Frédéric Schlesinger : "France Inter devrait être à de hauts niveaux pendant la présidentielle"

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Frédéric Schlesinger : "France Inter devrait être à de hauts niveaux pendant la présidentielle"
Par Benjamin Meffre Journaliste
Passionné par les médias, l’économie et la politique, Benjamin est rédacteur en chef de puremedias.com dont il a intégré la rédaction en 2013.
Frédéric Schlesinger
Frédéric Schlesinger © Christophe Abramowitz / Radio France
Le directeur des programmes de l'ensemble des antennes de Radio France analyse les résultats de la vague avril/juin 2016.

Ce matin Médiamétrie a publié les chiffres d'audience des radios pour avril, mai et juin 2016, une vague particulièrement commentée puisque marquée par l'affaire dite "Fun Radio". Du côté de la Maison Ronde, les résultats sont mitigés. Si le navire amiral, France Inter, signe d'excellentes performances en enregistrant sa meilleure vague depuis 2012, France Info et surtout France Bleu sont davantage à la peine tandis que France Culture progresse. Frédéric Schlesinger, le directeur des programmes de l'ensemble des stations du groupe, a accepté de commenter sans langue de bois ces résultats pour puremedias.com.

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Propos recueillis par Benjamin Meffre.

puremedias.com : France Inter est au plus haut depuis la présidentielle 2012, on dit merci Fun Radio ?
Frédéric Schlesinger : Ca n'a strictement rien à voir ! J'aurais même tendance à vous dire que l'écran de fumée Fun Radio lancé par tous les perdants me choque. Cela n'a strictement aucune incidence sur le marché de la radio, juste sur Fun. Mais les projections rectificatives faites par Médiamétrie montrent que ça n'impacte en rien ou quasi rien des radios comme Europe 1, RMC ou NRJ. Cela ne change strictement rien à la lecture des résultats, qu'il s'agisse d'Europe 1 dont les résultats sont catastrophiques, de RMC dont les résultats ne sont pas bons, de NRJ qui perd presqu'un point en un an. C'est le prétexte idéal pour se draper dans un espèce d'orgueil déplacé en disant : "Si nos résultats sont aussi mauvais, c'est à cause de fun". C'est de la plaisanterie !

Vous êtes resté très discret dans "l'affaire Fun Radio". Vous ne vous sentiez pas concerné ?
De notre point de vue, cela aurait dû se régler entre acteurs de la radio car tout ce qui peut affaiblir l'image du média en général est une mauvaise chose pour l'ensemble des acteurs. Pour nous, tous ceux qui ont lancé cet écran de fumée sont justement ceux qui souffrent depuis longtemps dans les sondages. Les difficultés d'Europe 1 ne sont pas nouvelles. Denis Olivennes explique cela par le départ de Laurent Ruquier sur RTL. Peut-être est-ce vrai mais est-ce aussi dû à l'incapacité d'Europe 1 à trouver un successeur à Laurent Ruquier. Ils tentent de masquer leur déficience en se servant d'un argument qui nuit à l'ensemble du média.

"Il y a bien sûr une faute de Fun Radio"

Il y a une faute de Fun Radio selon vous ?
Il y a bien sûr une faute de Fun Radio. Ce n'est pas discutable. Mais cette faute n'impacte pas le marché comme on essaye de nous le laisser croire, même si, c'est vrai, elle impacte positivement le résultat de Fun, notamment en part d'audience.

Les radios privées ayant attaqué Fun refusent de communiquer sur leurs audiences. Vous allez profiter de ce boulevard ?
Non. Ils disent qu'ils ne communiquent pas parce que le sondage est vicié. En réalité, ils ne communiquent pas parce que le sondage est mauvais pour eux. Nous, on estime qu'on est le grand vainqueur du sondage parce qu'on a France Inter qui progresse en durée d'écoute et en part d'audience tout en affirmant son leadership sur les trois grands prime time de la radio. France Inter monte malgré la faiblesse du média radio dans son ensemble, qui fait un très mauvais score sur la vague. Dans ce contexte, on est forcément très satisfaits. On pèse 25% de l'audience cumulée dans ce pays, 24% de la part de marché. On est un acteur solide, référent, qui tient son cap.

C'est une consécration de la grille mise en place par Laurence Bloch (la directrice de France Inter, ndlr) en 2014 ?
Evidemment. Je vous rappelle qu'en juin 2014, France Inter était à 9 points. 1,7 point de plus, c'est beaucoup ! C'est le fruit du travail de Laurence Bloch et de son directeur des programmes, Emmanuel Perreau, mais aussi de la stratégie globale mise en oeuvre.

Où sont encore les marges de progression selon vous la saison prochaine ?
On rentre dans une année présidentielle. Si on regarde en arrière, historiquement, on s'aperçoit que dans toutes les périodes qui accompagnent la présidentielle, France Inter fait d'excellents résultats car cette radio est un acteur important au service de l'information et donc de la démocratie. On pense donc que oui, on devrait avoir un France Inter à de hauts niveaux la saison prochaine. Le passé le laisse présager en tout cas.

"Je souhaite que Leïla Kaddour reste dans l'émission de Nagui"

Quelles évolutions peut-on attendre la saison prochaine ?
Il y a des tas de petites évolutions parce que la radio évolue tout le temps. La qualité du duo Bloch-Perreau, c'est d'être tout sauf immobile. Il retouche la moindre séquence en permanence. Il y a donc quelques retouches mais à la marge car la grille marche bien globalement. De 10h à 11h, il va y avoir une nouvelle émission confiée à Ali Rebeihi, un habitué de France Inter. Laure Adler reprendra, elle, le 20h-21h, puisque Kathleen Evin a souhaité lever un peu le pied. Son émission sera ainsi désormais hebdomadaire, le week-end. On crée aussi une émission musicale entre 21h et 22h qui sera confiée à Michka Assayas. Cette émission nous permet d'interrompre un peu le bloc culturel qu'il y avait entre 20h et 23h jusque-là. Laurent Goumarre fera ainsi ensuite le 22h-minuit contre 21h-23h la saison dernière. On pense que là, on aura le bon équilibre.

Leïla Kaddour (la nouvelle joker du 20 Heures week-end de France 2, ndlr) sera-t-elle toujours chroniqueuse dans l'émission de Nagui la saison prochaine ?
C'est mon souhait.

Ce n'est pas tranché ?
Leïla a un nouveau rôle important à France Télévisions. Il s'agit de bien redéfinir sa posture et son rôle au sein de l'émission de Nagui. Elle discute de cela avec lui. Laurence (Bloch, ndlr) et Emmanuel (Perreau, ndlr) souhaitent qu'elle reste et je les soutiens.

"On va avoir un France Culture plus rythmé et plus moderne"

Autre satisfaction après France Inter, France Culture, qui a réalisé une belle saison ?
Oui, c'est vraiment une satisfaction car c'était la première saison de Sandrine Treiner à la tête de la station. C'était une saison test pour elle, donc c'est un indiscutable sujet de satisfaction, surtout à la veille d'évolutions qui vont intervenir dans le ton, plus que dans le fond. On va avoir un France Culture plus rythmé et plus moderne, pas réservé à une certaine élite. C'est important dans ce contexte que Sandrine et ses équipes aient réussi leur première saison. C'est une vraie réussite. C'est le meilleur score historique en nombre d'auditeurs pour cette station sur une vague avril-juin. On est donc contents !

C'est moins rose pour France Info, en nette baisse sur une vague et en légère hausse sur un an. Si on fait le bilan depuis 2014, on peine à voir les effets de la relance impulsée par Laurent Guimier ...
Je vous dirais que la véritable relance impulsée par Laurent Guimier va se traduire dans la création du média global France Info, à la fois radio, télé et numérique. Mathieu Gallet ne s'était jamais caché de ce projet devant le CSA. Il y a une grande évolution du mode de consommation de l'information, notamment liée à l'émergence de nombreux services numériques, à la mutation de la presse sur le numérique avec des offres extrêmement pertinentes comme celles du "Figaro" et du "Monde" mais aussi à l'émergence des chaînes info dont certaines ont très bien réussi comme BFMTV. Nous savions bien que pour péreniser une démarche "tout info" dans le service public, il fallait bien plus qu'une simple relance de la radio France Info. C'est pour cela que l'on a travaillé avec acharnement. Au-delà de tout ce que je suis en train de lire sur le projet France Info, personne ne s'attache, de mon point vue, à ce qui est réellement important, à savoir l'émergence d'un média global en France.

"La création du média global France Info est un événement"

Pour vous la radio France Info n'a donc plus d'avenir seule, elle doit devenir un média global ?
La démarche France Info a un avenir dès lors qu'elle est à la fois une radio, une télé et un service numérique. Il faut que tout cela s'articule autour d'un média global, référent, d'information, public. Pour moi, c'est très important ce qu'on est en train de faire. C'est un événement. Et je pèse mes mots. Je ne suis pas en train de vous vendre des cravates. J'ai le sentiment que c'est aussi important que la naissance de France Info il y a 30 ans ce qu'il est en train de se passer. Je n'ai pas envie de disserter sur : "France Télé va faire ça", "Radio France va faire ça", "Mais comment ça va communiquer ?". Tout ça, ce sont des détails finalement qu'on a parfaitement réglés. Ce qui est super important dans ce pays, c'est la création d'une marque globale.

Le fait que la chaîne de télé s'appelle France Info est une bonne nouvelle selon vous ?
Evidemment, c'est une excellente nouvelle. C'est plus qu'une bonne nouvelle, c'est la preuve qu'il s'agit d'un média global. Si elle ne s'était pas appelée France Info, il n'y avait pas de marque globale. Il y a une collaboration étroite entre différents acteurs de l'audiovisuel public, on est précurseur. Si vous regardez l'évolution des modes de consommation de l'information, vous vous dites qu'on est éventuellement pas dans le faux, ce qui est une litote pour dire qu'on est peut-être dans le vrai (Rires).

Les journalistes de FranceTV Info, le site de France Télévisions s'inquiètent de la fusion à venir avec le site internet de France Info. Qu'avez-vous envie de leur dire pour les rassurer ?
J'ai envie de leur dire qu'ils pensent aux Français. Ce que veulent ces derniers, c'est une offre forte. France Info est une belle marque. Et on ne pouvait pas choisir France TV Info car il y a une référence à la télévision dedans. Il ne fallait ni radio, ni télé. Il fallait une marque globale.

Sauf que le nom de la marque fait penser à une radio... Pourquoi ne pas avoir créé une nouvelle marque alors ?
Quand vous voyez la notoriété de France Info dans le domaine de l'information, vous vous dites que ça aurait été stupide de créer une nouvelle marque. Et surtout dans six mois, France Info, ça sera à la fois pour les gens une radio, une télé et une offre numérique !

"Il y a une crise de croissance à France Bleu"

Malgré une actualité locale forte avec les inondations, France Bleu est en difficulté sur cette vague et signe sa plus faible saison depuis 5 ans. Comment l'expliquez-vous ?
Vous voyez, là, je ne vais pas sortir l'écran de fumée en disant que c'est de la faute de Fun Radio. Fun n'aurait pas triché, France Bleu en serait exactement au même stade. Ca n'a strictement aucun impact. France Bleu est est une radio qui, ces dix dernières années, a beaucoup gagné d'audience. Alors, ce n'est pas une raison pour en perdre mais là on en perd.

Il y a une crise de croissance. On doit retravailler nos phases éditoriales, notamment nos matinales, qui sont celles qui perdent le plus. On souffre aussi un peu de la qualité hybride de nos programmes puisque nous sommes à la fois une radio généraliste et musicale. De mon point de vue, on paye peut-être ça. On doit se poser des questions sur la place de la musique et celle de l'information et sur la réalité des déclinaisons de nos matinales. L'essentiel de notre perte est sur le 7h-10h, ce qui est une préoccupation. Il faut qu'on se remette au boulot avec acharnement. C'est un réseau magnifique, spécifique, de proximité. Il ne faut pas qu'on se voile la face, c'est un échec.

Vous voulez baisser la musique pour augmenter l'info, ou l'inverse ?
Il faut reconsidérer le rôle de chacun, cela ne veut pas dire augmenter l'un et baisser l'autre. Il faut qu'on retravaille et c'est difficile car France Bleu a actuellement un directeur par intérim en ce moment, moi-même ! On est en train de recruter un nouveau ou une nouvelle dirigeant(e) qui devrait arriver en septembre ou en octobre. C'est un moment difficile, quand on a un échec, ce n'est pas la faute de l'autre ! Il faut remettre l'ouvrage sur le métier et on va redresser le tir.

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