Certes original, ce road movie frustrant souffre d’un scénario improvisé et de dialogues d'une platitude désolante.
Hésitant entre le ton humoristique et le film de genre (et faisant sortir la moitié de la salle pendant la projection), la prétendue comédie d'Emma Luchini court droit à la catastrophe. Tout comme dans Trouble Every Day de Claire Denis, Luchini ne manque pas d'originalité, mais comme il y a peu de substance dans Sweet Valentine (en tout cas, pas assez pour faire un long-métrage), elle peine à l'étaler et son film finit par ressembler à un exercice de style. Et fait mourir d'ennui les spectateurs.
Des acteurs qui s'ennuient
Vincent Elbaz et Vanessa David interprètent une sorte de couple bousillé très mal assorti, nageant dans une piscine de flou et de dialogues d'une platitude désolante. Comment Elbaz (Ivan), le si drôle comédien de Tel père, telle fille, peut-il garder la même expression du début à la fin en caricaturant un gangster idiot à la manière de Coen, l'humour en moins ?
Le plaisir de retrouver Louise Bourgoin, aussi rebelle que dans Adèle Blanc-Sec, s'estompe aussitôt puisque celle-ci disparait dès le début du film. Elle est remplacée par Vanessa David qui interprète Sonia, amoureuse d'Ivan. Apparemment masochiste, elle le suit partout alors qu'il ne veut rien savoir d'elle, de quoi réfléchir sur la condition féminine en y apportant le regard du féminisme : cela constituerait le seul attrait du film. Ce trajet d'initiation aurait pu devenir captivant mais faute d'énergie, incapable d'adopter le ton juste, on n'y trouve que des mots vides.
Un peu de Lynch, un peu d'Almodovar et finalement, du bruit pour rien
Ainsi, l'intérêt de ce film réside tout entièrement dans les décors : avec zéro recherche de style, la réalisatrice filme dans les endroits les plus moches, les choses les plus banales, comme du David Lynch dans un univers où tout serait sordide. Le burlesque des relations humaines que l'on peut entrevoir malgré la superficialité des personnages fait penser à Almodovar, en version délavée.
Mais à force de vouloir créer une atmosphère parodiant ceci ou cela, la réalisatrice s'est perdue dans son film. Le scénario improvisé est parti à la dérive sans jamais se rattraper, et la fin est si frustrante qu'on regrette d'être restés. Tous aux abris, navet même pas drôle à l'horizon.