

Le Festival de Cannes a choisi l'un des visages les plus connus du cinéma français pour présider le jury de la 78e édition. Quarante ans après avoir foulé les marches pour la première fois comme jeune comédienne, Juliette Binoche reviendra dans la cité azuréenne du 13 au 24 mai dans un tout autre rôle. L'actrice de 60 ans succède à la réalisatrice de "Barbie", Greta Gerwig, laquelle, avec ses camarades jurés, avait décerné la Palme d'or au film américain "Anora" de Sean Baker. "Pour la deuxième fois dans l’histoire du festival, deux artistes féminines se transmettront ce prestigieux flambeau", ont souligné les organisateurs dans un communiqué. Il faut en effet remonter aux années 1960 pour retrouver la trace d'un tel passage de relais, l'icône du cinéma italien Sophia Loren succédant à Olivia de Havilland, connue pour son rôle dans "Autant en emporte le vent".
Cannes et son Festival représentent de très bons souvenirs pour Juliette Binoche, primée en 2010 pour "Copie conforme" d’Abbas Kiarostami. Neuf de ses films ont été projetés en sélection officielle et l'actrice oscarisée (en 1998 pour "Le Patient anglais") avait remis, les yeux embués, une Palme d’or d’honneur à Meryl Streep lors de la précédente édition. "En 1985, je montais les marches pour la première fois avec l’enthousiasme et l’incertitude d’une jeune actrice. Je n’imaginais pas revenir quarante ans après dans ce rôle honorifique de présidente du jury. J’en pèse le privilège, la responsabilité et la nécessité absolue d’humilité", a réagi la comédienne adoubée par de prestigieux cinéastes (Michael Haneke, David Cronenberg ou Abel Ferrara). Clin d'œil du destin, elle avait joué les maîtresses de cérémonie dans un épisode de la série "Dix pour cent" au cours duquel elle se débattait notamment avec sa robe.
En la désignant, le Festival et son délégué général Thierry Frémaux ont fait le choix d’une artiste citoyenne engagée, qui n’hésite pas à partager ses positions politiques pour les droits humains et les femmes en Iran, l’écologie, le mouvement #MeToo ou encore les personnes sans-papiers. Le reste du jury aura-t-il ce même profil ? À 99 jours de l'ouverture du grand rendez-vous du cinéma, sa composition est encore attendue, tout comme l'annonce des films en compétition, prévue, elle, pour la mi-avril.