Télé-réalité : 10 ans de succès… et d’échecs

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Télé-réalité : 10 ans de succès… et d’échecs
Par Julien Lalande Journaliste - Directeur de la publication
Julien Lalande est journaliste pour puremedias.com. Passionné par le monde des médias depuis de longues années, il a co-fondé le site en 2002 lorsqu'il était encore étudiant.
Le studio de Loft Story, le 26 avril 2001.
Le studio de Loft Story, le 26 avril 2001. © Crédits : Abaca
Une décennie jour pour jour après le lancement de Loft Story sur M6, puremedias.com revient sur 10 ans de succès et d’échecs de la télé-réalité en France.

Il ne suffit pas de mettre quelques anonymes dans une piscine pour faire de l'audience. Dix ans jour pour jour après le lancement de Loft Story, des dizaines de formats du genre ont été mis à l'antenne en France. Et si la télé-réalité effectue un retour en grâce ces derniers mois (Cauchemar en cuisine, X-Factor, Qui veut épouser mon fils ?, Premier amour, Une semaine sans les femmes, Carré Viiip, etc.), ce genre audiovisuel venu tout droit des Pays-Bas - pays d’origine de John de Mol, le fondateur d’Endemol - n'affole pas toujours l'audimat. Un temps, la télé-réalité avait même disparu des antennes… Retour sur 10 ans de succès et d’échecs de la télé-réalité en France.

Le carton Loft Story



Une blonde, un blond et une piscine. Tout commence le 26 avril 2001. Quelques mois auparavant, tous les patrons du PAF avaient exclu d’importer la télé-réalité en France. Pourtant, ce jour-là, M6 et Endemol lancent Loft Story, un programme directement adapté de Big Brother. En coulisse, quelques visages désormais connus sont aux commandes de l’émission, dont Angela Lorente (directrice de la télé-réalité de TF1 aujourd’hui) et Alexia Laroche-Joubert. Pour présenter cet OVNI télévisuel, la Six débauche Benjamin Castaldi alors animateur sur TF1. Dès son lancement, l’émission est un succès. Les galipettes de Jean-Edouard et Loana affolent l'audience : alors que M6 réunit habituellement 13% à 14% du public, le lancement de l’émission attise la curiosité de plus de 5,2 millions de téléspectateurs, soit 26% du public. Pendant 10 semaines, l’émission réunira chaque jeudi à 20h50 plus de 6,8 millions de téléspectateurs. Des scores exceptionnels pour la chaîne. La finale battra tous les records : 7,3 millions de téléspectateurs soit 50% du public et 64% des ménagères de moins de cinquante ans ! Un pic d’audience sera même observé à 11,7 millions de téléspectateurs lors de la révélation du nom des gagnants... du jamais-vu pour M6 ! L'émission, qui déchaîne les passions, fera même la Une du quotidien Le Monde...

Les diesels Star Academy et Popstars



Face au succès incroyable de la Six, TF1 se lance dans le bain et décide d’adapter Survivor, rebaptisé Koh-Lanta. La Une reste prudente : elle opte pour une diffusion en access le week-end durant l’été 2001. Le succès est là aussi au rendez-vous : 4,6 millions de téléspectateurs suivent la première saison, soit 40% du public. Etienne Mougeotte, alors patron des programmes de l'époque, décide de basculer les saisons suivantes en prime time avec le succès que l’on connaît : Koh-Lanta est l’émission de télé-réalité la plus longue du PAF. Depuis 2001, son succès n'a jamais été démenti.

Quelques semaines plus tard, en octobre 2001, TF1 et Endemol proposent la première télé-réalité musicale d'enfermement Star Academy. Les débuts sont calamiteux : 5,4 millions de téléspectateurs pour la première pour seulement 30% de parts de marché, une contre-performance pour TF1 qui avait l'habitude dans les années 2000 de flirter avec les 40% de parts de marché en prime-time. A l’époque, de nombreux journaux parlent d’échec industriel et parient sur un retrait rapide du programme, l’audience de l’émission s'écroule même une semaine plus tard à 24%. C'était sans compter sur l’obstination d’Etienne Mougeotte qui croit dur comme fer à la Star Ac'. Le vice-président de TF1 s’est personnellement investi dans le format aux côtés de sa productrice, Alexia Laroche-Joubert. A partir de la septième semaine, le programme s’envole enfin, atteignant les 7 millions de téléspectateurs. Semaine après semaine, l’audience progresse pour finalement réunir 11,9 millions de téléspectateurs lors de la finale qui oppose Jenifer à Mario, avec même un pic à 13,9 millions ! L’émission est un réel succès jusqu’en 2005-2006 : le programme est alors victime d’une véritable érosion de ses audiences. En 2008, Endemol revisite en profondeur le programme sans succès,TF1 décide alors de stopper son émission.

M6 veut aussi sa télé-réalité musicale. Elle lance à la même époque (rentrée 2001) Popstars. L’émission connaît le même destin que Star Academy : après un départ poussif (3 millions de téléspectateurs et 13%), l’audience progresse sensiblement pour culminer à 5,7 millions de téléspectateurs (23,5%) lors de la formation des L5. Comme la Star Ac', Popstars s’essouffle, mais plus vite. La troisième sera la dernière, en 2003. Quelques mois plus tard, en mars 2003, M6 dégaine alors Nouvelle Star. Si la première saison ne casse pas la baraque, Nouvelle Star progresse au fil des années, passant d’une moyenne de 3,2 millions de téléspectateurs en 2003 à 4,9 millions de téléspectateurs en 2006, elle devient très populaire auprès d'un certain public. En retombant à 3,3 millions en 2010, l’émission est déprogrammée au profit de X-Factor. TF1 devrait également revenir à la télé-réalité musicale la saison prochaine avec The Voice (lire notre brève).

Les échecs Nice People et Les Colocataires



En 2002, M6 et Endemol lancent la deuxième saison de Loft Story. Si l’émission réalise de fortes audiences (5,5 millions de téléspectateurs en moyenne, soit 26% de parts de marché), elle ne sera pas renouvelée. La décision n’émane pas du diffuseur mais du producteur, Endemol. M6 poursuit alors la société de production en justice pour « refus de vente ». Quelques semaines plus tard, en avril 2003, TF1 lance – ô surprise – une émission similaire produite par… Endemol. Il s’agit ni plus ni plus d’un Loft Story dont les participants sont issus de plusieurs pays européens et dont l’action ne se situe pas à Paris, mais à Nice. Si l’émission de lancement est un grand succès (35%), les audiences chutent dès la semaine suivante pour ne plus jamais repasser au-dessus de la barre des 30%.

En 2004, M6 met à l’antenne Les colocataires, une télévision d’enfermement produite par la chaîne. Là aussi, après un lancement satisfaisant (3,3 millions et 18%), le programme est boudé, réunissant seulement 1,5 million de téléspectateurs pour sa finale, que M6 décide même de programmer un samedi après-midi. Ces deux échecs successifs signent la fin des émissions de type Big Brother jusqu’au lancement de Secret Story, en 2007 sur TF1. Considérant le genre comme plus assez fédérateur, la chaîne ne diffuse plus le programme en prime time mais en deuxième partie de soirée. La chaîne épuisera la concept avec Carré ViiiP en 2011, où 8 anonymes affrontent à 8 célébrités. C'est du jamais vu pour une télé-réalité en France : moins de 15 jours après son lancement, l'émission est déprogrammée en raison d'audiences insuffisantes et les candidats sont priés de rentrer chez eux.

Les émissions avec les stars



La télé-réalité d’enfermement ne parvenant plus à rassembler un large public, TF1 suit la tendance à l’international en faisant appel aux célébrités. C’est ainsi qu’au printemps 2004, elle lance La Ferme célébrités. Le programme est un succès : 8,5 millions de téléspectateurs pour le lancement et une moyenne de 6,9 millions. Un an plus tard, TF1 arrête l’émission après une deuxième saison en sensible retrait : 5,8 millions de téléspectateurs en moyenne. Malgré tout, début 2010, la nouvelle direction de la Une relance le format avec, à la clef, un bel échec d’audience.

Autre émission du genre : Première compagnie. Le programme n’a connu qu’une saison en raison de ses piètres performances : 6,4 millions de téléspectateurs. Surtout, l’audience chutait de semaine en semaine. Un an plus tard, TF1 persiste avec Je suis une célébrité, sortez moi de là, une télé-réalité très ramassée dans le temps (moins de deux semaines de présence à l’antenne). Malgré son caractère événementiel (l’action se situait dans la jungle brésilienne), les audiences sont décevantes et TF1 doit même s’incliner face à France 2 lors de la finale de l’émission.

Les émissions de séduction



Durant l’été 2002, TF1 et M6 s'affrontent avec deux émissions de télé-réalité se basant sur la séduction. TF1 avec L’île de la tentation, M6 avec Opération séduction. La première est arrêtée six ans plus tard non par soucis d’audiences (qui passent de excellentes au début à satisfaisantes au fil des années) mais pour des questions éditoriales. Devenu PDG de la chaîne, Nonce Paolini entend « moraliser l’antenne et mettre fin à un programme coûteux ». La seconde, qui avait les honneurs du prime time contrairement à L’Ile de la tentation, est stoppée après trois éditions. Les audiences débutent à un bon niveau avant de s’effondrer en 2004, passant même sous la barre des 10% de parts d’audience.

M6 a également adapté le format Bachelor. Programmé en prime dès 2003, l’émission est un joli succès à ses débuts, réunissant parfois plus d’un téléspectateur sur cinq. Mais la troisième saison enregistre des scores en demi-teinte en 2005, signant ainsi l’arrêt du programme. Depuis quelques mois, TF1 a relancé le genre avec L’Amour est aveugle et Premier amour, mais son plus gros succès est sans nul doute Qui veut épouser mon fils ? L'émission enregistre des audiences croissantes au fil des semaines et fait l'objet d'un engouement remarquable. M6 devrait revenir sur ce type d'émissions dans les prochains mois (lire cliquez ici) après un projet avorté qui devait être à l'antenne l'été dernier (lire la brève).

Les émissions de bluff



En 2003, TF1 inaugure avec Greg le millionnaire, une émission basée sur le mensonge : le héros du programme est présenté comme un millionnaire à la recherche du grand amour. L’émission connaît un beau succès avec 4,7 millions de téléspectateurs chaque vendredi à 22h30. La suite, intitulée l’été suivant Marjolaine et les millionnaires, connaîtra moins de succès avec 3,9 millions de téléspectateurs.

La même année, M6 tente de profiter de l’engouement autour de ce type de programmes avec une émission produite par Benjamin Castaldi et animée par Pierre Dhostel, alors animateur de la Six. Programmé en prime time, Gloire et fortune, la grande imposture est un échec avec seulement 2,6 millions de téléspectateurs et 11% de parts d’audience. Le plus gros succès du genre est, sans conteste, Mon incroyable fiancé, l'été 2005. L’émission met en scène le comédien Laurent Ournac associé à une jeune femme qui ignore qu’il est de mèche avec la production. Ensemble, ils doivent faire croire à tout le monde qu’ils vont se marier. La comédie est un énorme succès chaque vendredi à 22h30 avec une moyenne de 6 millions de téléspectateurs (43%). Un pic d’audience à 10,3 millions de téléspectateurs est même observé pendant la finale, vers 23h. En 2009, la nouvelle direction tente de relancer le format en pariant cette fois sur un mensonge basé sur l'homosexualité. Si les audiences sont honorables, TF1 décide de ne pas commander de troisième saison.

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