
"De nombreux journalistes ne se reconnaissent pas dans les propos tenus". La Société des journalistes du quotidien breton "Le Télégramme" a pris la plume, ce mardi 27 mai 2025, en réaction à un édito d'Hubert Coudurier, repéré par "Acrimed". Le directeur de l'information du journal a signé, en effet, "sous un petit compte rendu" d'une mobilisation, organisée par plusieurs collectifs, parmi lesquels Les Soulèvements de la Terre, appelant à "dénoncer, entre autres, la mainmise de Vincent Bolloré sur le milieu de l'édition", un papier intitulé "Stop à l’agit-prop anti-Bolloré".
Dans cet édito, Hubert Coudurier, par ailleurs fils de l’ancien président du journal et frère du président actuel, l'affirme : "Qu’on l’aime ou qu’on le déteste, Bolloré contribue au pluralisme des idées dans un pays longtemps soumis à une certaine doxa médiatique. Vouloir s’en prendre à son droit de propriété rappelle des pratiques de régimes totalitaires auxquels nous n’aimerions pas ressembler", écrit-il.
S'il cite CNews, "devenue la première chaîne d’information en France", Hubert Coudurier omet de signaler, en revanche, dans cet édito dithyrambique à l'égard de celui qui incarne "la réussite de la Bretagne", qu'il est lui-même chroniqueur sur le canal 16 de la TNT. Il est intervenu le 16 mai 2025 encore dans l'émission "180 minutes info", présentée par Nelly Daynac.
C'est là l'un des reproches adressés au cadre du "Télégramme" par la Société des journalistes : "Si chacun est libre de penser ce qu'il veut de l'homme d'affaires breton, il nous paraît trompeur de la part d'Hubert Coudurier de ne pas rappeler qu'il intervient lui-même en tant que chroniqueur sur la chaîne CNews. qui appartient à Vincent Bolloré. Il est, par ailleurs, tout aussi trompeur d'édulcorer certaines vérités qui concernent le milliardaire. La stratégie de conquête, déployée par ce dernier dans le secteur médiatique pour servir son idéologie et ses intérêts, a été largement documentée", notamment par "Complément d'enquête".
"Plusieurs journalistes ont, par ailleurs, dénoncé les intimidations et les menaces que fait peser le milliardaire sur la liberté d'information". Et la Société des journalistes de conclure : "Dans ce contexte, dire de Bolloré qu'il 'contribue au pluralisme des idées' ne semble pas correspondre à la réalité".
Mise à jour mardi 27 mai 2025 à 20h30 : La direction du "Télégramme" a réagi sur X à "la mise en cause par la Société des journalistes du 'Télégramme' (SJT) sur le traitement de la manifestation anti-Bolloré" : "La Société des journalistes du 'Télégramme' se trompent de combat", affirme-t-elle. "Il ne s'agit pas en l'occurrence de défendre M. Bolloré ni ses idées, mais de dénoncer la dérive totalitaire de certains mouvements d'extrême gauche qui n'hésitent pas à s'en prendre aux biens, voire aux personnes dont les idées leur déplaisent", poursuit-elle.
"Ces pratiques sectaires, littéralement anti-démocratiques, sans aucun respect de l'État de droit, tentant d'attirer la sympathie derrière un paravent festif et écologiste qui peine à masquer une idéologie violente et dangereuse", écrit-elle avant de conclure : "Oui, 'Le Télégramme' est indépendant et défend le pluralisme des opinions, c'est pourquoi il est utile de réaffirmer que celles-ci ont droit de cité dans l'espace médiatique, même lorsqu'elles déplaisent à l'extrême gauche et à la SJT."