
Delphine Ernotte-Cunci a-t-elle déjà gagné le match pour un troisième mandat de cinq ans ? L'actuelle présidente de France Télévisions fait en tout cas figure de favorite à sa propre succession. Elle, comme ses trois challengers, Frédérique Dumas, productrice et ex-députée, Irène Grenet, ancienne directrice générale adjointe de FranceTV Publicité, et Jean-Philippe Lefèvre, ex-directeur de l'antenne de Public Sénat, seront entendus par l'Arcom les 12 et 13 mai pour présenter leurs projets et échanger avec les membres du conseil. Le gendarme de l'audiovisuel "se prononcera sur la nomination" de l'heureux élu "à la majorité des membres qui la composent et à bulletins secrets au plus tard le 22 mai". En revanche, l'un des candidats à cette fonction s'est déjà fait une raison, et a d'ores et déjà été écarté de la course : Serge Cimino.
Le salarié de France Télévisions et délégué syndical du SNJ ne goûte que très peu à cette décision et a fait part de son mécontentement dans une tribune, publiée le 9 mai. Il y dénonce un "mépris de classe" de l'autorité de régulation alors que celle-ci a rejeté son recours pour "défaut de document". "Pourquoi serais-je en train de mentir sur un fichier manquant alors que je l’ai adressé, et que je fais œuvre de transparence depuis le début ? Pourquoi l’Arcom ne m’a pas prévenu immédiatement qu’il manquait éventuellement un document alors qu’entre la date limite et mon envoi il s’est écoulé 1h50 ? Comment comprendre que je sois évincé alors qu’on sait d’ores et déjà qu’une candidate retenue ne répond pas aux critères légaux, concernant l’âge limite pour être à la tête de France Télévisions ?", s'interroge Serge Cimino, vexé que l'organisation ne revienne pas sur son erreur.
Représentant syndical, le chroniqueur politique dans la matinale de Franceinfo insinue que son statut a joué en sa défaveur et évoque une "condamnation à mort sociale décidée en toute opacité". Opacité, un mot qui revient souvent dans ses propos visant "un simulacre de procédure". "Comment se fait-il que les dossiers des candidats se retrouvent dans la presse, avant les auditions ? Alors que la procédure est fermée de chez fermée, voilà que plusieurs médias ont publié des articles évoquant les projets des candidats. Moi j’ai publié le mien donc pas de souci, mais les autres ? L’Arcom soucieuse du respect de la procédure me concernant (je l’ai respecté) ne l’est plus pour la confidentialité des dossiers ? Plus que surprenant, déroutant même...", estime Serge Cimino.
À l'inverse - et sans surprise - l'Arcom a validé le dossier de Delphine Ernotte Cunci. Celle qui brigue un troisième mandat a officialisé sa candidature le 17 avril dernier dans un message adressé aux salariés de France Télévisions. "Je souhaite continuer à défendre notre média de service public à vos côtés, avec force et passion, au service de la maîtrise de notre espace démocratique, de notre souveraineté culturelle et de la réconciliation de la société française. J’ai plus que jamais la conviction que nos médias publics ont un rôle absolument déterminant à jouer (...) Voilà pourquoi j'adresserai aujourd'hui (jeudi) à l’Arcom (le régulateur de l'audiovisuel) ma candidature à la présidence de France Télévisions" faisait-elle savoir.