puremedias.com au rythme de Moscou. A l'occasion de la Coupe du monde de football en Russie du 14 juin au 15 juillet, les personnalités de l'univers du ballon rond se confient pendant un mois pour parler du mythique tournoi de football et de leurs actualités à la télévision ou à la radio. Ainsi, Thomas Thouroude, animateur de "Y'a pas péno" sur Europe 1, a répondu à notre sollicitation.
Propos recueillis par Florian Guadalupe. Entretien réalisé le 22 mai.
Partie Coupe du monde
puremedias.com : Quel est votre meilleur souvenir d'une Coupe du monde ?
Thomas Thouroude : En tant qu'amateur de foot, c'est 1998. Mais sur le plan professionnel, il y a 2006. J'avais couvert le Coupe du monde sur Infosport. C'était une Coupe du monde merveilleuse avec un Zidane extraordinaire, notamment contre le Brésil. J'ai gardé des souvenirs très forts. Je n'avais pas la chance d'être au stade. On vivait les matchs intensément parce qu'on était en plateau. Je me souviens d'avoir vécu ça avec Messaoud Benterki et Olivier Tallaron. Puis, en 2010, j'ai eu la chance de la couvrir sur place en Afrique du sud pour iTELE. Ce n'était pas tant le spectacle sportif qui était passionnant, mais tout ce qui était à côté. Chaque jour, il y avait un nouveau chapitre de cette histoire incroyable. Elle se jouait sous nos yeux, à Knysna. Pour un journaliste, c'était quelque chose de passionnant de vivre ce roman de l'équipe de France. Personne ne connaissait l'issue. Personne n'osait imaginer les nombreux rebondissements.
Quel est le plus mauvais souvenir ?
Je n'en ai pas. Je suis trop jeune pour avoir connu 1982. Je n'ai pas vraiment de mauvais souvenirs. Peut-être 2002, la déception. Il ne s'était pas passé grand chose. L'équipe de France n'avait pas bien marché. Il y avait de la frustration. C'était très bof et pas terrible. En tant qu'amateur, c'est cette Coupe du monde qui m'a un peu déçu.
Quel joueur a marqué ce début de siècle ?
Tout dépend de la génération ! Les gens qui ont vécu le football sous Platini vous diront que c'était Platini. Sous Pelé, ils vont diront que c'est Pelé. Sous Zidane, et c'est mon cas, ils vont diront que c'est Zidane. Après, j'ai été très marqué par Maradona. Ce sont mes premières images, qui sont très floues, de football. Mais j'ai une très grande admiration pour Zidane. C'est l'artiste que j'ai le plus vu jouer.
Qui sera la surprise pour cette Coupe du monde en Russie ?
Je pense que Kylian Mbappé va faire une Coupe du monde extraordinaire. Mais ce n'est pas une surprise. Il a fait une saison magnifique avec Monaco. Un début de saison excellent avec le Paris-Saint-Germain. Il a eu un creux cet hiver. Il a payé la succession des matchs et la pression qui pesait sur ses épaules. Sur la fin de saison, il est revenu très en forme. Il a fait une finale de la Coupe de la Ligue remarquable. Je pense qu'il peut faire une Coupe du monde brillante.
Les Bleus peuvent-ils aller jusqu'au bout ?
C'est toujours difficile à dire. Sur un match de phase finale, tout peut arriver. Mais oui, je pense qu'ils peuvent aller en finale. Je mets parmi les favoris le Brésil, l'Espagne et l'Allemagne. La France arrive derrière. Ils peuvent aller au bout car il suffit d'un fait de jeu, que le groupe vive bien et d'un parcours sans blessures. Il y a plein de choses qui font une Coupe du monde. Si on regarde les Bleus en 98, ils ont fait des matchs qui étaient serrés.
Partie Médias
Comment abordez-vous cette Coupe du monde sur Europe 1 ?
Avec énormément de plaisir. On a la chance d'avoir lancé "Y'a pas péno" cette saison. C'est une saison qui a été riche pour le foot français avec l'arrivée de Neymar. Ca a attiré le regard du grand public sur le football et sur le championnat de France. Pour moi, le football est enfin entré dans la culture populaire, via cette super star. Donc, j'aborde cette Coupe du monde avec beaucoup d'envie, d'enthousiasme, d'appétit. Je prends un plaisir énorme avec mes copains Julien Cazarre, Didier Roustan et Anissa Hadadi.
Quel sera le dispositif de la station ?
On ne va pas changer une équipe qui gagne. La formule de "Y'a pas péno" a marché tout de suite. Il y a eu une prise immédiate avec le public. L'émission s'est fait une place dans le paysage des émissions de sport, et notamment de foot, à la radio. On va garder notre système avec Didier, avec Julien Cazarre en sniper, avec les auditeurs et avec en invités des écrivains, des humoristes, des comédiens, des journalistes. On va être présent au quotidien tout au long de la compétition. Pour l'ouverture de la Coupe du monde, le 14 juin, on va faire un "Y'a pas péno" all-stars de deux heures, avec tous les copains qui se sont bien marrés avec nous cette saison. Ce sera une émission plus riche et très festive.
Pendant toute la compétition, l'émission sera diffusée à la même heure que d'habitude ?
Exactement. Elle sera toujours à la même heure. C'est important. Parfois, ça sera un peu adapté en fonction des matchs, et notamment ceux de l'équipe de France.
Quel bilan tirez-vous de cette première saison aux commandes de "Y'a pas péno" ?
J'en tire un bilan excellent. D'abord, d'un point de vue éditorial, je pense qu'on a réussi à installer un concept avec un très bon casting. Julien Cazarre et Didier Roustan sont des personnages qui sont référents aujourd'hui dans le PAF (paysage audiovisuel français, ndlr) sportif et du football. On a trouvé un ton très rapidement. On a fait plus de 180 émissions avec plus de 180 invités de tous horizons. Ils sont venus nous rendre visite avec beaucoup de plaisir. On est aussi allé à la rencontre des auditeurs d'Europe 1 très fréquemment. On a fait beaucoup de délocalisations, à Caen, à Sochaux, à Marseille, à Lyon. On a eu la chance d'être accueilli à bras ouverts et on a vu qu'il y avait un contact qui se faisait immédiatement avec le public. Pour moi, c'est une grande victoire.
Qu'est-ce que ces délocalisations ajoutent à l'auditeur ?
C'est comme ça qu'on peut promouvoir l'émission et comprendre ce qu'attend l'auditeur. Aller vers lui, se déplacer, aller à sa rencontre, ça nous permet de prendre la mesure de ses souhaits et de ses attentes quand on écrit l'émission. On a vu quand on passait les chansons que les gens reprenaient avec nous. On a vu qu'une communauté de fidèles de "Y'a pas péno" s'est créée très rapidement et qu'elle a été entretenue toute la saison.
Pourtant, ça ne se traduit pas dans les audiences. Il y a encore un bon écart face à la concurrence.
C'est sûr. Il faut replacer l'émission dans son contexte. Si on compare face à Ruquier, évidemment, on est très loin. Mais si on regarde la progression et le socle des auditeurs de "Y'a pas péno" par rapport aux autres émissions de sport, là c'est intéressant ! On n'est plus très loin d'une émission comme "On refait le match" sur RTL qui a des dizaines d'années d'existence. On n'est pas très loin non plus de "Team Duga" sur RMC, qui est placée dans un contexte et dans un environnement très favorable. La ligne éditoriale de RMC, c'est l'après-midi avec du sport et du football. On est loin de Moscato. Mais Moscato, il a 10 ans déjà. C'est une émission qui a évolué et qui a grandi. Donc, je pense que "Y'a pas péno" est une émission avec des résultats chiffrés très encourageants. En édito, elle fonctionne bien, le concept est là et les gens l'ont compris.
En recrutant Julien Cazarre, qui n'est pas toujours dans le politiquement correct, aviez-vous des inquiétudes en début de saison ?
Non, non, non. C'est précisément ce qui fait sa force ! C'est un artiste Julien, il est libre. Il dit ce qu'il veut. Il est immensément drôle. Il n'y a qu'un seul Julien Cazarre. Il n'y a que lui qui est capable de faire ce qu'il fait, c'est-à-dire avoir une connaissance pointue du football et être marrant, envoyer la vanne quand il faut. De la même manière, Didier Roustan, qui est la légende du football et qui a une connaissance encyclopédique du ballon, est un esprit libre. Ce sont deux esprits libres qui peuvent trouver dans l'émission un terrain de jeu où ils peuvent s'amuser et s'exprimer librement.
"Y'a pas péno" va continuer à la rentrée sur Europe 1 ?
Je l'espère ! Je l'espère de tout coeur. On est très heureux de la saison qu'on a réalisée et qui est loin d'être terminée. Je pense qu'on va encore s'amuser jusqu'au 15 juillet. On va voir comment ça se passe. Notre nouveau patron Laurent Guimier nous a parlé pour la première fois. Parmi les axes de travail, il y a l'auditeur qui est au coeur de son projet. Nous, c'est ce qu'on cherche à faire. Des auditeurs nous accompagnent au quotidien. On est allé à leur rencontre par les délocalisations. J'aimerais qu'on poursuive cet effort-là, qu'on continue à aller dans toutes les villes de foot. Je croise les doigts vraiment pour que cette émission continue.
La grille devrait être totalement relancée. L'émission pourrait changer d'horaire ou de fréquence ?
Oui, bien sûr. Moi, si l'émission perdure, même si l'horaire est modifié, c'est gagné ! Il faut que ça s'inscrive dans la durée. Il faut que ça continue. C'est une émission qui vit bien sur le digital avec les différentes chroniques. Le portrait de Cazarre fonctionne bien. Tous les moments de l'émission qui sont découpés sont partagés sur les réseaux sociaux. J'espère que cette émission aura une longue vie.
Vous allez aussi couvrir cette Coupe du monde à travers une plateforme numérique. Pouvez-vous en dire plus ?
Ca fait un petit moment que je cherche à aller sur ce territoire du digital. Pour une raison simple, l'audience aujourd'hui, elle est sur le digital. Mon fils a 12 ans. Il regarde les matchs de foot avec son père à la télé. Le reste du temps, il est sur son iPhone ou sa tablette. Ce qui est vrai pour mon fils de 12 ans l'est aussi pour mes potes de 30-35 ans. Aujourd'hui, on consomme l'actualité, l'information, le divertissement, la musique sur le digital. Tout se passe là maintenant. J'ai constaté que les rendez-vous de sport et notamment de football étaient assez rares, voire quasi-inexistants. J'ai cherché des collègues de jeu. J'ai trouvé à "So Foot" l'esprit qui me correspond et le savoir-faire. On va essayer d'écrire ce rendez-vous qui sera quotidien. On va diffuser cette pastille intitulée "Le FC Thouroude" tous les matins de la Coupe du monde, sur les plateformes de "So Foot", sur Facebook, sur YouTube, sur Twitter et sur les plateformes de notre partenaire, ParionsSport.
Sur le fond, de quoi cette pastille va-t-elle traiter ?
C'est l'actu de la Coupe du monde, avec l'esprit "So Foot" et l'esprit Thouroude. Pendant la Coupe du monde, on va voir les images partout, sur TF1, sur beIN Sports, sur les chaînes d'info. Nous, on ne pourra pas le faire. C'est précisément ce qui va nous pousser à être créatifs. On va s'appuyer sur l'actu. Par exemple, si Kylian Mbappé met un doublé lors d'un match, on va essayer de raconter quelque chose qui pourra ajouter une valeur à ce que tous les gens ont déjà pu voir partout. Ce sera des pastilles d'1 minute 30 à 3 minutes, même si on ne s'interdit rien, avec des rubriques et des guests.
Ce sera uniquement pour la Coupe du monde ?
Non, j'aimerais que ce soit pérenne. Aujourd'hui, tout se passe sur le digital. D'ailleurs, en radio, on le constate aussi. De plus en plus de gens consomment la radio en podcast. C'est intéressant de voir les modes de consommation qui changent et évoluent. Il faut se lancer. La Coupe du monde est une très bonne opportunité. J'espère que ce sera réussi et que ça marchera pour qu'il y ait une suite.
A la rentrée de septembre 2017, vous étiez arrivé aux commandes de "Tout le sport" sur France 3. Comment s'est passée la fin de cette collaboration il y a quelques mois ?
Ca s'est très bien passé. J'ai eu la chance d'avoir des rapports très sains et très cordiaux avec Dana Hastier et Laurent-Eric Le Lay. On s'est parlé très librement. On a échangé. On s'est quitté bons amis, notamment avec la rédaction. Donc, tout s'est bien terminé. L'histoire n'a pas duré très longtemps. Ca arrive. C'est l'histoire de nos métiers.
Est-ce que l'issue est liée à votre sortie dans "L'Equipe" quelques jours plus tôt ?
Non. Je ne sais pas si c'est immédiat. C'est difficile de dire ça. Ce que je sais, c'est qu'on s'est dit les choses. On a parlé. Ca a été très correct. C'est ce qui m'importe. J'ai tourné la page. Je suis passé à autre chose.
Comment analysez-vous les difficultés que vous avez pu avoir sur France Télévisions ?
Je n'ai pas vraiment eu de difficultés. Je souhaitais faire quelque chose. Je n'ai pas réussi. Dont acte. C'est tout ! Fin de l'histoire. Ca a duré 6 ou 8 mois pas plus. Il y a eu des choses intéressantes. D'un point de vue de l'audience, on a réalisé de super audiences, notamment pendant la couverture des Jeux olympiques d'hiver. Toute la rédac des sports de France Télé a fait un boulot remarquable. Après, je n'ai pas réussi à aller au bout du truc.
Vous étiez tout de même assez critique au sujet de votre direction dans cette interview dans "L'Equipe". Ne pensez-vous pas que ça risque d'être préjudiciable pour la suite de votre carrière ?
Je ne sais pas. Ce qui m'importe surtout, ce sont les mots que j'ai eus directement avec Dana Hastier et Laurent-Eric Le Lay. Je sais ce que je leur ai dit. Ca a été des mots francs, honnêtes, cordiaux, sincères et justes. On s'est serré la main. On a échangé, on a partagé. Ils m'avaient proposé cordialement de poursuivre mon contrat jusqu'en août ou de me libérer de mes engagements. Et j'ai choisi de quitter "TLS".
Toujours dans cette interview, vous faites part de votre intérêt pour retourner à Canal+. Qu'est-ce qu'il en est aujourd'hui ?
Non, non. Ce n'est pas ce que j'ai dit. Pour le coup, c'est ce qui m'a gêné un petit peu dans l'interview. J'avais dit que Canal, ça pouvait être effectivement une chaîne dans laquelle je serais éventuellement amené à travailler dans le futur. Mais comme toutes les autres chaînes ! Comme France 2, M6, beIN Sports, SFR, TF1... Pourquoi pas ! Ca a été un peu déformé malheureusement. Si un jour je peux retourner travailler à Canal, formidable ! Si je vais travailler à TF1, formidable ! A M6, pourquoi pas ! La vie est longue.
On a l'impression que vous vous amusez plus dans le sport que dans le divertissement pur. N'êtes-vous pas plus un présentateur de niche qu'un présentateur grand public ?
Le mot niche quand on parle de foot et de sport, il faut faire attention. Je ne sais pas si le mot niche est très bien employé. Peut-être un domaine en particulier, mais ce n'est pas une niche quand il y a des millions de téléspectateurs. Après, c'est vrai que ça dépend de la perception du public. En tout cas, moi, j'essaye toujours de faire ce qui me branche. Si les opportunités se présentent, j'essaye d'y aller à fond. Si ça marche, c'est super. Je prends beaucoup de plaisir dans le sport. J'adore parler de foot. Si ça continue comme ça, c'est très bien.
Va-t-on vous retrouver à la télévision à la rentrée ?
Je ne peux pas vous le dire à ce jour. Tout est en train de s'écrire... ou pas d'ailleurs ! Il y a des discussions, bien entendu. Mais il n'y a rien de signé ou de concret.