

Une voix dissonante a résonné au milieu de celles pestant contre l'attribution potentielle d'une étoile par le Guide Michelin au futur gagnant de "Top Chef". Alors que la principale nouveauté de cette saison 16 du concours culinaire de M6 suscite la controverse, Yannick Alléno s'est fermement opposé aux critiques de certains de ses confrères. De passage sur Europe 1, dans "Culture médias", le chef triplement étoilé a voulu tempérer la polémique. "Déjà, il faut remettre le contexte : c’est une étoile éphémère. C’est aussi une façon de saluer un bel ouvrage. On est dans un monde moderne, il faut s’ouvrir un peu l’esprit", estime celui qui a imposé plusieurs défis pas piqués des hannetons aux candidats du programme, les années précédentes. Le cuisinier réputé pour son exigence en a profité pour défendre l'une des références de la gastronomie : "Pour moi, le Michelin est un organisme extrêmement précieux pour la qualité de la cuisine. Le jour où il n’y aura plus de Michelin, tout le monde pleurera que la cuisine n’est plus au même niveau."
Lui qui cumule seize distinctions depuis ses débuts derrière les fourneaux a également voulu saluer "le travail assez remarquable" des inspecteurs de cette institution. Des experts anonymes qui viennent goûter les plats des candidats de cette édition, selon un dispositif bien rôdé. "C’est aussi montrer un pan du métier. Il y a la cuisine que l’on fait et il y a quelqu’un qui vient juger. Le client vient trouver quelque chose dans une assiette. C’est pour ça que l’on fait le voyage pour aller manger quelque part. Ils peuvent s’offusquer. Chacun est libre de ses opinions. Je trouve qu’au contraire, cela donne un objectif aux gamins de faire encore meilleur ce jour-là. Donc c’est très bien", argue Yannick Alléno, pourfendeur, comme Philippe Etchebest, de ce partenariat inédit.
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Depuis l'annonce fin janvier par M6 de l'association entre "Top Chef" et le Guide Michelin, plusieurs cuisiniers étoilés s'étaient érigés contre la mécanique inédite de cette saison 16 lancée le 26 mars dernier. Le fait que ce fameux sésame soit accordé devant les caméras de télévision, a donné quelques aigreurs à des fins palais renommés. Le premier à mener la fronde a longtemps fait partie de la maison M6. Même s'il a ensuite voulu atténuer ses propos, Michel Sarran, ancien juré du programme (2015-2021), a crié à l'injustice dans le magazine "Marianne" en fustigeant cette évolution qui tend vers le télé-crochet. "Pour obtenir l’étoile, on nous disait qu’on était jugé sur la régularité, l’identité du chef, la qualité du produit, les techniques… Mais aujourd’hui, c’est devenu la Star Ac", s'est désolé l'ambassadeur du terroir toulousain. Son opinion tranché a trouvé écho chez Yves Camdeborde, qui a dénoncé "l'irrespect du travail du cuisinier", ou encore chez Mohamed Cheikh, vainqueur de l'édition 2021.
Ce débat vampirise quelque peu l'enjeu de cette saison, qui laisse sur sa faim les téléspectateurs. Après un coup d'envoi correct mais bien inférieur à la précédente édition (2,12 millions de curieux contre 2,52 millions), ils étaient 1,80 million de fidèles à saliver devant les plats du troisième épisode, en première partie de soirée. Cela équivaut à 9,4% du public âgé de 4 ans et plus et 19,1% des FRDA-50. La seconde partie du programme a conservé l'attention de 1,53 million de gourmands, soit 11,4% du public et 21,6% des FRDA-50.