Frédéric Moget, directeur général de Paramount France : "En 2022, toutes les étoiles se sont alignées pour nous"

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Frédéric Moget, directeur général de Paramount France : "En 2022, toutes les étoiles se sont alignées pour nous"
Par Benjamin Rabier Rédacteur en chef
Addict aux audiences, Benjamin Rabier a choppé le virus de la télévision grâce à la « Star Academy ». Intrigué par l’envers du décor, il a décidé d’en faire son métier. 20 ans plus tard, s’il ne rate (presque) jamais un prime de « The Voice », il peut vibrer devant une compétition sportive, se passionner pour un documentaire ou dévorer une série en un week-end.
"Top Gun : Maverick" : La bande-annonce du film avec Tom Cruise © Paramount
À l'occasion de la nouvelle sortie en salles de "Top Gun : Maverick" ce mercredi 7 décembre, Frédéric Moget, directeur général Paramount France, dresse le bilan 2022 du studio américain sur puremedias.com et dévoile les grosses nouveautés à venir en 2023.

"Top Gun Maverick", "Smile", "Le secret de la cité perdue", "Scream"... En 2022, Paramount a embelli la fréquentation des salles de cinéma à travers le monde. Chaque production du géant américain s'est soldée par un succès retentissant. Pour puremedias.com, Frédéric Moget, de directeur général Paramount France, dresse le bilan d'une année 2022 particulière et dévoile les ambitions de Paramount pour 2023.

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puremedias.com : Quel bilan tirez-vous de l'année 2022 de Paramount ?
Frédéric Moget : C'est une année où toutes les étoiles se sont alignées pour nous. On finit 2022 avec le plus gros succès en salles ("Top Gun Maverick"), avec la plus grosse comédie ("Le secret de la cité perdue") et avec les deux plus gros films d'horreur ("Smile" et "Scream"). C'est incroyable. Tout a fonctionné dans une année conjoncturelle particulière. Au-delà de défendre le cinéma comme on le fait depuis toujours, il y a ce sentiment d'avoir participé à cet effort collectif de faire revenir les gens en salles. Il y a cette idée de relais entre les studios pour faire revenir les gens en salles qui est presque émouvante. Le succès de "Top Gun Maverick" n'aurait pas la même saveur sans ceux de "Bac Nord, "Kaamelott" "Doctor Strange" ou encore "Spider-Man" avant lui.

Comment expliquer le succès de tous vos films dans une année compliquée pour le cinéma ?
Quand on travaille dans le cinéma depuis longtemps, on sait qu'il faut relativiser. On a une forme d'humilité par rapport au succès. Il reste toujours mystérieux. La vérité d'un jour n'est pas nécessairement celle du lendemain. C'est difficile d'identifier les critères du succès. Ce qui est sûr et ce qu'on a vu cette année, c'est qu'aujourd'hui la barre est plus haute pour convaincre les gens de se déplacer en salles. Depuis longtemps, la stratégie de Paramount est de se concentrer sur des gros événements avec une valeur cinématographique forte. Ça ne veut pas dire ne produire que des énormes films avec des budgets incroyables. "Smile" en est le parfait exemple. À l'origine, ce film était destiné à la plateforme. Quand Paramount a vu le film, ils ont décelé son potentiel. On a fait le choix collectivement de le sortir au cinéma mais aussi celui d'investir fortement dessus. Au final ça a marché au-delà de nos espérances. On pense même que le film a contribué à ramener du public en salles. "Smile" est devenu le plus gros film original sur ces dix dernières années. Qui sait ce que cela va créer comme nouvel univers.

Vous pensez que le genre horrifique va se multiplier sur grand écran ?
C'est possible. C'est une illustration de la force du cinéma : le côté immersif, où le spectateur est plongé dans le noir, concentré sur un écran, pas dérangé par son téléphone, qui fait donc plus peur. L'autre élément c'est l'expérience collective. La peur partagée avec des centaines d'inconnus. Il y a aussi l'élément social, beaucoup de jeunes vont voir ces films, vont boire un verre avant, en parlent après. Ça montre que ces fondamentaux du cinéma perdurent et que rien ne remplace la salle.

Ils ont dit
"'Top Gun : Maverick' nous a rappelés que notre métier c'est de donner du plaisir aux gens"
Frédéric Moget

On parle beaucoup ces derniers mois de repenser l'expérience salle. Qu'en pensez-vous ?
Repenser, je ne sais pas. Les fondamentaux qu'on évoque sont assez simples et sont toujours extrêmement puissants. Quand on voit le succès de " Top Gun Maverick", ça a été une évidence pour beaucoup de gens qu'il fallait le voir dans des conditions incroyables, donc en salles. L'élément évident c'est le spectacle mais il y a aussi le partage. Le côté trans-générationnel où des gens de 40/50 ans ont été voir le film avec leurs parents et leurs enfants. Les expériences différentes (Ice, 4DX, i-Max) ont également surperformé sur ce film.

Comment expliquez-vous le succès mondial de "Top Gun Maverick" ?
Il y a quelque chose dans ce film a qui donné du bonheur aux gens. Quand il est sorti, on s'est rendu compte que c'était vraiment un feel-good movie, que les gens sortaient des salles avec le sourire. Ça nous a rappelés, à nous studios, que notre métier c'est de donner du plaisir aux gens. Ce n'est pas rien.

Comment avez-vous travaillé la sortie de ce film en France ?
Le festival de Cannes a joué un rôle très important dans le succès de "Top Gun : Maverick". Cette image des avions de la patrouille de France au-dessus du tapis rouge avec Tom Cruise et toute l'équipe du festival qui regarde en l'air a fait le tour du monde... On a passé beaucoup de temps à trouver le bon angle car la patrouille de France, ça va très vite (il sourit). Après, on avait la chance que le film parlait pour lui. Dès qu'on a commencé à le montrer, il y a eu une sorte de buzz invisible qui a commencé à se mettre en place. Je ne sais pas si on a révolutionné les choses mais on s'est dit que c'était un film pour tout le monde, on ne voulait surtout pas se concentrer sur uniquement les gens qui avaient vécu le premier "Top Gun", donc on est allés parler de façon ciblé et spécifique à chaque cible. C'est du travail d'orfèvre. Au final, la France a surperformé dans le bilan mondial de "Top Gun : Maverick". On est parmi les plus gros pays, de très loin en Europe occidentale.

Ils ont dit
"Il n'y a aucune indication à ce jour qu'un "Top Gun 3" sorte un jour"
Frédéric Moget

Vous devez rêver d'un Top Gun 3 alors ?
Il s'est passé trente-six ans entre "Top Gun" et "Top Gun Maverick". Tom Cruise a toujours dit qu'il avait attendu d'avoir la bonne histoire à raconter pour se lancer dans une suite. Pour être honnête, il n'y a aucune indication à ce jour qu'un "Top Gun 3" sorte un jour. Par contre, collectivement, il y a clairement des questions à se poser sur la nouvelle narration du cinéma et sur les envies des spectateurs.

Qu'entendez-vous par là ?
Qu'aujourd'hui, le spectacle ne suffit plus. Il faut miser sur des bonnes histoires alliant du grand spectacle. Sur le line-up 2023, on a beaucoup de films dans cette veine. Du grand spectacle comme "Babylon" de Damien Chazelle avec Brad Pitt (en salles le 18 janvier 2023) ou simplement des expériences collectives comme les films familiaux qui fonctionnent car les gens ont toujours cette envie de venir en famille. Chez Paramount, on ne s'impose pas de limite, on analyse chaque film et on voit son potentiel.

Le cinéma est forcément réduit à devoir produire du grand spectacle selon vous ?
Non, quand vous regardez ce qui fonctionne aujourd'hui, il y a des films très spectaculaires mais aussi des films moins spectaculaires. Regardez "Simone" qui vient de dépasser les 2 millions d'entrées en France, c'est un vrai succès.

Ils ont dit
"Quand l'offre est là, les gens viennent"
Frédéric Moget

Les 10 plus gros succès de 2022 concentrent 30% des entrées de l'année. Y-a-t-il trop de films qui sortent chaque mercredi ?
C'est une situation compliquée à analyser. La concentration des entrées est un phénomène qui existe depuis des années. Est-ce que cette accentuation est liée à la période de transition que le cinéma vit ? Est-ce que la concentration est liée au fait qu'il y a trop de films dans l'absolu ou que des films dominent trop ? Ce qui est sûr, c'est que les gens ont été voir un nombre plus restreint de films dans une année où l'offre a été impactée. Je ne vois aucun exemple où les succès de ces films s'est fait au détriment d'autres. Le mois de septembre a été intéressant de ce point de vue-là, il y a eu très peu de gros films, et ça n'a pas profité à d'autres.. Que des films rencontrent leur public ou pas, ça a toujours été le cas. Le succès comme l'absence de succès ça reste mystérieux.

Quelles sont vos prévisions pour la fréquentation en salles en 2023 ?
Je suis optimiste. Il y a des éléments macroéconomiques qui s'expliquent simplement par le nombre de gros films qui sont sortis en 2022. Si on fait une analyse film par film, rien que chez Paramount, on a sorti "Sonic 2" qui a fait plus que "Sonic 1". Le premier "Top Gun" avait attiré 3,5 millions de spectateurs, là on fait 6,7 millions avec "Maverick". On a sorti un film d'horreur qui est devenu le plus gros film d'horreur de l'histoire Paramount. On a sorti "Tad l'explorateur 3", c'est devenu le plus gros succès de la franchise, on sort une comédie avec Sandra Bullock c'est la plus grosse comédie de la carrière Sandra Bullock. Quand l'offre est là, les gens viennent.

On dit beaucoup que les plateformes sont un frein à la fréquentation. Que répondez-vous ?
Pour moi, elles sont complémentaires. À une époque, on se posait des questions sur l'impact du DVD sur la fréquentation des salles de cinéma. Au final, pour le cinéma, le gâteau a grossi. Quand on faisait des études, on se rendait compte que les gens qui allaient le plus au cinéma étaient ceux qui achetaient le plus de DVDs. Quand un film était disponible sur Canal+, ça faisait remonter les ventes car on refaisait du bruit autour du film. On voit la même chose aujourd'hui. La plupart des gens qui regardent des films sur les plateformes sont des gens qui vont au cinéma. "Top Gun : Maverick" est un assez bon exemple. Aux États-Unis, quand le film est arrivé sur Paramount+ en septembre, il est remonté à la première place du box office. Ça a relancé la mécanique. Le contenu appelle le contenu.

L'autre débat de 2022 c'est la chronologie des médias avec des fenêtres de diffusion de plus en réduites. Cela peut-il avoir un impact sur la fréquentation des salles de cinéma ?
Dans les autres pays où les fenêtres sont plus courtes, les succès sont tout aussi forts. Je ne suis pas du tout inquiet là-dessus. Notre mission, c'est de rester concentré sur notre objectif : donner envie aux gens de se déplacer. On pense que quand ils ont vraiment envie, ils y vont.

Ils ont dit
"On croise les doigts pour que 'Donjons & Dragons' devienne une franchise"
Frédéric Moget

2023 commencera fort pour Paramount avec la sortie de "Babylon", le dernier film de Damien Chazelle avec Brad Pitt et Margot Robbie. Comment prépare-t-on une telle sortie ?
Sur ce type de film, on pense que la presse va jouer un rôle important. On compte évidemment sur un effet d'appel avec la prochaine cérémonie des Oscars. On pense qu'il va y avoir quelque chose de naturel et d'organique autour de "Babylon". Après, comme pour "Top Gun", nous souhaitons élargir sa cible à tous les spectateurs possibles. Donc on va aller présenter les différentes facettes du film à nos différentes cibles. En fonction des médias, des populations. Encore une fois c'est du travail d'orfèvre.

L'autre grosse sortie interviendra en mai avec l'adaptation du jeu culte "Donjons & Dragons"...
C'est un énorme enjeu pour nous. Je pense que c'est le début d'une nouvelle grande franchise pour nous. On parle de renouvellement de la narration, là pour avoir vu le film, il y a à la fois le spectacle car c'est un film à gros budget avec des effets spéciaux incroyables mais aussi une histoire vraiment travaillée. Puis il y a cet élément que les spectateurs attendent de plus en plus dans les grands films : l'humour. Ce film c'est un peu comme une rencontre entre "Les gardiens de la galaxie" et "Le Seigneur des anneaux".

C'est important pour un studio d'avoir une franchise aujourd'hui ?
Très. Je parlais tout à l'heure de la complémentarité entre le cinéma et les plateformes. Ces dernières peuvent être une prolongation d'univers. Avant la sortie de "Sonic 3" dans quelques mois, une série centrée sur l'un des personnages "Knuckles" sera disponible sur Netflix. Avant, on avait du mal à entretenir les univers entre la sortie de deux films, maintenant les plateformes permettent ce pont-là. C'est un cercle vertueux. On croise les doigts pour que "Donjons & Dragons" devienne une franchise. On a tout ce qu'il faut pour ça.

Tom Cruise sera de retour en 2023 avec "Mission Impossible 7". L'objectif est de faire mieux que Top Gun 2 ?
"Top Gun : Maverick" a été un événement énorme qui a redonné envie aux gens d'aller au cinéma mais qui a aussi redonné envie aux gens de voir ce type de film. Le plus gros film "Mission impossible" a fait 4 millions d'entrées. Il est évident que pour nous, l'objectif est que "Mission impossible 7" devienne le plus gros succès de la franchise. L'impact de "Top Gun : Maverick" sur la popularité de Tom Cruise est réel. Notre objectif est de convertir le succès de "Top Gun" avec ce nouveau film. On a aussi une opportunité à jouer car on compare souvent la franchise "Mission impossible" à celle de "James Bond" qui est au repos. On a vraiment une place à prendre.

Le 1er décembre, Paramount a lancé en France sa plateforme de streaming, Paramount+. C'est important pour un studio d'avoir sa propre plateforme aujourd'hui ?
Il y a une volonté d'être partout, de s'implanter dans les gros marchés à court terme. La France en fait partie. Les plateformes font aujourd'hui partie d'un cercle vertueux global. Le fait qu'elle s'appelle Paramount+ montre aussi l'importance de notre studio dans le monde du cinéma. On fait partie de ces marques qui parlent au public et qui les font rêver. Il n'y en a pas tant que ça aujourd'hui.

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