Le "13 Heures" de TF1, c'est désormais elle. Depuis le 4 janvier dernier, Marie-Sophie Lacarrau a pris les commandes du rendez-vous incontournable de la mi-journée sur la chaîne après 33 ans d'exercice assurés par Jean-Pierre Pernaut. Ce changement d'incarnation n'a pas eu d'effet dévastateur sur les audiences. Lundi encore, la journaliste en provenance de France 2 a réuni 43,1% du public, au plus haut depuis le mois de février. A date, le "13 Heures" a réuni en moyenne depuis le début de l'année 5,24 millions de téléspectateurs, soit 41,0% du public selon Médiamétrie contre 5,97 millions de fidèles (41,2% des 4+) à la même période l'année dernière. Une période qui avait été marquée par le premier confinement et par un nombre plus important de téléspectateurs. En 2019, de janvier à juillet, ils étaient 4,87 millions de téléspectateurs, pour une part d'audience de 40,8%.
Vendredi dernier, puremedias.com était dans les coulisses du "13 Heures" pour faire le bilan de ces six premiers mois en compagnie de Marie-Sophie Lacarrau. Un journal un peu particulier ce jour-là puisqu'il était marqué par le résultat du plus beau marché de France, Etaples-sur-Mer. Et par une apparition surprise de Jean-Pierre Pernaut pour un message d'encouragement...
Pourquoi ne pas avoir délocalisé votre 13 Heures vendredi comme cela était la tradition pour les résultats du concours du plus beau marché de France ?
C'était la 4e édition et sur ces quatre éditions, le journal s'est délocalisé seulement deux fois. On était dans une semaine un peu chargée en termes d'actualité avec ce variant Delta qui remonte, avec le débat sur la réforme des retraites qui remonte aussi... et nous ne voulions pas être en extérieur au cas où une grosse actualité se présenterait. Il y aussi le fait que sur les marchés, le masque reste obligatoire. Nous avons discuté de tout cela et décidé de nous caler sur ce qui avait été fait l'année dernière avec le présentateur du "13 Heures" qui reste à Paris et Dominique (Lagrou-Sempère, ndlr) qui incarne cette opération, qui se déplace... sur zone, comme disent les militaires (sourire).
C'est un regret pour vous d'avoir dû renoncer à votre premier journal délocalisé sur TF1 ?
Il y en aura un un jour. Cela aurait été bien sur cette opération, mais je ne suis pas du genre à avoir des regrets. Il y aura d'autres occasions. Et puis Dominique nous a bien fait vivre l'ambiance sur place.
Vous êtes à la tête du "13 Heures" depuis six mois à présent. Votre style est très commenté. Mais comment définiriez-vous le style Marie-Sophie Lacarrau ?
C'est toujours une question délicate (rires). Pour répondre à cette question, je me base sur les retours que me font les téléspectateurs. Visiblement, mon style est plutôt simple, chaleureux et je suis beaucoup dans l'empathie. Je cherche à expliquer, à accompagner et à m'installer dans une conversation avec eux. Je ne me vois pas comme la présentatrice qui vient donner l'information, mais je viens la partager avec eux. J'aime beaucoup les interpeller et les questionner dans mes lancements pour que l'actualité dont on leur parle résonne en eux et dans leur quotidien.
Votre style a-t-il évolué par rapport à la période où vous étiez à la tête du "13 Heures" de France 2 ?
Non. Je reste moi-même, je ne change pas à l'antenne. Peut-être que je suis dans une relation plus directe encore avec le téléspectateur. Ce "13 Heures" est tellement dans la proximité que je le suis peut-être encore davantage.
Le 4 janvier dernier, pour votre premier journal sur TF1, vous avez ouvert par un sujet sur la météo, en l'occurrence sur la neige à Uzès, dans le Gard. Etait-il envisageable d'ouvrir avec autre chose que de la météo ?
Oui, puisque quelques jours après, nous avons ouvert sur les événements survenus au Capitole aux Etats-Unis (des partisans de Donald Trump se sont introduits dans l'enceinte du bâtiment, ndlr). C'est amusant, parce que cette ouverture météo fait beaucoup parler. Je trouve qu'elle s'inscrit naturellement dans le journal. Contrairement aux autres chaînes, il n'y a pas de météo diffusée avant. Il est donc logique de donner la météo et derrière de décliner la météo qu'on vient de donner. Finalement, moi j'y trouve une logique. Maintenant, on la casse dès qu'une actualité s'impose. On a débuté avec des sujets sur la vaccination, sur le Covid... mais malgré tout on essaie de trouver une déclinaison à cette météo du jour qui est le sujet numéro un chez de très nombreux Français. Cela donne une couleur au journal. Et ensuite on déroule l'actualité du jour.
Etes-vous agacée par les railleries sur l'attachement du "13 Heures" de TF1 à la météo ?
Non, parce que je sais pourquoi nous le faisons. Mais ça revient souvent... (sourire).
Il y a plus d'intervenants en plateau que sous l'ère de votre prédécesseur Jean-Pierre Pernaut. Est-ce une demande de votre part ou une demande de la chaîne ?
Non, si demande il y avait, elle viendrait plutôt de moi. J'aime bien quand les journalistes viennent incarner l'information. Ca casse un rythme aussi dans un journal. Et j'aime que le "13 Heures" soit un journal où on donne des conseils, des bons plans... Ce journal, je le veux très ancré dans la vie quotidienne de nos téléspectateurs.
Six mois plus tard, le "13 Heures" de TF1 est-il devenu celui de Marie-Sophie Lacarrau ou l'ombre de Jean-Pierre Pernaut plane-t-elle toujours ?
Est-ce-que l'ombre de Jean-Pierre planera toujours ? Oui, peut-être. En tout cas, je ne me pose pas la question. Mais je pense que ce "13 Heures" me ressemble. Je le porte avec mes tripes, avec mon envie et énormément de plaisir. J'ai respecté sa ligne mais je l'ai aussi fait doucement évoluer avec de nouveaux rendez-vous comme "La bonne idée" pour mettre en avant ces initiatives prises à l'échelle d'une ville, d'un quartier ou d'une région et qui font du bien autour de nous. On est tout à fait dans notre rôle de journalistes avec cela. Autre rendez-vous, "Fait chez nous" pour mettre en avant des produits que le monde entier nous envie et qui sont fabriqués en France. J'aime mettre en avant les talents de nos régions.
Nous avons aussi lancé "Fiers d'être", qui se poursuivra à la rentrée avec nos correspondants qui revendiquent pourquoi ils sont fiers d'être de leur région. J'aime qu'on porte haut les valeurs qui sont les nôtres. Et je pense que le "13 Heures", c'est cela aussi : mettre en avant de belles dynamiques, de l'optimisme, des choses qui vont bien, qui se passent bien. Nous devons aussi être là pour porter cette France qui se bouge, qui avance, qui est fière de ses traditions et qui cherche aussi à les transmettre aux autres générations.
Les audiences du "13 Heures" de TF1 n'ont pas vacillé malgré le changement d'incarnation. Est-ce-à dire que le format de ce journal est plus fort que l'incarnant ?
Oui, bien sûr. Le format de ce journal est un produit particulier avec une ligne très affirmée et ce depuis des années. Il y a une puissance de ce journal. L'incarnant était très puissant aussi avant. Mais si je peux avoir une petite fierté, effectivement, c'est que les téléspectateurs ont continué d'adhérer à ce "13 Heures" avec moi à la place de Jean-Pierre. Ils étaient habitués à le voir tous les jours depuis 33 ans ! Ils m'ont accepté et maintenant, nous continuons d'écrire l'histoire ensemble.
Dans les courriers de téléspectateurs que vous recevez, est-ce-que certains vous écrivent qu'ils sont partis en même temps que vous de France 2 pour vous suivre sur TF1 ?
J'en ai eu oui.
Si je vous cite la date du 18 février 2021, est-ce-que ce jour résonne encore en vous aujourd'hui (date à laquelle le 13 Heures a été victime d'un énorme bug) ?
Oui ! C'était une situation incroyable.
Que vous pensiez ne jamais vivre ?
Je ne l'avais jamais envisagé. Quand on se rend compte du problème à quelques minutes de l'antenne, je suis persuadée qu'on va pouvoir tout rétablir. On fait des miracles tous les jours. Les reportages étaient là, ils étaient prêts, mais on ne pouvait pas les diffuser. Et non, il n'y a pas eu de petit miracle.
Qu'est-ce-qui se passe dans votre tête quand on vous annonce que la bonne tenue du journal sera impossible ce jour-là ?
Je me dis que je dois être à l'antenne pour expliquer ce qui se passe. On se devait de l'expliquer aux téléspectateurs. On aurait pu faire passer un déroulant, mais il valait mieux que la présentatrice soit présente. Je pense qu'on leur devait ça et je savais que ça bataillait dur derrière pour faire un journal. On s'est dit aussi qu'il fallait qu'il y ait un "13 Heures", même si c'était à 13h32. Et c'est ce qui s'est passé. Symboliquement, il y a eu un ce jour-là. J'ai eu une année très riche en émotions, je vous le confirme !
Jean-Pierre Pernaut a fait une apparition surprise dans le "13 Heures" de ce vendredi...
C'est moi qui lui ai demandé. Je souhaitais qu'il existe dans cette édition spéciale du plus beau marché.
Souhaitez-vous continuer à l'associer à l'avenir aux opérations spéciales du journal ?
Honnêtement, je ne me suis pas posé la question. En tout cas, on lui fait régulièrement des clins d'oeil. Il a récemment lancé un magazine dont on a parlé. Il existe tellement dans le coeur des téléspectateurs ! On ne me demande pas de parler de lui, c'est naturel. De la même manière que lui, en décembre, me faisait des clins d'oeil quand il lançait des sujets sur l'Aveyron. C'est vrai que cette transition est unique dans le monde des médias donc oui, ça donne ces petits moments à l'antenne. Peut-être que tout va trop bien (rires) !
Quel rapport entretenez-vous avec les réseaux sociaux ? Vous êtes présente sur Twitter et sur Instagram.
Je ne vais pas tout lire, je m'en protège. Je n'abuse pas de Twitter, j'y poste très peu.
Vous n'allez pas voir les réactions juste après la fin de votre journal ?
Jamais. Je ne l'ai jamais fait et je crois que je ne le ferai jamais.
Pourquoi ?
Parce qu'on sait combien les réseaux sociaux peuvent être dévastateurs et je ne veux pas me laisser atteindre par ça. Je préfère m'attacher aux courriers que je reçois et aux personnes qui m'interpellent directement. Et pas celles qui viennent poster un commentaire parfois rageur. Je n'ai pas envie de voir ça, donc je m'en protège. Je suis davantage sur Instagram, mais là c'est plus pour partager des moments avec une communauté comme on dit. J'aime partager les coulisses, des moments de vie, mais ça ne va pas plus loin. Je ne suis pas très active sur les réseaux.
Il y a près d'un an jour pour jour, vous étiez aux côtés de Julian Bugier sur France 2 pour présenter une édition spéciale 14 juillet. Il est aujourd'hui votre principal concurrent au "13 Heures". Etes-vous toujours en contact avec lui ?
On s'est envoyé des messages le matin du 4 janvier lui et moi pour se souhaiter bon courage à chacun. Et depuis, on ne s'est pas vraiment recontacté. On est pris dans un tourbillon. A peine nos journaux terminés, il faut déjà préparer celui du lendemain. Mais j'entretiens de très bons rapports avec Julian.
Quand vous voyez les petites critiques qu'il y a pu y avoir dans le camp d'en face, avec Laurent Guimier, le patron de l'info de France Télévisions qui a déclaré "Marie-Sophie n'est pas Jean-Pierre" ou Julian Bugier qui s'est réjoui de votre pépin technique du 18 février avant de s'excuser, qu'est-ce-que cela vous inspire ?
Je ne commente pas. Ce n'est pas moi qui ai dit ces choses-là.
Sur ces six derniers mois, quel est votre meilleur souvenir de "13 Heures" ?
La sortie du journal du 4 janvier. Quand je sors du plateau et qu'une grande partie de la rédaction est là, m'applaudit. J'étais très émue. C'était la continuité de toute la confiance qu'ils m'avaient fait ressentir depuis mon arrivée. J'ai ressenti ce jour-là beaucoup de chaleur, beaucoup d'entrain et ça m'a profondément touchée de voir à quel point cette rédaction et ces journalistes que je ne connaissais pas deux mois auparavant étaient là en soutien.
Pouvez-vous toujours regagner votre sud-ouest natal sans soucis malgré votre nouvelle notoriété ?
Oui. On me reconnaît davantage, mais je gère (sourire).
Vous partez en vacances vendredi, mais vous serez de retour sur TF1 dès le 14 juillet, pour co-présenter le fil rouge de l'édition spéciale, dans le Var, aux côtés de Denis Brogniart. Qu'est-ce-qui est prévu ?
Je serai avec Denis sur l'île du Levant pour présenter aux téléspectateurs une opération comme la télévision n'en a jamais filmée, vu l'envergure qu'elle aura. Avec Denis, nous serons en immersion et nous accompagnerons de très nombreux militaires des armées de Terre, de l'Air et de la Marine nationale. Les trois armées seront réunies et interviendront en même temps, filmées par la télé pour une démonstration exceptionnelle. Ce sera en direct.
Sur France Télévisions, vous étiez amenée à présenter des divertissements, tel que "Prodiges". Est-ce que cet aspect-là vous manque ?
Je ne dirais pas que ça me manque, mais j'y ai pris énormément de plaisir. On verra de quoi l'avenir sera fait. J'aimais beaucoup sortir du cadre rigoureux du JT. Avoir deux jambes, c'est toujours bien.
Avez-vous demandé à TF1 d'animer des divertissements ?
Non. On verra avec le temps. Je veux m'inscrire dans un temps long. Je ne suis donc pas pressée.
Avant même de partir en vacances, vous devez penser à la rentrée. Quand les téléspectateurs pourront-ils vous retrouver ?
Le 23 août.
Vous avez récemment annoncé une nouvelle formule pour votre "13 Heures". Sera-t-elle lancée dès la rentrée ?
Oui. J'ai envie d'un "13 Heures" dans lequel il y aura plus de repères pour le téléspectateur, donc on réfléchit à un nouvel habillage. Et nous lancerons quelques nouveaux formats pour continuer de mettre en avant nos territoires, nos régions, ceux qui y vivent, ceux qui ont plein d'idées et qui sont ambitieux et optimistes.
On peut imaginer un habillage façon chaîne info ?
Non, surtout pas. La double priorité doit rester l'image et le témoignage avec un bandeau mentionnant le titre du reportage.
Le générique va-t-il évoluer également ?
Non. Le changement sera à l'intérieur du "13 Heures".
Quels nouveaux rendez-vous souhaitez-vous lancer ?
J'aimerais un rendez-vous autour des jeunes talents de nos régions et des produits de saison. J'ai envie que le "13 Heures" reste très gourmand.
Ce sera aussi l'année de la présidentielle...
Oui. Je souhaite faire remonter les attentes qu'il y a sur le terrain. Que souhaitent les habitants dans nos régions, comment vont-ils juger les programmes des candidats...
A ce propos, il y a beaucoup de micro-trottoirs dans le "13 Heures" de TF1. N'est-ce pas une solution de facilité, voire le degré zéro du journalisme ? Pour vous, quel est l'intérêt d'un micro-trottoir ?
C'est d'exprimer ce que les gens pensent tout bas. Dans nos régions, beaucoup ont l'impression de ne pas être entendus, vus, écoutés. Avec les micro-trottoirs, comme vous les appelez, au moins, ils peuvent s'exprimer et faire remonter des ressentis qui sont importants et que nos politiques doivent entendre.
Vous ne vous interdisez donc pas d'y avoir recours fréquemment ?
Je ne me l'interdis pas du tout. Ce journal de "13 Heures", je le vois comme le journal de la vie. Après, tout dépend de comment vous écrivez "la vie". Ca peut être le journal de "la vie" et de "l'avis". Le "13 Heures" c'est ça. C'est un journal dans lequel on s'exprime beaucoup.
La saison prochaine sera-t-elle celle des journaux délocalisés ?
Si l'événement se présente, oui, on le fera. J'aime beaucoup cela. C'est bien aussi de sortir de nos murs et d'aller à la rencontre de nos téléspectateurs. Ca désacralise la fonction.