

Une première dans l'histoire de "Top Chef". Le lauréat de la seizième édition du concours culinaire aura cette année la possibilité de remporter une étoile Michelin, comme l'a annoncé la chaîne le mercredi 29 janvier. Elle s'est en effet associée au fameux guide rouge pour offrir au meilleur des finalistes une opportunité en or : voir son restaurant éphémère décrocher cette distinction honorifique. Autant dire que l'initiative suscite les débats chez les chefs cuisiniers, dont certains dénoncent un coup de communication, une dévaluation de son obtention, voire la starisation des as en cuisine. C'est notamment le cas de Michel Sarran, ex-juré du programme, qui ne goûte que très peu à cette évolution de "Top Chef" à tendre vers un télé-crochet. "Pour obtenir l’étoile, on nous disait qu’on était jugé sur la régularité, l’identité du chef, la qualité du produit, les techniques… Mais aujourd’hui, c’est devenu la Star Ac", se désole auprès de "Marianne" l'ambassadeur du terroir toulousain.
Pour garder un oeil attentif sur l'émission qui l'a révélé aux yeux du grand public, Michel Sarran comprend l'intérêt de M6 d'apporter des nouveautés. Mais celle insufflée dans la future mouture remet en cause sa profession au détriment de la télévision, selon lui. "Je ne comprends pas comment les inspecteurs peuvent se baser sur 'Top Chef' pour affirmer qu’un candidat mérite une étoile. Une telle récompense se décide aussi au niveau des produits utilisés, par exemple. Or, sur le tournage, ils sont de bonne qualité, sans être exceptionnels pour autant. Je ne comprends pas la logique", déplore l'ancien acolyte de Philippe Etchebest, pour qui le Michelin "cherche à faire de la communication".
Mohamed Cheikh, vainqueur de la douzième édition, partage la même opinion, regrettant le mélange des genres. "Le charme de Top Chef, c’est justement la dimension humaine et nature – totalement différente de celle du Michelin", fulmine le propriétaire d'un restaurant à Saint-Ouen. "J’estime que c’est une fausse bonne idée parce que Michelin cherche à surfer sur la jeunesse que représentent ce concours et ses candidats (...) C’est un manque de respect pour la profession, mais également pour les anciens candidats de l’émission qui peuvent se sentir lésés", conclut l'ancien protégé d'Hélène Darroze.
La cheffe étoilée rempilera dans le jury aux côtés de Philippe Etchebest, Paul Pairet, Glenn Viel et Stéphanie Le Quellec pour cette saison 16, qui revisitera les épreuves cultes du programme. Ils seront aidés dans leur dégustation par une poignée d'inspecteurs du Guide Michelin, dont ils ne croiseront pas la route pour que ces derniers gardent précieusement leur anonymat. Un "dispositif hors-norme" qui a demandé une mise en place complexe et des trésors de vigilance pour les équipes de production, selon Stéphane Rotenberg, fidèle au rendez-vous.