"Le meilleur directeur des programmes de la place de Paris". "Un mec carré et volontaire". "Une grande perte pour France Télévisions". C'est en des termes très flatteurs que plusieurs producteurs de télévision évoquaient en off pour puremedias.com le départ de Thierry Langlois de France 3, qui a été officialisé ce matin par Rémy Pflimlin.
Des réactions unanimes car le directeur des programmes de France 3 quitte la chaîne avec un bon bilan. Depuis sa prise de fonctions en 2011, Thierry Langlois a mis fin à l'hémorragie des audiences de la chaîne des régions. Après une décennie de baisse ininterrompue et vertigineuse, la chaîne a stabilisé sa part d'audience à 9,7% en moyenne en 2011/2012 et à 9,5% en 2013.
Le patrimoine en avant
Sa stratégie éditoriale ? Des programmes nationaux ambitieux qui mettent en avant le patrimoine régional du pays. Facile pour "Des Racines et des Ailes", "Thalassa" ou "Midi en France". Moins pour la fiction, par exemple. C'est d'ailleurs pour défendre ce pré carré, menacé selon lui par France 2 et par le rapport Brucy, que le dirigeant aurait décidé de démissionner.
Se pliant aux restrictions budgétaires de France Télévisions, Thierry Langlois a réduit drastiquement le coût de la grille de la chaîne, remplaçant il y a un an les deuxièmes parties de soirées par "Le Grand Soir 3". Pour booster les audiences, il a poursuivi le rajeunissement l'access (déjà commencé avec "Slam") en lançant "Harry". Après ce bloc jeu, le "19/20" et "Plus belle la vie" ont assuré de bonnes performances dans cette case stratégique. Le samedi soir, face au surpuissant "The Voice", la case fiction fait bonne figure grâce à des stars du petit écran comme Véronique Genest ou Victor Lanoux. Autres succès de ces dernières années, les magazines "L'ombre d'un doute" de Franck Ferrand ou "Les Carnets de Julie" de Julie Andrieu.
Le tombeur de Viguier et de Lumbroso
"Non seulement c'est un bon concepteur de programme, mais en plus il est doué en programmation, c'est à dire qu'il sait diffuser les bons programmes au bon horaire", témoignait ce matin un producteur. "C'est un bon pro, digne des dirigeants du privé", reconnaissait un autre qui a apprécié la transparence mise en place lors des appels à projets pour la lancement de nouveaux programmes. "Les critères étaient clairs et ne changeaient pas en cours de route pour favoriser un producteur ami. En cas de doute, il faisait trancher par un panel. Et ce n'est pas toujours le cas à France Télévisions", ajoute-t-il.
Evidemment, cet homme à fort caractère ne s'est pas fait que des amis dans le groupe public. Il y a un an, il a écarté Daniela Lumbroso. Il jugeait "Chabada", l'hebdo musicale de cette animatrice réputée difficile à gérer, trop coûteuse pour la faible audience qu'elle enregistrait. Les cadres de la chaîne se souviennent de son bras de fer pour écarter Cyril Viguier ou son lobbying pour pour cesser les diffusions des "Questions au gouvernement" qui, à ses yeux, plombent ses après-midis.
"Il était dur, oui. Mais ses choix avaient le mérite d'être clairs. Quand il croit en un programme, il le soutient jusqu'au bout", explique un autre producteur client de la chaîne. Personne ne semblait inquiet aujourd'hui pour l'avenir professionnel du dirigeant, que la rumeur annonce chez Newen, le producteur de "Plus belle la vie". En revanche, on se montrait plus réservé pour France Télévisions, qui risque de rencontrer quelques difficultés pour lui trouver un remplaçant capable de se frotter aux nouveaux défis de la chaîne.
