Le volet télé de l'affaire Bygmalion est loin d'être terminé. Le cabinet de conseil co-fondé en 2008 par Bastien Millot est soupçonné d'avoir profité de contrats juteux passés avec France Télévisions pour 1,2 million d'euros 2008 et 2013. Rappelons que le co-fondateurs de Bygmalion a été l'un des proches conseillers entre 2005 à 2008 de Patrick de Carolis lorsque ce dernier était PDG du groupe public.
Deux prestations "poursuivies"
Dans cette affaire, une information judiciaire a été ouverte pour "favoritisme et prise illégale d'intérêts", suite à la plainte déposée par le syndicat SNPA-CGC (Syndicat national des personnels de la communication et de l'audiovisuel-Confédération générale des cadres) de France Télévisions. En avril dernier, le juge Renaud Van Ruymbeke a mis en examen Bastien Millot pour "recel de favoritisme" mais aussi Patrick de Carolis pour "favoristisme" tout comme Camille Pascal, ancien secrétaire général de France Télévisions.
Vendredi dernier, Rémy Pflimlin a tenté de mettre de la distance entre cette affaire et son groupe. Dans une interview au Monde, il a ainsi confirmé la mise en retrait de Patrick de Carolis, présentateur de "Des racines et des ailes" sur France 3. Le PDG de France Télévisions a aussi tenu à clarifier les relations entretenues par son groupe avec Bygmalion depuis sa propre arrivée dans l'entreprise publique à la fin août 2010.
Il a ainsi affirmé que seules deux prestations fournies par le cabinet de Bastien Millot (veille Internet et traitement de courriers de téléspectateurs) avaient été prolongées lors de son arrivée. "Parmi les prestations de Bygmalion, deux sont identifiées pour être poursuivies, les autres étaient soit ponctuelles, soit n'avaient pas lieu d'être poursuivies (...) Ces prestations correspondaient à des activités nécessaires, notamment pour répondre aux nombreux e-mails et courriers des téléspectateurs" a ainsi expliqué le PDG de France Télévisions.
"Gros bobard à la presse"
Mais Le Canard Enchaîné, déjà à l'origine de nombreuses révélations sur l'affaire, vient aujourd'hui contredire Rémy Pflimlin, accusé de jouer "sur les mots" et d'avoir "servi un gros bobard à la presse". A en croire le journal satirique, un troisième contrat "beaucoup plus discret" aurait été signé avec "une autre boîte de la nébuleuse Bygmalion qui appartient à son fondateur, Bastien Millot : BM Consulting". Toujours selon le palmipède, ce contrat a été signé en octobre 2010, soit après l'arrivée de Rémy Pflimlin à la tête de France Télévisions.
La prestation intitulée "Accompagnement stratégique" de la direction de France Télévisions incluait notamment la "fourniture d'éléments de langage spécifiques lorsque l'actualité le nécessite" et la remise d'"une note de synthèse concernant l'actualité institutionnelle et médiatique" ou encore l'organisation de "rendez-vous pour le compte de France Télévisions". Un contrat dont le montant s'élèverait à 15.000 euros par mois, soit "180.000 euros sur pour l'année !". "Au total, avec les deux précédentes prestations, Pflimlin a donc lâché quelques 560.000 euros de contrats aux sociétés de Bastien Millot, sans la moindre mise en concurrence", conclut notre confrère.