
C'est une affaire qui secoue les couloirs de Canal+. Selon les informations de "l'Équipe", une enquête interne a été lancée au sein du service rugby de la chaîne cryptée, à la suite du licenciement d'un reporter-commentaire pour "comportements et propos sexistes jugés inappropriés envers deux de ses collègues", en décembre dernier. Deux jeunes femmes du service se sont plaintes de nombreux messages à caractère obscène reçus sur leur téléphone, l'une d'entre elles se serait également vue "proposer avec insistance de la drogue".
"J'ai envie de te démonter", pourrait-on lire dans l'un de ces messages, indique le journal sportif. Le reporter dément les accusations, évoquant des "échanges consentis et des messages tronqués" et a engagé une procédure aux prud'hommes. Avant lui, à l'automne 2024, un journaliste de la chaîne Infosport+ en CDD a été licencié à la suite de plaintes pour des blagues sexuelles, qualifiées d'"harcèlement d'ambiance". Lui aussi conteste les faits, et serait sur le point d'ouvrir une procédure aux prud'hommes.
Toujours d'après "L'Équipe", l'enquête interne aurait recueilli 34 témoignages, sous anonymat. Si une majorité des sondés évoquent une "ambiance de travail irréprochable", un quart tire la sonnette d'alarme concernant des comportements sexistes au sein du service et un "fonctionnement masculiniste" de la rédaction. "Le dossier est désormais entre les mains de la direction, qui devra, le cas échéant, prendre et appliquer les sanctions nécessaires", explique +Libres, le syndicat majoritaire de Canal+.
Le 2 juin, le président du groupe Canal Maxime Saada a convoqué l'ensemble du service rugby pour présenter les résultats de l'enquête interne. Devant la rédaction, le dirigeant aurait précisé avoir personnellement consulté les messages adressés aux deux salariées concernées et affirmé que les éléments recueillis étaient accablants. Il aurait rappelé la politique de "tolérance zéro" de la direction sur ces questions, un message également porté par le directeur des sports Thomas Sénécal.
Il a été indiqué que des mesures disciplinaires seraient prises. Cette semaine, cinq journalistes du service - trois en CDD jusqu'au 30 juin et deux en CDI - ont ainsi été placés en mise à pied conservatoire. L'enquête interne aurait révélé d'autres faits, dont des propos jugés inappropriés. L'un d'eux, attribué à un journaliste évoquant une consultante rugby supposément peu à l'aise à l'antenne, déclarait : "Elle devrait se faire violer par un mec qui sort des Baumettes, ça lui ferait du bien."