Selon le dernier sondage Médiamétrie portant sur la période avril à juin 2013, Europe 1 a réuni plus de 4,7 millions d'auditeurs et enregistre sa meilleure vague de la saison. La station phare du groupe Lagardère a gagné 175.000 auditeurs, soit une progression de 4% sur un an. Entretien avec Fabien Namias, directeur général de la station.
Enfin un sondage à la hausse pour Europe 1 ! J'imagine que vous l'attendiez depuis longtemps ?
Le premier de cette saison ! Il ne faut pas bouder les bonnes nouvelles, ni considérer que c'est un acquis. Je l'attendais, ce premier indicateur positif. Mais très franchement, c'est long la radio. C'est un déclic, un début qui couronne les énormes efforts faits par les équipes d'Europe 1. On a encore beaucoup de points et d'auditeurs à gagner, Europe 1 peut aller beaucoup plus loin que là où est elle aujourd'hui. Et la bonne nouvelle aujourd'hui, c'est qu'à ceux qui pensaient qu'Europe 1 était sortie du paysage, qu'Europe 1 avait décroché, qu'Europe 1 n'intéressait plus, ce sondage prouve qu'Europe 1 est là, bien là. Europe 1 est repartie, c'est la leçon du jour.
"Europe 1 a un avenir magnifique"
La reconquête est enclenchée ?
Ce sondage nous dit qu'on a un vrai potentiel, un avenir magnifique. Et que les ennuis ne sont plus dans le jardin d'Europe 1 ! Est-ce que ça veut pour autant dire qu'on est dans une phase incroyable de croissance, que tous les changements de la rentrée vont être appréciés, je n'en sais rien. L'expérience en radio montre qu'il faut être prudent, patient et serein. Ce qu'on va mettre en place devra être jugé sur une saison complète. Il y aura des ajustements, des grands succès, peut être quelques déceptions.
Ce sondage confirme aussi que le précédent, très difficile, avait été atypique ?
Il était anormal ! Je n'ai pas voulu casser le thermomètre quand le sondage est tombé, mais j'étais déçu. Pour moi, nous étions dans l'aléa statistique. Mais je ne m'attendais pas à ce qu'on soit aussi haut maintenant. Car traditionnellement, cette vague n'est pas bonne pour nous. En nombre d'auditeurs, c'est la meilleure depuis 2006, on a gagné 178.000 auditeurs sur un an, 274.000 par rapport à la précédente.
Quelles émissions tirent les audiences d'Europe 1 vers le haut ?
Quatre rendez-vous sont installés, forts et en conquête permanente : Jean-Marc Morandini le matin, qui gagne 100.000 auditeurs. Il y a l'émission de Laurent Ruquier, 95.000 auditeurs conquis en un an ! C'est épatant car l'émission était déjà très haut l'année dernière. Elle ne cesse de progresser, vague après vague. Laurent Ruquier, c'est l'une des cartes maîtresses d'Europe 1. Le 18/20 de Nicolas Poincaré, c'est spectaculaire avec 174.000 auditeurs en plus, avec une émission très ambitieuse, haut de gamme, qui tire l'auditeur vers le haut. On est dans l'anti-café du commerce. Et puis, sur un volume moins important, mais qui récompense le talent : la libre antenne de Caroline Dublanche, avec 72.000 auditeurs gagnés... sur 400.000 ! C'est 22% de progression !
"On doit retrouver la troisième place du podium"
Et la matinale, c'est le gros pilier, elle progresse très légèrement sur une saison. C'est insuffisant ?
La matinale, c'est notre carrefour d'audience stratégique. Elle progresse de 54.000 auditeurs.
Il fallait garder Bruce Toussaint, la reconquête était enclenchée !
Les réserves de croissance se trouvent à différents moments de la grille, à commencer par la matinale. On a un réservoir d'auditeurs énorme et on sent qu'il faut changer de braquet, accélérer, engager une phase de conquête qui n'est pas encore complètement opérée. La progression de la matinale peut être bien supérieure ! Pour ça, cela implique d'innover, d'inventer, de réfléchir, de tirer quelques enseignements.
Il y a des choses à garder de cette matinale, qui sera désormais incarnée par Thomas Sotto à la rentrée ?
Il y a plein de bonnes choses à retenir sur cette saison. On a par exemple installé un rendez-vous avec Natacha Polony. Nicolas Canteloup, ça continue aussi à progresser, c'est un pilier. Quelques rendez-vous commencent à avoir une identité très forte, comme la chronique économique d'Axel de Tarlé, le vrai/faux de l'info de Laurent Guimier. Et on a fait un pari, qui était de commencer la matinale à 6h30 contre 7h. Cette demi-heure gagne 17% d'auditeurs ! L'année prochaine, on ira encore plus loin dans notre conviction, en faisant démarrer la matinale à 6h, jusqu'à 9h. La modernité d'une session d'info le matin, c'est d'avoir une seule et même personne, plus présente encore que ne l'est aujourd'hui l'anchorman d'Europe 1. Il doit y avoir moins de jingles notamment. Il va y avoir une profonde évolution de ce qu'on va offrir aux auditeurs à la rentrée.
"Nos auditeurs veulent plus d'expertise, d'avis tranchés et de transgression"
La matinale aura une couleur plus journalistique, moins infotainment ?
On doit évoluer, on a installé un modèle il y a de nombreuses années à Europe 1 où l'un des marqueurs forts était la convivialité, la bonne humeur avec une vraie dose d'humour. Mais je pense qu'aujourd'hui, c'est moins en phase avec nos auditeurs qui veulent plus d'expertise, d'avis tranchés et de transgression.
Cette vague confirme vos choix ? Notamment sur la case de Michel Drucker, qui va être remplacé par Cyril Hanouna ?
La case de Michel est stable sur un an mais on a aussi des relais de croissance sur cette case. On a un ton à trouver. On veut renouer avec les grandes heures d'Europe 1, une antenne libre, décapante, surprenante, qui secoue l'auditeur. J'en ai assez d'entendre dire "Les grandes heures d'Europe 1, c'était Maurice Biraud et Coluche". Les pilotes sur lesquels on travaille me prouvent que Cyril est l'animateur le plus ébouriffant et l'un des plus talentueux de sa génération. Après, il doit être entouré d'un concept puissant.
Votre objectif est d'atteindre les 10 points d'audience ?
Mon objectif est de resserrer l'écart avec les concurrents de manière plus forte qu'aujourd'hui. On peut faire 10 quand le marché des généralistes est très fort. Ce qui m'importe, c'est l'écart. Deux concurrents sont au-dessus de nous, RTL et Inter. L'écart avec la radio publique a littéralement fondu. L'année dernière, 1,2 million d'auditeurs nous séparaient, aujourd'hui on en a 400.000. On doit ambitionner de retrouver un jour la troisième place sur le podium des radios.
