"Je suis rentrée dans une spirale infernale à cause de cette boule noire et je n'ai pas su m'en défaire" résume Elodie. A 35 ans, la pétillante et rigolote aventurière belge a été éliminée de "Koh-Lanta : le feu sacré" ce mardi 14 mars 2023. Au cours de la première épreuve de confort à élimination directe de la saison, la responsable marketing n'a pas fait le poids face aux autres aventuriers. Pour puremédias.com elle revient sur cette expérience hors du commun et sur le "goût amer" qui lui reste en travers de la gorge depuis la fin du tournage en août dernier.
Propos recueillis par Benjamin Rabier
Puremédias : Qu'est-ce que cela représentait pour vous de faire "Koh-Lanta" ?
Élodie : Il y a 20 ans, j'ai eu un véritable coup de foudre télévisuel pour cette émission. La simplicité de l'aventure, le fait de dormir dans des endroits incongrus, c'est des choses que je recherche dans mes propres voyages. C'est vraiment un programme qui correspondait à mes valeurs. Ça faisait 20 ans que je voulais y participer mais j'ai commencé à m'inscrire en 2016. C'était la sixième fois que je postulais.
Pourquoi cet acharnement ?
Fin 2021, j'ai eu un cancer du sein. Deux semaines après mon opération, j'ai envoyé ma candidature. À ce moment-là de ma vie, j'avais le sentiment d'avoir touché le fond, je ne pouvais que remonter la pente. Je sentais que c'était le bon moment. Ce n'est pas parce que j'avais été touchée par un cancer que j'allais baisser les bras. Je savais que cette année était la bonne.
Quand vous découvrez le cast le premier jour, que vous dites-vous ?
Je me dis que ces gens-là me ressemblent. À part Nicolas, il n'y avait pas d'armoire à glace. Je trouvais que les profils étaient différents et qu'il n'y avait pas de super-sportifs comme on avait pu voir dans de précédentes saisons. J'étais contente, je me suis sentie au même niveau que les candidats, je me suis dit que j'allais m'éclater.
Votre aventure aura été marquée par votre accumulation de "boules noires". Comment l'avez-vous vécu ?
Très mal. Et je le vis encore très mal six mois plus tard. Je voulais vraiment participer à 'Koh-Lanta' pour me dépasser physiquement. J'ai un sentiment énorme de frustration car je m'entraînais depuis 5 ans. À chaque fois que j'allais à la salle de sport, je pensais "Koh-Lanta". Je voulais performer sur les épreuves. C'est comme un footballeur qui s'entraîne pendant des années pour un tournoi et qui passe tous les matchs sur le banc de touche. C'est encore frustrant six mois plus tard.
Comment fait-on pour remonter la pente après une telle déception ?
Je me suis fixée de nouveaux objectifs sportifs et musicaux. Je me suis plongée dans le travail car j'ai la chance d'avoir un travail qui me passionne. Je pense qu'on ne se remet jamais complètement de ce genre de défaite quand c'est votre rêve depuis 20 ans. Ça a été très compliqué, j'essaye de relever la tête et je pense que bientôt, je ne serai plus triste en repensant à cette aventure.
Six mois après votre élimination vous ressentez encore de la tristesse ?
Six mois après, j'ai toujours ce goût amer dans la bouche et cette déception. Ça ne me quittera pas tout de suite je pense...
Finalement on vous a très peu vu sur les épreuves dans ce "Koh-Lanta". Avez-vous le sentiment d'être passée à côté de l'aventure ?
C'est sûr, je suis passée à côté de mon 'Koh Lanta'. Avant de partir, je n'avais pas du tout anticipé le fait de ne pas participer aux épreuves à cause de la boule noire. Je connaissais l'émission par coeur mais jamais je n'y avais pensé. Je pense que j'aurais dû m'y préparer pour ne pas être dépassée par mes émotions car comme on a pu le voir je suis très émotive. Sur le moment, j'étais en pleine frustration. Sur le camp, on s'ennuie donc quand on a une bouteille à la mer qui nous annonce une épreuve, on est tous hyper heureux et motivés. Puis, à chaque fois, j'étais mise sur le banc. J'aurais dû anticiper.
Aviez-vous conscience de votre émotivité accrue ?
Je suis une hypersensible. Je savais que j'étais émotive mais pas à ce point. Par contre, je ne m'attendais pas du tout à craquer sur le camp. Tant qu'on ne l'a pas vécu, on ne peut pas imaginer. Avec le manque des proches, la faim, j'ai complètement pété un câble. Ça fait des années que je regarde "Koh-Lanta", je sais très bien qu'il ne faut pas se comporter comme je l'ai fait sur le camp. Je suis quelqu'un d'authentique et entière, ma sincérité m'a joué des tours.
Certaines personnes ont même parlé de crise de paranoïa...
Je n'irai pas jusque là mais j'ai eu des intuitions qui se sont révélées mauvaises. J'avais vraiment l'impression qu'à chaque fois que je revenais sur le camp, les autres arrêtaient de parler. Dès que je leur parlais stratégie, personne ne me répondait. Après, c'est sûr qu'en pleurant et en faisant mes crises, j'ai accentué certains votes contre moi. Je suis rentrée dans une spirale infernale à cause de cette boule noire et je n'ai pas su m'en défaire.
La semaine dernière, votre fort caractère a beaucoup fait réagir les réseaux sociaux : comment vivez-vous cette exposition ?
La production nous prépare très bien aux éventuelles critiques mais j'avoue que j'ai joué ma curieuse et j'ai été regardée ce qu'on a écrit sur moi. Ce ne sont pas des choses très agréables à lire mais je prends du recul parce que je sais que ce qu'on a vécu dans l'émission, ça représente une mince partie de ma personnalité. Les gens qui regardent "Koh-Lanta" ne connaissent pas la moitié de mon histoire personnelle. Les critiques m'ont beaucoup moins atteintes que mon départ.
Vous êtes éliminée sur la première épreuve à élimination directe : qu'est-ce qui a flanché ?
J'étais très stressée avant même de commencer l'épreuve. Au lieu de laisser s'embraser mes braises, je soufflais dessus trop fort. Et puis, une fois que j'ai réussi à l'allumer, j'ai été trop tranquille par rapport à Christine. Peut-être que ma malchance et mon stress m'ont porté préjudice jusqu'au bout.
Avant de quitter l'île, Helena a souligné votre manque de confiance en vous. Vous êtes d'accord avec ce qu'elle a dit ?
Oui mais en même temps elle n'a pas vécu le quart de ce que j'ai vu. Je ne dis pas ça méchamment mais j'ai quand même eu de grosses galères physiques dans ma vie. Quand on touche le fond, quand on veut prendre une revanche sur la vie et quand on est empêché, je vous mets au défi de garder confiance en vous. C'est très très compliqué.
Quand vous parlez de grosses galères physiques vous parlez de votre cancer ?
Oui. On m'a détecté un cancer du sein en novembre 2021. Je me suis fait opérer en décembre 2021, je postule deux semaines après mon opération, je suis en plein traitement quand je passe les castings. Bizarrement, les six premiers mois de l'année 2022 ont été les meilleurs de ma vie. J'avais mon objectif en tête, j'étais en mode guerrière. Le fait qu'on m'ait coupé l'herbe sous le pied, c'est quelque chose de très douloureux. J'avais tellement de choses à donner, je voulais vraiment prendre ma revanche sur ce cancer et je n'ai pas pu aller au bout.
Aujourd'hui comment allez-vous ?
J'ai des contrôles réguliers tous les six mois. Après, avoir un cancer ne veut pas dire être en mauvaise santé. Pour preuve, je n'ai eu aucune contre-indication de la production. ils étaient totalement au courant de ce que j'avais. Je suis toujours en traitement pendant cinq ans et je fais des tests régulièrement. Mais on va dire que les plus gros traitements sont derrière moi.
Vous êtes restée 10 jours dans l'aventure : est-ce si dur que ça ?
C'est très dur mais j'ai trouvé que le corps s'habitue assez vite. J'ai perdu environ 5 kilos mais j'avais beaucoup plus faim les trois premiers jours que le restant de l'aventure. Je crois que le corps s'acclimate, l'estomac rétrécit... S'endormir avec la sensation de faim et se réveiller avec cet estomac qui gargouille même pas, c'est très étrange à vivre. Après on sait qu'on est tous logés à la même enseigne, donc ça rend la chose plus facile à vivre.