
Après avoir conclu un premier partenariat avec OpenAI en mars 2024, Jérôme Fenoglio (Directeur du « Monde ») et Louis Dreyfus (Président du directoire du « Monde ») viennent d'annoncer la signature d'un accord pluriannuel avec Perplexity, un nouveau venu dans le paysage numérique qui pourrait bien faire de l'ombre à Google. "Le Monde" rejoint ainsi d'autres grands médias internationaux comme "Der Spiegel", "El Pais" ou "Time Magazine", qui ont également conclu des accords avec la startup.
Fondée à San Francisco en 2022, cette startup américaine propose en effet un "moteur de réponse" : contrairement aux moteurs de recherche traditionnels qui renvoient une liste de liens, cet outil analyse les questions posées en langage naturel pour produire des réponses synthétiques, enrichies de liens vers les sources utilisées. L'entreprise, qui est en train de lever 500 millions d'euros supplémentaires, entend prochainement lancer son propre navigateur internet, qui viendrait directement concurrencer Google Chrome.
Comme l'expliquent Jérôme Fenoglio et Louis Dreyfus, "cet accord nous donne accès à Sonar, un moteur de réponse qui sera progressivement déployé, dans le mois qui vient, sur notre site et sur nos applications. Cette nouvelle fonctionnalité permettra ainsi aux lecteurs du Monde de disposer d’une expérience de recherche complémentaire de celle que donne un moteur de recherche classique". La nouvelle fonctionnalité permettra par exemple aux lecteurs de formuler des requêtes en langage naturel et d'obtenir des réponses générées uniquement à partir des contenus du journal.
L'enjeu pour le titre ? Attirer "une nouvelle génération de lecteurs, d'ores et déjà très tournée vers l'usage de ces technologies", tout en développant le référencement de ses contenus auprès des acteurs majeurs de l'IA, "un enjeu croissant" selon la direction du groupe.
Le journal insiste toutefois sur les garde-fous mis en place. L'intégration du moteur de réponse Sonar est "subordonnée par contrat à la fiabilité et à la pertinence de ces réponses" et serait retirée si elle ne répondait pas pleinement à ces critères. Par ailleurs, cet accord "n'entravera en rien la liberté d'enquêter de nos journalistes, sur le secteur de l'IA en général et sur Perplexity en particulier".
À la différence de l'accord signé avec OpenAI, cette collaboration avec Perplexity ne porte pas sur l'utilisation des contenus du "Monde" pour entraîner un modèle de langage. Il concerne uniquement l'exploitation des articles pour répondre aux questions des utilisateurs, avec insertion systématique d'un lien vers la source originale.
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Ce partenariat "rémunère Le Monde pour le référencement de ses contenus et reconnaît explicitement la valeur de cette production ainsi que la nécessité de signer un accord pour référencer nos contenus", soulignent les dirigeants du quotidien. Une précision importante, à l'heure où de nombreux éditeurs de presse luttent pour faire valoir leurs droits face aux plateformes numériques et aux acteurs de l'IA.
"Nous espérons vivement que les acteurs français et européens rejoignent cet élan et veillent ainsi au respect du droit d'auteur", écrivent en conclusion Jérôme Fenoglio et Louis Dreyfus. "Il serait paradoxal que seules des sociétés américaines signent de tels accords à la fois protecteurs et rémunérateurs pour les éditeurs." Reste à savoir si ces acteurs se montreront aussi disposés à signer de tels accords avec l'ensemble des éditeurs de contenus, et pas avec seulement quelques grands noms de la presse internationale.
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