
Manuel Bompard ne s'attendait-il pas à cette question ? Ce dimanche 29 juin sur Franceinfo et France Inter, le député La France Insoumise était invité de l'émission "Questions politiques". Face à Carine Bécard, il a réagi avec fermeté à une question sur les récentes déclarations de Jean-Luc Mélenchon. "Ce qui a été lancé cette semaine par Jean-Luc Mélenchon c'est, il ne faut plus 'parler de langue française, mais de langue créole'", a paraphrasé la journaliste. Une formulation qui a immédiatement agacé Manuel Bompard : "Franchement, je ne pensais pas qu'ici, sur France Inter, on aurait les polémiques de la Bollorésphère."
La journaliste insiste : "Pourquoi il a dit ça Jean-Luc Mélenchon, c'était juste de la provocation ?" "Vous avez écouté la conférence madame ? Regardez au moins une conférence", rétorque le député, alors que la journaliste admet ne pas l'avoir suivie "intégralement". "On organise une conférence sur la francophonie. On dit une chose simple, c'est que la langue française n'est pas uniquement de la France, c'est une langue que nous avons en partage, avec 29 pays dans le monde", développe-t-il.
Carine Bécard de relancer : "De là à parler de langue créole, c'est surprenant voire choquant pour les Français non ?" Une question que reprend aussi sa collègue journaliste : "Est-ce que c'est de la provoc' ? Est-ce que c'est pour faire du buzz ?". Manuel Bompard de rétorquer : "La langue française est une créolisation, elle a évolué (...) je ne sais pas pourquoi vous essayez d'en faire une polémique, quel message vous essayez de passer aux gens (...) Je suis surpris que vous le repreniez parce que j'ai vu surtout des réseaux d'extrême droite venir chercher à créer une polémique sur ce sujet qui honnêtement ne le mérite pas."
Lors d'un colloque sur la francophonie à l'Assemblée nationale le 18 juin, Jean-Luc Mélenchon avait en effet déclaré : "Si quelqu'un pouvait trouver un autre nom pour qualifier notre langue, il serait le bienvenu. La langue française n'est pas la propriété singulière de la France, et surtout pas de ceux qui voudraient figer l'identité française dans sa langue."
Le leader insoumis ajoutait : "La créolisation est notre maître-mot. Et si nous voulons que le français soit une langue commune, il faut qu'elle soit une langue créole". "Selon lui, le français s'est enrichi "de tous les côtés", intégrant des mots arabes, russes, espagnols, hébreux, grecs et latins. "Il y a de tout et c'est tant mieux", expliquait-il.
Une vision qui provoque un tollé à droite et à l'extrême droite. Le ministre de la Justice Gérald Darmanin s'est empressé de répliquer : "La langue française appartient aux Français, c'est notre patrimoine le plus précieux", dénonçant "une attaque contre l'identité française".