





Une résurrection. Bien connue des téléspectateurs de TF1 pour avoir incarner Chloé, la voisine sexy de la fiction "Nos Chers Voisins" de 2012 à 2017, Joy Esther revient sur le devant de la scène grâce à "Tout pour la lumière", nouveau feuilleton quotidien de 90 épisodes à découvrir dès ce lundi 16 juin 2025 à 17h30 sur TF1 et en avant-première sur Netflix depuis ce vendredi 13 juin 2025. À 41 ans et après une traversée du désert, la comédienne et chanteuse incarne avec justesse Victoria Vargas, une mère de famille qui va faire son retour dans sa ville de naissance, vingt ans après avoir tout plaqué du jour au lendemain. Un retour gagnant et touchant pour la comédienne qui espère bien donner un second souffle à sa carrière avec cette télénovela musicale qui s'inspire de "Glee" et "Un, dos, tres". Son retour à la télévision, sa carrière, sa collaboration avec Netflix, Joy Esther s'est confiée à Puremédias. Interview.
Propos recueillis par Benjamin Rabier
Puremedias : Comment êtes-vous arrivée sur ce projet ?
Joy Esther : Quand j’ai entendu parler du projet de série mêlant musique, chant et danse, j'ai appelé mon agent pour lui dire que je voulais passer des essais. Ce genre de projet n'existe pas en France, à part sur scène pour une comédie musicale. Quand on est comédienne et chanteuse, on a envie de mélanger les deux. J'avais tellement envie d'y participer que j'ai carrément envoyé des messages à la productrice sur Instagram. Je lui ai dit 'Bonjour, on ne se connait pas mais voyez moi, au moins en casting". J’ai fait le casting comme tout le monde et j’ai été prise.
Vous engager sur une quotidienne de 90 épisodes ne vous a pas fait peur ?
Non car dès le début, ils nous ont dit que c’était une saga d’été, que ça fonctionnerait par saison et que la diffusion se déroulerait de juin à octobre. C’est plus une saga d’été qu’une quotidienne qui s'étale sur toute l’année.
Vous êtes l'héroïne de la saison 1. Ça peut aussi faire peur de se dire que le projet repose en grande partie sur vos épaules...
Clairement, quand j'ai su que j'étais prise pour jouer Victoria, j'ai flippé. À l'époque de 'Nos Chers Voisins', j'avais un rôle principal, mais on était sept. On avait tous, plus ou moins, les mêmes jours de tournage. C'était une vraie série chorale. Là, clairement, les premières intrigues, ne sont que sur moi. En termes de sommeil et de charge de travail, je savais que ça allait être énorme… Et en même temps, je vais avoir 41 ans. 'Nos Chers Voisins', c'est rediffusé et archi-rediffusé à la télévision, du coup, je suis un peu bloquée dans ma carrière. Même si je ne cracherai jamais dans la soupe car ça a été fou de vivre cette période, j'ai toujours 27 ans dans la tête de beaucoup de gens. Sauf qu'aujourd'hui, j'en ai 41. Je rêvais d'un rôle comme celui de Victoria, d'un rôle de mère. Je suis devenue maman il y a deux ans et demi. J'ai mon âge, j'ai vieilli, je suis plus mature. C'était le bon moment pour moi. Ce tournage est salvateur pour moi sur plein de sujets.
"Comme 'Nos chers voisins" est archi-rediffusé sur la TNT, et c'est génial, je ne vieillis pas dans l'esprit des gens"
Joy Esther
C'était une deuxième phase de votre carrière ?
Je pense. Comme 'Nos chers voisins" est archi-rediffusé sur la TNT, et c'est génial, je ne vieillis pas dans l'esprit des gens. Il y a encore des gens qui me demandent encore, ‘ah, mais c'était bien, vous étiez dans l'immeuble hier’. Mais non, ça fait 8 ans que je ne suis plus dans l'immeuble en fait (elle rigole). Mais c'est normal. On leur sert tous les week-ends à la télé. On est rentrés dans le quotidien des gens avec cette série. Mais on a arrêté il y a presque 10 ans.
Personnellement, j'avais besoin de passer à autre chose. Même pour les gens du milieu c'est important. Depuis dix ans, j'ai tourné d'autres choses, j'ai fait des apparitions ici et là, et quand je voyais les journalistes, beaucoup me disaient que ce serait bien de me voir dans d'autres choses. En tant que comédienne, on est tributaire du désir de l'autre. Même les gens du milieu pensaient que j'avais toujours 25 ans. Et tout d'un coup, enfin, Céline François qui est notre productrice, me choisit pour incarner Victoria. Ça m'a et ça va beaucoup m'apporter, dans le sens où, ça y est, même si ‘Nos Chers Voisins’ est rediffusé et archi-rediffusé, en fait, je serai à l'antenne, avec mon âge, 41 ans, mère d'une fille de 15 ans. Voilà, je suis passée à autre chose. Et ça, c'est cool. Les gens vont me revoir et oui j'ai vieilli.
Est-ce que vous auriez joué de la même façon le rôle d'une mère de famille si vous n'aviez pas eu votre enfant il y a deux ans et demi ?
Je pense que dans mes yeux, ça s'est vu dès les essais. Il y a un truc qui a changé en moi. Je suis une maman. On n'a plus les mêmes priorités. Ma vie a complètement changé il y a 2 ans et demi. En plus, j'ai été maman à temps plein. C'est pour ça que cette série est un salvatrice pour moi. Je reprends ma vie de femme. Et de comédienne. Ma fille n'est pas avec moi. Elle est à Paris. C’est un choix de ne pas l'emmener ici à La Ciotat. Ma mère est venue d'Espagne pour s'occuper d'elle. Je remonte tous les week-ends à Paris pour la voir mais j'avais besoin de vivre pour moi. Même pour elle. J'avais besoin de couper. La maternité, c'est sublime, c’est magnifique mais on n'est pas que des mères. Je ne suis pas faite pour être une mère au foyer. Je suis en admiration devant les femmes au foyer qui s'occupent à 100% de leur enfant. Moi, je ne peux pas.
"J'ai dit aux jeunes acteurs : 'le premier qui pète un plomb, je lui mets une baffe'"
Joy Esther
La série, c'est aussi l'histoire de jeunes qui rêvent de la lumière. Vous êtes dans ce métier depuis plus de 20 ans. Quels conseils leur avez-vous donné pour ne pas se brûler les ailes ?
On en parle beaucoup avec eux. Les plus âgés, ceux qui ont eu des carrières avant Gilles Cohen, Michael Cohen, Lannick Gautry, Isabel Otero... Comme je viens de la comédie musicale et qu'on a le même effet de troupe, je me suis permise de leur en parler.
Moi, j'ai vécu tout ça à 19 piges, je sais l'impact que ça peut avoir. Et il n'y avait pas les réseaux sociaux. Nous avons été protégés. Je leur dis souvent ‘vous ne vous rendez pas compte’. On ne sait pas l'avenir d'un projet. On ne sait pas ce que ça va devenir. Nous, on pense que ça va être un carton et on l’espère. En tout cas, ce qui est sûr, c'est que leur vie va changer. Mais pour la plupart ce n'est pas palpable encore. Ça le sera quand la diffusion sur TF1 et sur Netflix va commencer. Après je leur ai dit, 'le premier qui pète un plomb, je lui mets une baffe'.
Après, je ne sais pas si c'est cette génération en particulier, mais ils ont la tête sur les épaules. Ils aiment faire la teuf mais ils sont très 'on fait nos sons dans nos chambres'. Il faut qu'ils gardent ça, qu’ils restent soudés, qu'ils se protègent du regard des autres, des réseaux... Nous, on n'avait pas ces problématiques-là. Aujourd'hui, pour un jeune artiste, c'est impossible de se débrancher. Moi, j'ai 40 piges, si on me dit 'je n'aime pas Victoria', je m'en fous. Quand tu as 20 ans, c'est dur.
Comment vous décriveriez votre personnage ?
C'est une nana qui a beaucoup de caractère. Elle a sorti un tube qui a cartonné il y a 20 ans et du jour au lendemain, elle a tout lâché. Pourquoi ? On le saura plus tard. Et elle a changé de vie. Pourtant, c'était sa vie la musique. Et je pense que j'aurais pu le faire. Parce que nos métiers, on le sait, c'est des hauts et des bas. C'est compliqué. Les gens voient 2% de gens qui réussissent mais 90% des intermittents du spectacle bossent à peine. On a du mal à finir les heures. Vraiment. Je l'ai vécu. Rien n'est jamais installé.
Etre diffusé sur TF1 et sur Netflix, en tant qu'acteur, c'est exceptionnel
Joy Esther
La série va être diffusée sur TF1 et sur Netflix. C'est jackpot pour vous, non ?
Au départ, je ne savais pas qu'il y avait Netflix aussi dans la boucle. Quand je l'ai su, on ne va pas se mentir… (elle ouvre grand les yeux)... être diffusée sur Netflix, en tant qu'acteur, c'est exceptionnel. Moi, par exemple, je n'avais pas la carte Netflix. J'avais passé des essais pour des studios concurrents mais pas pour eux. D'un coup, on rentre dans leur catalogue. C'est une exposition de malade. Ça donne aussi une modernité à la série. D'avoir deux diffuseurs, c'est quand même incroyable. On a qu'une hâte, c'est de voir l'effet qu'il va y avoir sur Netflix et l'effet qu'il va y avoir sur TF1. C'est quand même deux diffusions différentes. Même si je pense que les publics ne sont pas les mêmes.
On parle beaucoup des moyens ambitieux de "Tout pour la lumière". Comment le ressentez-vous en tant qu'actrice ?
Quand je suis rentrée la première fois dans les studios, que j'ai vu les décors, j'ai trouvé ça vraiment fou. Je pense aussi aux musiques. On a quand même des chansons de Billie Eilish, de Jamelia... C'est des droits qui coûtent très cher. Donc, tout d'un coup, ça donne un côté chic et moderne à la série.
Comment se prépare-t-on à jouer le rôle principal d'une série dont le tournage dure 5 mois ?
Je me suis mise en mode machine. Après l'accouchement de ma fille, donc il y a 2 ans et demi, je n'avais pas repris le sport. Quand j'ai décroché le rôle, j'ai pris un coach et j'ai fait 3 séances de sport par semaine pendant deux mois. Je peux vous dire que je n'étais pas bien après les premiers coachings (rire). Puis il y a les textes à apprendre. Tous les soirs, à 22h, j'ai tout éteint chez moi. Mon téléphone est en mode avion et je ne fais que réviser. Le train est devenu mon bureau. J'ai 6 heures chaque week-end entre Marseille et Paris, donc je bosse, je bosse, je bosse. Quand on est sur des projets comme ça, avec un rôle aussi important que le mien, si on n'a pas le texte, on est mort. On ne peut pas jouer. Et moi, je veux jouer et être libre de tout, de mon texte. Donc, je suis vraiment en mode école.
Vous êtes déjà engagée sur une saison 2 si ça marche ?
Moi, oui. Après, ce n'est pas moi qui décide.
Avec "Tour pour la lumière", vous revenez aussi à la musique. Est-ce un moyen pour vous de relancer votre carrière de chanteuse ?
J'avais vraiment mis la musique de côté. Je chantais pour moi, à part des featurings avec des potes ou quoi. Là, ça me titille. Mais pour l'instant, il n'y a rien de fait. Par contre, je parle avec des auteurs-compositeurs. Je veux prendre mon temps, je ne veux pas me précipiter.


