





Le soufflé est retombé au moment du verdict. M6 et la production de "Top Chef" avaient souhaité créer l'événement en communiquant sur le partenariat historique entre le célèbre concours culinaire et le Guide Michelin pour cette seizième saison. Pour la première fois dans l'histoire du programme, le lauréat de la compétition était susceptible de voir sa carrière exploser grâce à l'obtention d'une étoile pour son futur restaurant éphémère. Cette collaboration avait mis à mal la profession, partagée entre le fait de donner sa chance à de jeunes talents promis à un grand avenir et de voir ces mêmes candidats brûler les étapes. "Je trouve que cela donne un objectif aux gamins de faire encore meilleur ce jour-là. Donc c’est très bien", arguait Yannick Alléno, seize distinctions depuis ses débuts derrière les fourneaux.
Au contraire, d'autres têtes d'affiche du métier s'érigeaient contre cette mécanique inédite. Le premier à mener la fronde a longtemps fait partie de la maison M6. Même s'il a ensuite voulu atténuer ses propos, Michel Sarran, ancien juré du programme (2015-2021), a crié à l'injustice dans le magazine "Marianne" en fustigeant cette évolution qui tend vers le télé-crochet. "Pour obtenir l’étoile, on nous disait qu’on était jugé sur la régularité, l’identité du chef, la qualité du produit, les techniques… Mais aujourd’hui, c’est devenu la Star Ac", s'est désolé l'ambassadeur du terroir toulousain. Une opinion tranchée qui a trouvé écho chez plusieurs de ses confrères.
Mais la rebellion s'arrêtera là puisque Quentin Mauro, désigné grand lauréat de cette édition par un jury exceptionnel, n'a finalement pas obtenu la fameuse étoile. Le Savoyard de 25 ans a bien soulevé devant son entourage le couteau à la lame d'acier, synonyme de sacre. Il ouvrira donc bien son propre établissement sur la péniche servant de cuisine pendant la finale tout au long de l'été. Mais, il devra patienter avant de voir son travail récompensé de l'astre symbolique.
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Si sa "maîtrise", sa "créativité" et son "incroyable sensibilité" ont été soulignées par le directeur du guide rouge, Gwendal Poullennec, au moment du verdict, il aura manqué au jeune candidat un soupçon de régularité durant cette série d'épreuves oppressantes. "La constance dans la durée, c'est ce qui, parfois, nous a manqué. Vous l'avez compris, il n'y aura pas d'étoile pour ce restaurant éphémère, mais ça ne remet pas en cause votre talent", a déclaré le cadre, qui a donné rendez-vous au candidat sur la "route des restaurants étoilés". "Au nom des inspectrices et des inspecteurs, je tiens à vous remercier car vous leur avait fait vivre des moments extraordinaires et ils ont hâte de venir s'attabler dans votre restaurant pour suivre les évolutions du chef talentueux que vous êtes déjà", a ajouté le porte-parole de cette pelletée de fins palais masqués. Quentin a, lui, accepté le verdict avec beaucoup de philosophie. "J'ai que 25 ans, j'ai encore une longue route devant moi. Ça permet de garder la tête sur les épaules, c'est très bien comme ça", a-t-il estimé, heureux des mots entendus à son adresse. Il a désormais tout un été -et de longues années ensuite- pour convaincre ces mêmes inspecteurs de son potentiel d'étoilé.

