévisions "afin qu'ils lui fassent connaître sans délai les dispositions qu'ils entendent prendre" pour équilibrer les temps de parole. Depuis le 15 avril, les chaînes de télé et de radio sont tenues d'assurer un "accès équitable à l'antenne" entre les listes. Mais "équité ne veut pas dire égalité". Le "temps d'antenne de chaque liste dépend de ses résultats aux précédentes élections, des sondages ou de sa capacité à "animer la campagne" précisent nos confrères. Ces dispositions doivent être prises "y compris de manière anticipée", précise l'Arcom. La campagne électorale prend fin vendredi à minuit et les candidats ne pourront ensuite plus s'exprimer publiquement.