Interview
Florent Houzot (beIN Sports) : "Après la Coupe du monde, l'objectif est de garder un maximum d'abonnés"
Publié le 25 mai 2018 à 13:52
Par Florian Guadalupe | Journaliste
Passionné de sport, de politique et des nouveaux médias, Florian Guadalupe est journaliste pour Puremédias depuis octobre 2015. Ses goûts pour le petit écran sont très divers, de "Quelle époque" à "L'heure des pros", en passant par "C ce soir", "Koh-Lanta", "L'équipe du soir" et "La France a un incroyable talent".
A l'occasion de la Coupe du monde de football en Russie, le directeur de la rédaction de la chaîne sportive s'est confié auprès de puremedias.com.
Florent Houzot, directeur de la rédaction de beIN Sports. Florent Houzot, directeur de la rédaction de beIN Sports.© beIN Sports
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puremedias.com au rythme de Moscou. A l'occasion de la Coupe du monde de football, qui aura lieu en Russie du 14 juin au 15 juillet, les personnalités de l'univers du ballon rond se confient pendant un mois pour parler du mythique tournoi de football et de leurs actualités à la télévision ou à la radio. Ainsi, Florent Houzot, directeur de la rédaction de beIN Sports a répondu à notre sollicitation.

Propos recueillis par Florian Guadalupe. Entretien réalisé le 17 mai.

Partie Coupe du monde

puremedias.com : Quel est votre meilleur souvenir d'une Coupe du monde ?
Florent Houzot : C'est évidemment la finale de 1998. J'étais à l'époque à France Télé. Une Coupe du monde, c'est une compétition prestigieuse. Il y a beaucoup d'images qui restent en tête, comme le but en or de Laurent Blanc, les deux buts de Thuram et les images sur les Champs-Elysées.

"Une Coupe de monde, ce sont toujours des surprises, bonnes et mauvaises. Parfois, de grandes nations peuvent échouer sur un match" Florent Houzot

Quel est le plus mauvais souvenir ?
C'est peut-être cette élimination face à l'Allemagne en 1982. Les mauvais souvenirs, ce sont évidemment les éliminations. Ce match France/Allemagne m'avait marqué puisqu'il y avait Marius Trésor et Alain Giresse qui avaient mis des buts. On menait 3-1. Les Allemands étaient revenus au score et nous avaient éliminés. A l'époque, on appelait ça la malédiction française. Elle s'est arrêtée en 1998.

Quel joueur a marqué ce début de siècle ?
Plutôt Ronaldo. Sur les 18 dernières années, on peut en avoir deux. Il y a aussi Zidane.

Qui sera la surprise pour cette Coupe du monde en Russie ?
Je pense qu'il peut y avoir un collectif français qui peut aller loin. Pour le moment, l'équipe de France n'est pas la grande favorite. Mais il vaut mieux ne pas être grande favorite, comme pour l'Euro 2016, et aller en finale. Une Coupe du monde, c'est un collectif. On aura toujours un joueur qui sera décisif dans les dernières secondes. Moi, je préfère retenir un collectif et pas une individualité.

Les Bleus peuvent-ils aller jusqu'au bout ?
Oui, avec une autre nation qui est, à mon avis, le Brésil. L'échec à domicile chez eux en 2014 reste quelque chose de difficile à vivre. Maintenant, une Coupe de monde, ce sont toujours des surprises, bonnes et mauvaises. Parfois, de grandes nations peuvent échouer sur un match.

Partie Médias
"Une Coupe du monde, ce n'est pas 25 matchs, ce n'est pas seulement les matchs de l'équipe de France" Florent Houzot

Comment abordez-vous cette Coupe du monde sur beIN Sports ?
Très bien ! Contrairement aux précédentes, il n'y a pas la peur de l'inconnu ! Aujourd'hui, on est à plus de 3,5 millions d'abonnés. Il y aura de l'audience. Surtout, on a montré que ces compétitions ont permis à la chaîne de passer un cap. Un cap en notoriété ! Les gens qui n'étaient pas abonnés à beIN se sont abonnés à l'occasion de ces événements. C'est une chaîne de qualité, avec des commentateurs et des consultants de qualité. Déjà lors de la Coupe du monde au Brésil et de l'Euro en France, la couverture avait été saluée à la fois par l'audience, à la fois par le recrutement de nouveaux abonnés, mais aussi dans le cadre de la satisfaction de nos abonnés. La presse avait aussi reconnu que c'était une belle couverture. Donc, je ne suis pas du tout inquiet. Je suis pressé que ça commence, avec l'envie de faire aussi bien que les précédentes éditions. Maintenant, place au jeu ! Ce seront aussi les circonstances de la compétition, les exploits de l'équipe de France et le fait qu'elle aille loin qui vont faire en sorte que la compétition sera réussie.

Dans les grandes lignes, à quoi va ressembler cette couverture et combien de personnes seront déployées ?
Ce sont déjà plus de 20 journalistes et commentateurs qui vont être sur place en Russie. Les 64 matchs seront en intégralité. C'est la force et la spécificité de beIN. Une Coupe du monde, ce n'est pas 25 matchs, ce n'est pas seulement les matchs de l'équipe de France. Une Coupe du monde, c'est la diffusion pendant cinq semaines de 64 matchs. Tous les matchs sont importants. C'est une compétition qui se vit en intégralité. La seule chaîne à proposer l'intégralité, c'est beIN. Ca va nous permettre - j'en suis sûr - de marquer une étape importante de la chaîne.

"Plus le PSG aurait été loin en Ligue des Champions, plus on aurait battu des records d'audience et potentiellement séduit de nouveaux abonnés" Florent Houzot

Vous attendez-vous à des records d'audience ?
Evidemment que le record de la chaîne sera battu. C'est clair et net. Sur quel match ? C'est un peu difficile à dire. Potentiellement, sans connaître l'affiche, peut-être que le quart de finale en exclusivité sur beIN Sports sera puissant. Mais presque tous les jours, pendant la Coupe du monde, nous battrons des records. Le fait que la compétition est co-diffusée sur un certain nombre de matchs ne sera pas un handicap, au contraire. Aujourd'hui, les abonnés regardent la Coupe du monde chez nous. Ils ne s'abonnent que pour beIN Sports. Ce n'est pas comme les bouquets de chaînes. Notre objectif est de réaliser des performances en audience, mais aussi d'aller recruter de nouveaux abonnés.

Vous avez une équipe de consultants très fournie. Comment va-t-elle se différencier de vos concurrents ?
On n'a pas besoin de se différencier. Nos abonnés apprécient nos commentateurs et nos consultants. Ils les retrouvent à longueur de semaine sur les différents championnats. Ca veut dire qu'ils sont très bien préparés. Ils connaissent tous les joueurs qui vont participer, à travers la Ligue 1, la Ligue 2, la Bundesliga, la Serie A, la Liga, la Ligue des Champions et la Ligue Europa. Ils vont prendre l'avion, arriver en Russie, se poser en position de commentateur et faire ce qu'ils savent faire. C'est pour ça qu'on n'avait pas besoin de nouveaux consultants pour notre dispositif. Le nouveau sur la Coupe du monde, c'est Arsène Wenger. Mais il l'a déjà été lors de l'Euro 2016. Il a l'habitude d'être au bord du terrain en tant que coach, il a cette vision intéressante dans l'analyse. On a des consultants dédiés aux commentaires et dédiés aux analyses. Tout ça est complémentaire.

Cette saison, beIN Sports a enregistré des records d'audience avec le Paris-Saint-Germain en coupe d'Europe. Le parcours du club parisien s'est arrêté brutalement face au Real Madrid. De quelle manière cela a-t-il impacté la chaîne ?
Plus le Paris-Saint-Germain aurait été loin dans la compétition, plus on aurait battu des records d'audience et potentiellement séduit de nouveaux abonnés. On a quand même réalisé lors des rencontres entre le Bayern Munich et le Real en demi-finale de très bons scores. L'idée est de continuer de progresser. On progresse avec des affiches prestigieuses. Après la Coupe du monde, l'objectif est de garder un maximum d'abonnés. On a toujours réussi à en garder une bonne partie. Les gens découvrent surtout la chaîne à travers des événements comme la Coupe du monde.

"C'est malheureux de perdre la Ligue des Champions et la Ligue Europa" Florent Houzot

La chaîne appartient à beIN Media Group dirigé par Nasser Al-Khelaïfi, le président du Paris-Saint-Germain. Avez-vous une totale liberté de parole pour évoquer le club de la capitale ?
On l'a toujours eue. Le président de beIN Sports France n'est pas Nasser Al-Khalaïfi, c'est Yousef Al-Obaidly. C'est lui qui dirige au quotidien la chaîne. Ce sont deux choses complètement séparées, la chaîne et le club. Si c'était deux choses liées, on aurait tous les matchs du Paris-Saint-Germain en diffusion en Ligue 1. Ce qui n'est pas toujours le cas. On est complètement indépendant éditorialement et financièrement.

Altice a récupéré les droits de la Ligue des champions et de la Ligue Europa pour la rentrée prochaine. Vous attendiez-vous à cette prise de Patrick Drahi ?
C'est le jeu ! C'est aussi le risque, la joie et le stress d'être sur une chaîne premium comme nous. On n'achète pas les droits pour 50 ans. Régulièrement, il y a des appels d'offre. L'essentiel est de continuer à offrir à nos abonnés une offre premium. C'est malheureux de perdre la Ligue des Champions et la Ligue Europa, mais on continuera à proposer à nos 3,5 millions d'abonnés une offre de qualité avec du football, mais pas que. On a un catalogue très riche de tennis, de handball, de la NBA, de la NFL. C'est ce qui fait le succès de beIN. C'est l'accumulation de tous ces sports-là. Puis, trois ans, ça passe très vite. On aura l'occasion de reconquérir ces droits quand ils reviendront sur le marché. Mais il faut aussi rappeler qu'on ne peut pas non plus acheter des droits à n'importe quel prix. Le but est de ne pas mettre en danger la pérennité de l'ensemble de la chaîne. On est installé en France dans la durée. Il faut une stratégie de long terme et regarder les acquisitions. On est confiant pour la rentrée.

"Tout le monde s'intéresse à la Ligue des Champions, tout le monde s'intéresse à la bagarre des droits et des diffuseurs. Moi, je n'entre pas dans ce cadre" Florent Houzot

SFR semble renoncer aux droits de la Ligue 1 remis en jeu le 29 mai prochain. beIN Sports va se positionner sur ces droits ?
Je n'ai pas de commentaires là-dessus. Tous les diffuseurs préparent un dossier qui sera transmis le 28 mai. Le 29 mai, on ouvre les enveloppes. Tout se fera dans ce calendrier-là. Nos dirigeants ont souvent montré que la Ligue 1 était quelque chose d'important.

Que pensez-vous du découpage des lots ?
C'est un découpage lié au marché. Il y a une volonté affichée par la Ligue d'augmenter les droits. De toute manière, le prix, comme dans n'importe quel business, c'est l'offre et la demande. On verra le 29 mai.

La somme d'un milliard d'euros circule dans la presse concernant le prix de ces droits annuels. C'est une somme extravagante, non ?
Il faut que ce soit le juste prix. Les diffuseurs doivent payer le bon prix. C'est comme ça qu'on s'installe sur la durée. Il ne faut pas juste voir cette échéance du 29 mai avec des chiffres mirobolants. Nous, à beIN, on souhaite être installé dans la durée. Pour être installé dans la durée, il faut que les différents acteurs soient raisonnables et raisonnés.

Avec l'arrivée de RMC Sport, n'y a-t-il pas trop d'offres sportives en France ?
Je n'ai pas d'analyse à dévoiler là-dessus. Aujourd'hui, beIN Sports continue d'avoir une offre premium et une offre régulière. Quand on s'abonne à une chaîne, il faut qu'on en ait pour son argent. Honnêtement, le catalogue de beIN Sports est riche et parfois même nos abonnés nous disent : "Y'en a trop ce week-end !". On a dix chaînes et parfois on a beaucoup plus d'événements que de chaînes. C'est ça notre force et ça continuera à la rentrée. Tout le monde s'intéresse à la Ligue des Champions, tout le monde s'intéresse à la bagarre des droits et des diffuseurs. Moi, je n'entre pas dans ce cadre.

"Comme un joueur de football, il ne faut jamais retenir quelqu'un qui a envie de partir" Florent Houzot

Aurez-vous des recrues à la rentrée ?
Depuis le lancement de la chaîne, on a une rédaction très fournie. Evidemment, on est attentif au mercato. Si on a des départs, il y aura des recrutements. Aujourd'hui, je suis fier de la rédaction que je dirige depuis 2012, avec des journalistes et des présentateurs connus et reconnus. La chaîne est une vitrine attractive pour les journalistes, pour les consultants, pour les abonnés. Moi, je le dis à mes équipes : la star à beIN, c'est beIN, ce sont les droits sportifs. En aucun cas, ce ne sont les dirigeants, les commentateurs, les journalistes. C'est un succès collectif.

Omar Da Fonseca serait en partance vers RMC Sport...
On a fait la présentation du dispositif de la Coupe du monde. Omar Da Fonseca sera en Russie pour beIN. Omar Da Fonseca est un malade de la Liga. On a les droits de la Liga pour plusieurs saisons en exclusivité sur beIN. Quand vous êtes passionné de sport ou que vous êtes un fan de sport à la télé, vous vous abonnez pour une chaîne qui vous en propose tous les jours. Le connaissant, Omar est un passionné de football au quotidien, jour et nuit. Il a besoin d'avoir des matchs à commenter toutes les semaines.

Il sera là à la rentrée ?
Il sera là à la rentrée et il sera là pour commenter son championnat favori, la Liga, qui est un championnat très important pour beIN Sport. Pour moi, Omar sera à beIN Sports. Encore une fois, je le répète, la star, c'est beIN Sports. Après, les uns et les autres choisissent d'aller vivre leur aventure. Beaucoup sont là depuis le lancement de la chaîne. Omar fait partie de beIN depuis 2012. Chacun fait ce qu'il veut.

Selon nos informations, Alexandre Ruiz serait également sur le départ cet été ?
Je ne m'amuse pas du tout à rentrer dans ce jeu du mercato. Pour moi, le mercato, ce sont des discussions qui font partie de la vie des entreprises, avec parfois des gens qui veulent partir. Aujourd'hui, il n'y a aucune discussion à ce sujet. Pour moi, il n'y a aucun problème. Après, comme un joueur de football, il ne faut jamais retenir quelqu'un qui a envie de partir. Mais contrairement à une équipe de foot où la force du club, ce sont les joueurs, là, la force de beIN Sports, ce sont les droits. Je ne veux pas commenter des rumeurs, à l'image de ce qu'on peut lire sur les joueurs ou les entraîneurs. Je sais que ça intéresse le petit monde du microcosme, c'est tout à fait normal.

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