
"Rien ne justifie la violence contre les journalistes". Franceinfo a apporté son "soutien total" à son envoyée spéciale, Éléonore Bailly, prise à partie, le lundi 9 juin, alors qu'elle assurait un direct depuis la place de la République pour couvrir une mobilisation en faveur des membres de l’équipage de la "Flottille de la liberté". La veille, La France insoumise et Les Écologistes avaient appelé à manifester après l’interception de ce bateau humanitaire par l’armée israélienne, avec à son bord notamment l’activiste suédoise Greta Thunberg et l’eurodéputée insoumise Rima Hassan.
Alors qu’elle décrivait une ambiance relativement calme et une présence policière "plutôt discrète", un homme a interrompu Éléonore Bailly lâchant "facho" à son endroit à plusieurs reprises et criant "Franceinfo désinformation". La reporter a essayé de l'éloigner pour poursuivre son direct et a été par la suite saisie par le bras, sortant du champ de la caméra. "Doucement, doucement", "Non mais ça va bien oui !", a-t-on pu entendre, avant que Flore Maréchal reprenne la main en plateau. "Faîtes attention à vous Éléonore, on a vu cette image un peu inquiétante de ce rassemblement place de la République", commente-t-elle. Puremédias vous propose de visionner cette séquence.
De nombreux confrères ont relayé cet extrait, témoignant tout leur soutien à leur consœur. La Société des journalistes de la chaîne, qui émet désormais sur le canal 16 de la TNT, a dénoncé cette scène. "Elle a été agrippée, insultée, bousculée, et empêchée d'exercer son métier. L'agresseur a ensuite continué à menacer de la frapper (...) S'en prendre à une journaliste dans l'exercice de ses fonctions est inadmissible. C'est une atteinte grave à la liberté de la presse". Éléonore Bailly a décidé de porter plainte, selon un article de Franceinfo.
Contactée par "Le Figaro", la direction de Franceinfo a fermement condamnée la scène de violence. "La journaliste a été prise à partie, attrapée par le bras. Heureusement cela en est resté là, mais elle est choquée, ainsi que le reste de l’équipe", a expliqué Muriel Pleynet, directrice de la chaîne. Face aux risques de nouveaux débordements, le groupe audiovisuel a pris la décision de "débrancher l’équipe du terrain". "On n’avait pas envie que cela se reproduise", précise celle qui a pris la suite de Laurent Delpech, visé en février par une motion de défiance. Franceinfo évoque désormais la nécessité de renforcer la sécurité de ses journalistes sur le terrain. "Sur le papier, cette manifestation ne représentait pas de risque", souligne Muriel Pleynet, qui admet qu’un dispositif de protection sera désormais étudié au cas par cas.
Sur les réseaux sociaux, la chaîne a publié un communiqué. On peut y lire : "Soutien total à notre journaliste verbalement et physiquement agressée ce soir dans le cadre de la couverture d'une manifestation place de la République alors qu'elle exerçait simplement son métier. Rien ne justifie la violence contre les journalistes. La liberté d'informer est un droit fondamental".