Incroyable Talent - Gilbert Rozon : "Je ne me suis pas trouvé assez dur !"

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Incroyable Talent - Gilbert Rozon : "Je ne me suis pas trouvé assez dur !"
Gilbert Rozon
Gilbert Rozon © DR
Entretien.

Un mois après la fin de l'émission La France a un incroyable talent qui a vu Les Echos Liés remporter la finale, l'inénarrable Gilbert Rozon est revenu sur cette édition 2009 pour Ozap. A l'occasion de la soirée organisée à Bobino le 26 janvier dernier qui a permis aux vainqueurs et à plusieurs candidats de l'émission (Skorpion, Lola, Florian et Céline) de se produire devant des professionnels, le producteur québécois, créateur du Festival Juste pour rire et juré de l'émission est apparu fidèle à ce qu'il dégageait sur M6.

Avec ce franc-parler devenu sa marque de fabrique, Gilbert Rozon en a profité pour s'expliquer sur ses relations avec le jury et ses différents clashs avec Smaïn (seul absent notoire de la soirée spéciale à Bobino). S'il reconnaît s'être trompé sur les Echos Liés qu'il ne voyait pas gagner, il avoue prendre toujours autant de plaisir à participer à cette émission dont il est devenu, sans le vouloir, l'une des attractions principales grâce à ses réparties cinglantes et ses prises de position. Avec humour, sincérité et humilité, il s'est confié à Ozap avant le show (réussi) des Echos Liés à Bobino. Entretien.

« Je n'aurais pas parié deux kopeks sur les Echos Liés »



Ozap : Un mois après la finale, quel regard portez-vous sur le cru 2009 de La France a un incroyable talent ?

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Gilbert Rozon : J’ai été très heureux de cette aventure et je ne m’attendais pas à ça. J’étais parti avec un à-priori négatif. Pour deux raisons : un changement de jury et un changement dû au mélange de tous ces artistes venus d’un peu partout dans la Francophonie. Il y en avait même de l’extérieur de la France. Il y avait aussi quelques professionnels et je trouvais qu’il n’y avait plus de chance d’avoir de la qualité. Mais finalement, j’ai beaucoup aimé l’idée de révéler des talents inconnus, je trouve que c’est encore plus digne, plus noble. Au final, on a fini par s’entendre avec le jury. Ca a été long, mais on a fini par se comprendre...

On reviendra tout à l’heure sur le jury, parce qu’il y a effectivement beaucoup de choses à dire, mais parlons quand même des Echos Liés qui sont les grands vainqueurs de cette édition. La première fois que vous les avez vus, pensiez-vous qu’ils pouvaient gagner ?
Non, je n’y croyais pas. Encore une fois, j’avais un préjugé. Je me disais que les groupes de danse avaient un avantage, parce qu’il y a des familles et des gens qui votent pour eux. Ils peuvent mobiliser une ville entière. Deuxièmement, je pensais que l’humour n’avait pas vraiment de chance, que ça pouvait tenir, mais pas au point de gagner, donc j’ai été vraiment le premier surpris. Mais en même temps, c’est ça qui est plaisant. Si je voyais tout, si je comprenais tout, je me trouverais vraiment très intelligent... Mais j'avoue que je n'aurais pas parié deux kopecks sur eux. Je pensais qu’ils pouvaient être dans les cinq derniers, mais que le public ne voterait pas pour de l’humour !

« Je ne croyais pas à une nouvelle Susan Boyle »



Cette année, M6 avait axé sa campagne sur le fait de trouver une Susan Boyle française, alors est-ce que vous redoutiez ce phénomène de voir beaucoup de candidates avec ce même profil ?
Ce qui se fait une fois se fait rarement deux fois. Je n’y croyais pas non plus à une Susan Boyle, mais j’aurais pu me tromper. Le phénomène Susan Boyle est arrivé un peu comme un cheveu sur la soupe. Ca a surpris tout le monde, on l’a vu sur la tête du jury anglais pendant l’émission, mais en plus, elle n’a pas gagné ! Nous, étant prévenus, on aurait été moins surpris. Il fallait que ça vienne d’ailleurs et c’est ce qui est arrivé, puisqu’on a eu des humoristes.

Certains se demandent si les chanteurs ont vraiment leur place dans La France a un incroyable talent, sachant qu’il existe déjà beaucoup d’émissions pour eux (Nouvelle Star, X-Factor, Star Academy...).
C’est comme partout ailleurs. En Angleterre, c’est la même chose alors, parfois, c’est le casting ou les dépisteurs qui ont la main heureuse, ce qui fait qu’une émission est avantagée par rapport à une autre. Il y a quand même une part de chance là-dedans. Je ne pense pas que l’équipe de Britain's Got Talent s’attendait à trouver une Susan Boyle. Alors des fois, tu fais du dépistage et tu mets la main sur Florence Foresti et l’autre à côté est bien jaloux, mais il y a une part de chance. C’est comme une pépite d’or, tu peux creuser toute ta vie et passer à côté du gros diamant qui est cinq centimètres à côté.

« J'ai des ennemis et je les mérite »



Alors, si vous ne pensiez pas que Les Echos Liés pouvaient gagner, à qui pensiez-vous ?
La finale était assez forte, mais je pensais que Skorpion pouvait gagner. Les Echos Liés, je les voyais avec une bonne lancée. Il y avait beaucoup d’empathie, beaucoup de sympathie, ils avaient vraiment une bonne gueule. Je les voyais bien en troisième ou quatrième position, mais je pensais que Skorpion passerait devant. Florian aussi, le magicien, était fabuleux, parce que tu es là, il t’épate une première fois. La deuxième, tu dis qu’il va trébucher et non, il t’épate une nouvelle fois. Et finalement, la troisième fois, il t’épate encore ! Je me dis que, si je suis le public à la maison, il vient forcément te chercher à un moment. Quand tu fais trois fois bonne impression, tu commences à te dire qu’il faut l’encourager ce garçon.

On connaît, en plus, votre niveau d’exigence et c’est d’ailleurs ça qui a conduit à des moments plutôt tendus avec les deux autres jurés qui n’avaient peut-être pas cette même exigence que vous.
Moi, j’ai des ennemis et je les mérite ! J’essaye toujours de donner ce que je ressens pour aider les autres. Alors, c’est sûr que pour un artiste comme Smaïn, je comprends que c’était difficile d’être juré. C’était peut-être même carrément une mission impossible pour un artiste d’être en porte-à-faux, puisqu’il doit juger d’autres artistes. Donc c’était très très très dur de juger pour lui. Moi, je suis producteur. Alors il y a des producteurs qui sont gênés, qui n’osent pas. Mais c’est notre métier d'être un point de repères pour les gens qui travaillent.

« Smaïn était fâché, il était humilié »



Pendant l’émission, il y a eu quelques clashs importants avec Smaïn. Parfois on avait le sentiment que c’était naturel et d’autres fois, on se demandait aussi si ce n’était pas un jeu entre vous. Qu’en était-il vraiment ?
Ce n’était pas un jeu, je me suis vraiment fâché. Ce qui arrive, c’est que quand tu te fâches comme ça, il faut imaginer que ça fait douze heures que tu tournes. L’enregistrement dure parfois trois ou quatre jours et tu en as marre d’entendre des bêtises. Là, tu te fâches et au moment au plus fort de la fâcherie, tu te rends compte de l’absurdité. Quand notre grosse prise de becs est arrivée, même une fois le tournage fini, on a continué à discuter dans les loges pendant plusieurs heures. Il dira ce qu’il voudra Smaïn, mais il n’atterrissait pas ! Il était vraiment très fâché, il était humilié. J’avais beau lui expliquer que mes paroles étaient parties comme ça. Mais en même temps, on ne peut pas revenir, on accepte le jeu. Je ne vais commencer à vous dire n’importe quoi,et qu'il n’était pas fâché. Il l’était !

C’est vrai qu’on le ressentait vraiment à la télé, mais parfois, vous ne pensiez pas que vous alliez trop loin et que vous le provoquiez ?
Il est venu un moment donné dans l’émission où je suis allé trop loin, c’était à l’avant dernière demi-finale, je crois. Mais je l’ai reconnu et je me suis même excusé, parce que j’ai dit une parole blessante. Mais là, on était devenu agressif l’un face à l’autre. Il m’envoyait une pique, je lui en renvoyais une, on s’est vraiment crêpé le chignon !

« Le temps d'établir une complicité avec Valérie et Smaïn a été long »



Et vous êtes-vous revus depuis la fin de l’émission ?
Non, on n’est pas des amis. On a juste travaillé ensemble dans une émission, c’est tout. C’est une relation professionnelle. J’ai du respect pour lui et je trouve qu’il ne méritait peut-être pas ça. Mais il a choisi un boulot qui est celui de juger et je pense être honnête en disant que, pendant les quatre premières émissions, il ne jugeait pas. Il a commencé à juger vers la fin et à ce moment-là, ça s’est calmé entre nous. Pourtant, moi, je vous dirais que je ne me suis même pas trouvé assez dur ! On est parti avec 150 talents, il fallait finir avec 24 et on a quand même fini avec 52 finalistes ! On a jugé les 28 en trop dans un salon privé entre le tournage des auditions et les demi-finales et c’est là, sans commentaires, qu’on a éliminé. Et dans le fond, qu’est-ce qu’on se dit à ce moment-là ? Les vraies choses ! Mes deux copains, ils vous diraient dans un moment de candeur qu’ils se rendaient compte qu’ils avaient choisi trop de monde.

C’est encore plus cruel !
Oui, je trouve ! C’est plus cruel, parce qu’on t’appelle après. Et je peux vous dire que certains l’ont très mal pris. Je me suis même fait accusé par des artistes de complots ! Mais il n’y a pas de complots, faut finir à 24 et on en a 52... Alors voilà, ça a été vous, peut-être que ça aurait pu en être un autre. Ils nous disaient : « Alors pourquoi nous avoir laissé passer ? ». Et bien parce qu’à ce moment-là, j’avais mes deux confrères...

Valérie Stroh a-t-elle quand même réussi à trouver sa place entre vos deux fortes personnalités ?
C’était difficile pour elle. En plus, c’était une première expérience, alors mettez-vous à sa place. Moi, depuis ma première émission il y a quatre ans, j’en ai fait une trentaine, donc on finit par comprendre quelques codes. Mais cela étant, c’est comme une ligne d’attaque au foot, il faut devenir complice. Alors le temps d’établir une complicité avec Valérie et Smaïn, ça a été long. C’est pour ça que j’étais anxieux.

« Le public est parfois plus cruel que moi, mais il ne veut pas faire le boulot ! »



On a aussi cette impression que vous êtes un peu la star de l’émission, elle vous doit beaucoup. Avec vos réparties, on vous attend au tournant...
Oui ! (rires) On m’attend et on s’imagine que je vais dire des méchancetés. Le public, il vient aux jeux du cirque ! Il réclamait que je taille les gens en pièces ! Mais moi, je ne suis pas là pour les tailler en pièces, je suis là pour ne rien laisser passer et ça demande un exercice de concentration. Mais c’était fascinant de voir que le public est parfois plus cruel que moi, sauf qu'il ne veut pas faire le boulot (rires). Il y a une hypocrisie terrible, mais j’essaye de dire tout haut ce que le public pense tout bas. Mais finalement, le public est assez bon juge. C’est comme quand vous êtes chez vous devant la télévision. Si vous n’aimez pas le début d’un film, vous changez de chaîne ; si c’est une musique, vous changez de radio ; si une pub vous emmerde, vous faites pareil et si vous lisez un article qui ne vous plaît pas, vous passez à l’autre... On fait ça tous les jours. On est juge, c’est simplement qu’on a pas le sentiment de le faire.

Finalement, le public aimait vous détester !
Oui, il devait être surpris de voir quelqu’un qui assume des décisions qui peuvent paraître lourdes.

Et imaginons alors un jury avec trois Gilbert Rozon, ce serait mieux ?
Je pense qu’on a besoin de quelqu’un qui soit intransigeant, de quelqu’un qui a aussi les yeux du cœur et qui a peut-être une sensibilité exacerbée et pour la troisième personne, je ne sais pas… Je pense qu’avec le mélange du jury de cette année et du jury de l’année dernière, il y a probablement quelque chose à trouver. Ce n’est pas simple de composer un bon jury. Mais ce qui a peut-être manqué au jury cette année, c’est un spécialiste de l’art lyrique. Imaginons qu’une personne fasse une contre-ut parfaitement juste, si elle fait une fausse note, je vais le remarquer, mais est-ce que techniquement cette personne est exceptionnelle ? Là, j’étais un peu largué et ça me m’était mal à l’aise. Ca devient tout de suite plus technique. C’est comme si vous jugiez deux chirurgiens et vous ne savez pas si l’entaille doit se faire là ou pas !

« C'est peut-être moi qu'on congédiera la saison prochaine »



Et après quatre années passées dans le jury, pas de lassitude ?
Il n’y a pas de lassitude. Je trouve ça extrêmement angoissant, parce que c’est une responsabilité. Ce qui maintient l’envie, c’est cette équipe formidable de Fremantle et M6. Parce que les gens croient que je fais ma com’, mais je n’ai pas besoin de ça pour gagner ma vie. J’ai eu un plaisir de gamin à jouer au sein d’une équipe fabuleuse. On les voit tous se défoncer et ça donne une énergie extraordinaire. T’es avec des copains et tu te dis : « J’ai un job à faire, je vais le faire ». Mais, tu es avec des copains qui jouent au foot professionnellement, donc qui veulent gagner et qui s’engueulent. J’ai beaucoup aimé cette ambiance. D’habitude, c’est toujours moi qui porte tout, je suis le producteur, je suis le patron, je décide et tout à coup, là, on me portait.

Alors il y a des chances qu’on vous revoie l’année prochaine ?
Si ça se refait, ils connaissent mon numéro. Mais c’est peut-être moi qu’on congédiera à la prochaine saison !

Et si on vous propose le même jury ?
On verra… (rires) Ce n’est pas moi qui décide. Je me contente déjà de faire mon boulot !

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