Les aveux de Jérôme Cahuzac après quatre mois de vives contestations ont provoqué la consternation de l'ensemble de la classe politique. A droite, évidemment, mais aussi à gauche. Dans un communiqué officiel, le président de la République, François Hollande, a "pris acte avec grande sévérité" des aveux de son ancien ministre du Budget. Jean-Marc Ayrault a affirmé dans le 20 Heures de France 2 se sentir "trahi" et a demandé à l'intéressé de "ne plus exercer de responsabilité politique".
Mais l'affaire Cahuzac, révélée en décembre dernier par le site Médiapart, a aussi consterné certains membre de l'entourage du député. Ainsi, hier soir, sur le plateau de LCI, Gérard Filoche, membre du bureau national du Parti Socialiste, s'est montré particulièrement en colère et ému par les aveux de l'ancien ministre du Budget. Invité pour parler de l'examen du projet de loi sur la sécurisation de l'emploi, le dirigeant socialiste a été interrogé par Michel Field sur la mise en examen pour blanchiment de fraude fiscale et sur les mensonges de Jérôme Cahuzac.
Deux minutes de monologue gorge nouée
Pendant deux minutes, Gérard Filoche, la voix sanglotante, a laissé éclater sa colère. "On parle d'un homme qui, quand on lui disait les yeux dans les yeux qu'il y a 60 à 80 milliards de fraude fiscale, répondait en gros que ce n'était pas possible. Il était un fraudeur lui-même ! On avait un ministre du Budget qui était censé chasser la fraude fiscale et qui ne le faisait pas", s'est-il énervé, la gorge nouée, parlant de "jour de colère". "Et maintenant on va chercher quelques milliards dans les allocations familiales, on va chercher quelques milliards dans les petites retraites, de qui se moque-t-on ?", a-t-il poursuivi.
"Je suis socialiste, mais je ne peux pas tolérer ça ! Je ne peux pas tolérer qu'un ministre du Budget de mon gouvernement, que j'ai soutenu, me mente là-dessus", a-t-il poursuivi. "C'est la misère dans le pays, il y a cinq millions de chômeurs, il y a dix millions de personnes qui sont pauvres, qui ont moins de 900 euros par mois dont on parle pas. Et on est en train de mégoter sur un petit budget pour atteindre 0,5% de déficit et on a un chef du Budget qui fraude lui-même, qui ment les yeux dans les yeux. Vous croyez que je peux supportez ça !", s'est-il indigné, la voix chevrotante.