





"J'ai profité de sa lumière pour rester dans l'ombre". En remportant cette 4e saison des "Traîtres" sur M6 ce samedi soir, Adil Rami n'a pas eu assez de mots pour Sophie Tapie, celle avec qui il a formé le duo fort des traîtres tout au long de la partie. À l'origine de toutes les stratégies et à l'aise dans l'art de manipuler les autres candidats pour parvenir à ses fins, la fille de Dominique (également candidate de l'émission) et Bernard Tapie a dirigé le jeu d'une main de maître. Éliminée lors de la table ronde finale, Sophie Tapie est sortie par la grande porte et n'a pas tout perdu, comme elle l'a confié à Puremédias.
Propos recueillis par Léa Stassinet
Puremédias : À la fin de l'émission, Adil Rami a eu de très jolis mots pour vous et a affirmé que c'était une victoire d'équipe. Est-ce qu'il a partagé avec vous la cagnotte de 44.000 euros remportée pour son association (l'association Léo, ndlr) ?
Sophie Tapie : Oui. On l'avait décidé en amont. On avait toujours dit que si on voyait qu'on n'y arriverait pas tous les deux, on mettrait en place une stratégie pour envoyer l'un ou l'autre au bout et que si on y arrivait, on partagerait bien évidemment les gains.
Vous aviez donc pensé à l'éventuel sacrifice de l'un de vous deux pour permettre à l'autre de gagner ?
Exactement. La stratégie que j'avais mise en place, c'était un ordre d'éliminations. C'est pour ça que j'ai gardé ma mère aussi, parce que je savais que, par intuition, elle n'irait pas à l'encontre de mes votes. Donc au premier tour, on faisait sauter Nico (Nicolas Leroy). Au deuxième tour, on faisait sauter Rose (THR). Au troisième tour, Anthony (Colette). Et à partir de là, on était en force parce que ma mère serait allée dans mon sens, Adil avait la dague (un double vote, ndlr), plus mon vote. Donc on aurait gagné tous les deux. Mais quand je vois qu'avant la table ronde, ce que je veux faire avec Nico ne marche pas, on a le temps de repasser dans la chambre, de se changer... Et là, je mets en place une stratégie où je me sacrifie exprès, où je m'habille très colorée, je fais un truc qui n'a jamais été fait, où je demande aux gens de tous voter contre moi. Parce que derrière, j'apprends que c'est une mort subite. Donc il n'y a pas d'autres échanges, c'est tout de suite un nouveau vote. Et je me dis que si je pars en premier, ils vont être tellement contents que derrière, ils vont faire n'importe quoi, ils vont complètement oublier de compter et vont oublier qu'il manque un traître. Et c'est ce qui s'est passé.
Dans cette saison, on vous a décrite comme stratège, manipulatrice... Mais ce qui participe à votre perte à la fin, c'est le fait d'avoir protégé votre mère Dominique pour la garder auprès de vous jusqu'en finale. Est-ce que, finalement, l'affect a repris le dessus sur le jeu ?
Il y a une part d'affect, évidemment. Je m'étais beaucoup donnée pour ce jeu donc j'avais envie de me faire un kiff et d'emmener ma mère en finale. Il y avait aussi l'aspect où, même si c'est un jeu, je n'arrivais pas à enfermer ma mère dans un cercueil (lors d'une épreuve, Sophie Tapie devait éliminer un candidat en fermant son cercueil avec des clous, ndlr), alors que 3 ans avant, je l'avais fait avec mon père pour de vrai. C'était très compliqué pour moi, l'image de ma mère dans un cercueil. C'était encore trop frais par rapport à mon père. Et puis c'était aussi une stratégie puisque je savais que ma mère ne voterait jamais contre moi. Donc je savais que j'avais un vote que je pouvais manipuler.
Donc sa présence n'était pas votre point faible dans ce jeu ?
Ça peut passer pour un point faible, mais moi, je trouve que c'est un point fort, au contraire. C'est une alliée, mais elle-même ne le sait pas. C'est naturel, c'est ma mère.
Lorsque vous éliminez Logfive, le troisième traître nommé au départ avec Adil Rami et vous, vous recrutez ensuite Liane Foly. À quel moment vous rendez-vous compte que vous avez fait une erreur (Liane Foly est éliminée moins de 24 heures après, ayant éveillé trop de soupçons, ndlr) ?
Dès le lendemain. Quand elle balance mon nom et celui d'Adil devant tout le monde. C'est-à-dire qu'elle éveille des soupçons sur nous qui n'existaient pas à ce moment-là. Et elle nous met deux cibles dans le dos. Je ne sais pas ce qu'elle a voulu faire en faisant ça. Je pense qu'elle a rien voulu faire, qu'elle l'a dit sans penser à mal, mais qu'elle n'a pas pris la mesure du poids que c'est d'être traître. Chaque mot doit être pesé toute la journée. C'est une charge mentale énorme de faire attention à ce qu'on va dire toute la journée.
Dans un post Instagram après son élimination, elle dit que vous êtes machiavélique, que vous êtes la commandante en chef et que vous ne vouliez pas accueillir de nouveaux traîtres. Comment vous l'avez perçu ?
Non, mais Liane, c'est une copine à moi. On se parle tous les jours sur Instagram. On s'adore. Donc le post, il ne parle pas de moi, Sophie Tapie, il parle de Sophie la traître, au sein du jeu. Les gens ont un petit manque d'intelligence sur ce programme. C'est fou de ne pas se rendre compte que c'est un jeu. Dans ce cas-là, il ne faut pas jouer au Monopoly avec son enfant parce que vous allez dépouiller votre gamin.
Justement sur les réseaux sociaux, vous avez été la cible de beaucoup de critiques virulentes. Vous ont-elles atteinte ?
Pas du tout. Les gens qui m'ont critiquée sur les réseaux sociaux, c'est les fans de Logan (Logfive, ndlr) qui ont été hyper déçus qu'il sorte aussi vite. À partir de la semaine suivant sa sortie, je n'ai plus jamais eu de critiques. Au contraire, j'ai été hyper encensée. Sur X (ex-Twitter, ndlr), il y a des sondages disant que je suis la meilleure traître des 4 saisons, parce que je suis celle qui va le plus loin. En fait, moi, j'ai joué ce rôle à la télé comme je l'aurais joué dans mon salon. J'en ai rien à foutre (sic) de ce que les gens pensent de moi. Mon image, elle a été faite bien avant cette émission. J'ai rien à prouver. J'ai pas besoin de récupérer des gens. Ma communauté me suffit largement. Si certains me découvrent et me trouvent drôle, intéressante, folle, tant mieux. Ils sont les bienvenus. Et puis ceux qui ne comprennent pas... J'en ai vraiment rien à faire. Je ne suis vraiment pas quelqu'un qui fait attention à son image.
Est-ce que malgré tout, vous avez des petits regrets, des moments où vous vous êtes dit : "Peut-être que là, j'y ai été un peu fort" ?
Pas du tout. Pas une fois je me suis dit ça. Encore une fois, on est dans un jeu. Si je dis que quelqu'un est bidon, c'est au sein du jeu. Je ne dis pas que dans son métier de tous les jours il n'est pas bon. Dans son rôle, qu'elle soit loyale ou traître, si je trouve que la personne est nulle, c'est que son jeu est nul. Ce n'est pas la personne qui est visée.
Pendant le tournage, vous étiez enceinte de 7 mois et demi. Comment avez-vous vécu physiquement cette aventure intense, encore plus pour les traîtres qui doivent se lever la nuit ? La production avait-elle mis en place des pauses plus régulières pour vous ?
Non, j'ai été logée à la même enseigne que tout le monde. Et c'était une envie de ma part. Moi, soit je fais les choses à fond, soit je ne les fais pas. Donc, il n'y avait pas de raison que j'aie un traitement de faveur. Je n'ai jamais été aussi fatiguée de toute ma vie, parce qu'en plus, j'avais mon fils avec moi (César, né en janvier 2024, ndlr). En gros, on rentrait dans la chambre, il était 21h30. Moi, je ressortais (pour le conseil des traîtres, ndlr), il était 22h30. Je rentrais dans ma chambre, il était minuit. Sauf que Nico (Leroy) était dans la chambre à côté. Du coup, je n'osais pas me doucher en rentrant parce que j'avais peur que ça éveille les soupçons. Je mettais donc mon réveil une heure plus tôt, à 5h du matin, pour pouvoir me laver, m'occuper de mon fils, et après aller tourner toute la journée.
Il y a un épisode dans lequel vous êtes absente pour "raisons de santé". Que s'est-il passé ?
J'ai été hospitalisée. On m'a emmenée aux urgences, à 1h30 du château. La personne qui m'a auscultée a dit qu'il était hors de question que je tourne pendant les 24 prochaines heures. Et finalement, j'ai tourné le soir quand même. Ils avaient écrit que s'il se passait quelque chose, ils ne seraient même plus assurés de quoi que ce soit parce que médicalement, je n'étais pas apte à tourner. C'est pour ça que j'ai une tache rouge dans l'œil d'ailleurs. C'est la fatigue en fait. J'ai les vaisseaux sanguins qui pètent tellement je suis fatiguée.
Physiquement, ça a été très intense. Psychologiquement, aussi ? Est-ce que vous avez ressenti le besoin de faire appel à la psychologue mise à disposition par la production ?
Non, encore une fois j'ai toujours pris ça pour un jeu. Je n'ai pas eu besoin de m'épancher, je n'ai pas eu de problème avec ma conscience. Psychologiquement, je n'ai eu besoin de rien. Si ce n'est que j'avais le cerveau qui fumait parce que j'étais tout le temps en réflexion, en train de me dire "est-ce qu'on fait ça, lequel on sort après, qu'est-ce qu'on fait ?". Moi, j'étais juste en mode warrior qui veut gagner un jeu à tout prix pour pouvoir payer une partie des dettes de la SPA de Bayonne (l'association pour laquelle elle jouait, ndlr). Moi, je ne pensais qu'aux animaux. Les humains qui étaient dans le jeu, je savais très bien qu'ils allaient sortir, que ça n'allait pas changer leur vie. Alors que moi, je savais que si je gagnais un peu de sous, ça pourrait changer la vie de beaucoup d'animaux à Bayonne.
Avant le tournage, connaissiez-vous déjà personnellement certains candidats ?
Le seul que je connaissais d'avant, c'était Adil. Et Liane un peu, mais mon vrai pote, c'était Adil. Donc ça tombait bien qu'on soit traîtres tous les deux.
Est-ce que l'émission a changé vos rapports ?
Le jeu a renforcé nos liens. Vu le parcours qu'on a fait tous les deux, ça ne pouvait que les renforcer. On a eu chaud tous les deux. Et c'était incroyable, parce qu'avec Adil, à la fin, on ne se parlait qu'avec les yeux. C'est-à-dire qu'on communiquait, j'entendais tout ce qu'il me disait, c'était de la télépathie (rires). Moi, très souvent à la table ronde, je lui envoyais des messages quand je prenais la parole. Par exemple, quand j'explique que Liane nous a accusés, je lui annonce devant tout le monde à la table ronde. Je le regarde d'une manière qui veut dire "vas-y, tu as compris ce qu'il faut qu'on fasse" (à savoir éliminer Liane Foly, pourtant traître, ndlr). Mais de toute façon, Adil et moi, on était mieux en couple qu'en trouple (rires).
Avez-vous fait de belles rencontres avec d'autres candidats, que vous voyez par exemple encore aujourd'hui ?
Je viens de raccrocher avec Anthony à l'instant ! On est resté une heure au téléphone ensemble. Anthony, c'est ma découverte amicale de l'année. Vraiment, on se parle tout le temps, on s'adore. En fait dans le jeu, il a eu le syndrome de Stockholm avec moi. Depuis le début, il a des soupçons sur moi, sauf que personne ne l'écoute. Et heureusement pour moi. Mais en fait, c'est celui qui est le plus clairvoyant de tous les candidats de ce jeu depuis le début.
Il avait des doutes mais n'est jamais allé jusqu'à voter contre vous avant la finale...
Mais c'est parce qu'il n'a pas confiance en lui ! Et moi, je lui ai dit "tu vois, ce jeu, il est hyper révélateur. Il faut que tu aies plus confiance en toi dans la vie parce que tu as bon partout".
Vous êtes aussi restés en contact avec d'autres ?
Hugo et Jade Leboeuf, ils sont géniaux. Avec Jade, le peu qu'on s'est vues (elle a dû abandonner en cours de tournage, ndlr), on a beaucoup échangé sur nos rôles de maman. Nico (Leroy), c'est un mec exceptionnel. Rose (THR), c'est une fille hyper intelligente que j'adore. Alizé (Cornet), elle est venue chez moi à Biarritz. C'est surtout le petit groupe de finale duquel je suis restée proche. Ce petit groupe avec Antho, Nico, Alizé, Rose, ma mère et Hugo Leboeuf.
Pourquoi avez-vous décidé de faire ce jeu au départ ? Vous n'appréhendiez pas les répercussions sur votre image ?
Parce que j'avais envie de m'amuser avec ma mère. Je ne l'aurais peut-être pas fait toute seule. Je ne l'aurais sûrement pas fait si mon père était encore vivant. Mais je ne pensais pas que ça aurait une telle répercussion positive sur moi. On a toujours dit que je ressemblais à mon père. Et moi, je ne suis pas du tout une "fille de" qui a un problème d'Œdipe, qui vit dans l'ombre de son père. Plus on me dit que je ressemble à mon père et plus ça me fait plaisir. Je ne suis pas en concurrence avec lui. Et quand on me dit "Bravo, qu'est-ce que tu ressembles à ton père !", je le prends comme un putain de compliment. Et sur ce jeu, je trouve qu'il y avait matière (rires).
Est-ce que depuis la diffusion, vous êtes davantage sollicitée pour de futurs projets ?
Je vais sûrement avoir un rendez-vous prochainement avec le groupe M6. J'aimerais beaucoup travailler avec eux. Je ne sais pas exactement dans quoi mais j'aimerais garder ce rôle, pas de méchante, mais dans les Disney, j'ai toujours voulu être Ursula, jamais la petite sirène. Je trouve qu'il y a beaucoup plus d'aspérité chez les vilains. Ce ne sera pas ça, mais j'aurais adoré animer un "Maillon faible" ou une "Île de la tentation" mais beaucoup plus spicy, où on met de l'huile sur le feu. La télé, ça fait un moment que j'en ai pas fait, et j'avais adoré cet exercice. Et M6 est une chaîne jeune, donc ça me plairait d'animer et de collaborer avec eux.