
C’est désormais officiel : Delphine Ernotte-Cunci entamera un troisième mandat à la tête de France Télévisions. L’Arcom, régulateur de l’audiovisuel, a annoncé ce mercredi 14 mai sa reconduction à la présidence du groupe public, pour cinq ans à compter du 22 août 2025. Une décision saluée par Rodolphe Belmer, PDG du groupe TF1.
Dans un message posté sur Linkedin, le dirigeant du groupe privé a exprimé son enthousiasme à l’idée de poursuivre cette collaboration au sommet du paysage audiovisuel français :"Je salue la décision de l'Arcom de confier à Delphine Ernotte Cunci un troisième mandat à la Présidence de France Télévisions", écrit-il. "En tant que Président du Groupe TF1, je me réjouis de pouvoir continuer à travailler dans les cinq prochaines années (au moins !) avec une partenaire à la fois exigeante, solide et attentive aux équilibres du secteur, portant une vision ambitieuse pour l'audiovisuel public et la création française. Je lui adresse, ainsi qu'à ses équipes, mes félicitations les plus amicales et chaleureuses ainsi que tous mes vœux de réussite dans la mise en œuvre de son projet pour le groupe public durant les années à venir."
Rodolphe Belmer milite pour la mise en place d’une "Filière" de l’audiovisuel français afin de faire face à la concurrence des plateformes internationales. Lors du Festival de la Fiction de La Rochelle en septembre, il appelait ainsi à la création d’un front commun des acteurs français pour défendre l’indépendance et le financement pérenne du secteur. "L’audiovisuel public est un acteur essentiel de l’écosystème français", martelait-il. Une démarche saluée à l’époque par Delphine Ernotte elle-même, consciente des défis budgétaires qui pèsent sur le service public, surtout depuis la fin de la redevance remplacée temporairement par une part de TVA.
Première femme à avoir dirigé France Télévisions en 2015, Delphine Ernotte devient aussi la première à entamer un troisième mandat. Pour cette reconduction, elle a été préférée à trois autres candidats : Frédérique Dumas, productrice et ex-députée, Irène Grenet, ancienne cadre de FranceTV Publicité, et Jean-Philippe Lefèvre, ancien responsable de Public Sénat. Un cinquième postulant, Serge Cimino, avait vu sa candidature écartée et dénoncé un "simulacre de procédure".
Dans son communiqué, l’Arcom a justifié sa décision par un choix de continuité dans un "contexte marqué par des incertitudes majeures", en soulignant "les résultats d’audience", "les engagements pris pour viser l’équilibre budgétaire" et "la stratégie numérique" de la dirigeante. Le projet présenté par Delphine Ernotte pour ce nouveau mandat s’intitule "Réconcilier". Une ambition qui s’inscrit dans une période de recomposition du service public audiovisuel, marquée par le projet gouvernemental de création d’une holding commune. Dans sa feuille de route, la présidente réélue entend "déparisianiser l’actualité", mieux représenter les catégories populaires, et continuer à structurer l’offre numérique autour de france.tv.
Fervente partisane de la réforme de l’audiovisuel public, elle soutient également le projet de holding, qu’elle qualifie "d’arme de dissuasion contre la privatisation". Si la réforme venait à aboutir, son mandat actuel pourrait être écourté. Elle pourrait alors devenir la première présidente de cette nouvelle structure chapeautant France Télévisions, Radio France, l’INA et possiblement France Médias Monde.
La dirigeante n’échappe cependant pas aux critiques, notamment de la part des syndicats. La CGT de France Télévisions pointe une forte détérioration du climat social au sein du groupe, dénonçant une politique d’austérité budgétaire qui aurait conduit à la suppression de "près de 1000 postes sur les 10.000" que comptait l’entreprise il y a dix ans.