Le 22 mars, dans sa chronique quotidienne sur France Inter, Stéphane Guillon s'en est pris au ministre Eric Besson en l'assimilant à « une taupe de Jean-Marie Le Pen » et en l'accusant d'avoir fait le jeu du Front National, au lendemain des élections régionales. La chronique a provoqué la colère du ministre qui, invité quelques minutes plus tard sur l'antenne, a fait part de son mécontentement.
Quelques heures plus tard, Jean-Luc Hees, le PDG du groupe radiophonique public, a présenté publiquement ses excuses, estimant qu'une limite a été franchie lorsque Stéphane Guillon a évoqué « les yeux de fouine » du ministre. Ces excuses ont provoqué bon nombre de réactions négatives, dont certains élus PS qui ont dénoncé des « excuses rampantes ».
Aujourd'hui, dans une tribune publiée dans Le Monde, Jean-Luc Hees « persiste et signe ». « Faut-il s'excuser d'être profondément choqué de ce qu'on entend sur une station dont on est responsable ? Oui. J'ai présenté des excuses publiques (...) Je pratique le journalisme depuis quarante ans, avec diverses fortunes, et je crois avoir montré mon penchant profond pour la liberté, notamment sur les antennes du service public », explique le PDG de Radio France.
Puis, Jean-Luc Hees s'interroge sur la responsabilité de Stéphane Guillon, sans jamais le citer, se contentant de le qualifier d'« humoriste » entre guillemets. « L'humoriste n'a que deux limites : celle de l'acceptabilité des citoyens (dont il est le premier juge). Et puis celle des grandes valeurs morales qui scellent le pacte républicain. C'est là que le bât blesse. Face à un principe fondamental, il faut aussi savoir défendre les limites de ce principe. Les seules limites sont précisément celles de l'autre, de l'autre individu, qui, lui aussi, a droit à la protection de sa liberté. Enfin, il y a la limite du pacte républicain, qui unit tous les citoyens », explique-t-il.
« Or, à cet égard, nous avons une histoire. Qui nous enseigne que l'attaque personnelle, fondée sur le physique de la personne, fait partie de ces valeurs infranchissables. Les années sombres, les références tellement amusantes aux yeux de fouine, au nez et aux doigts crochus, sont là pour nous le rappeler. Là, la plaisanterie doit s'arrêter (...) L'attaque sur les aspects physiques d'une personne est intolérable. Le simple bon sens encourage à penser que s'élever contre les attaques "au faciès" ne constitue ni une posture de droite ni une posture de gauche (...) Je suis président d'un média de service public. Et si ce qui précède ne suffisait pas, cela me confère tout particulièrement un rôle de vigilance sur les principes que je rappelle. Qu'on relise les phrases de notre "humoriste" à propos du ministre Besson. Qu'on relise ces impayables vannes sur l'apparence physique de Martine Aubry... », ajoute-t-il.
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