Le règlement de comptes entre l'actionnaire de Libération Edouard de Rotschild et son ex-directeur Laurent Joffrin se poursuit par médias interposés. Le premier reprochait au second dans Le Figaro « d'avoir acheté la paix sociale » lorsqu'il dirigeait Libération. « C’est une déclaration surréaliste, pour ne pas dire loufoque rétorque Joffrin au Journal du Dimanche. Elle est surtout injuste pour l’équipe de Libération (...) Nous n’avons rien pu acheter, nous n’avions pas d’argent ! Cette attaque est d’autant plus étrange qu’elle vient après coup. Rothschild n’avait rien à nous reprocher avant notre départ. Elle est également contradictoire : pendant ces années, il a été solidaire de l’équipe et a joué un rôle très positif pour sauver Libé et assurer son indépendance ».
Débauchage
Après les départs de Laurent Joffrin, directeur de la rédaction et de Nathalie Collin, coprésidente du quotidien, pour rejoindre Le Nouvel Observateur, les actionnaires de Libération sont contraints de renouveler la direction du quotidien. Si le premier a été remplacé par Nicolas Demorand, la seconde n'a pas encore de successeur.
Ce débauchage des deux principaux dirigeants de Libération n'est, sans surprise, pas du goût des actionnaires. Interrogé par Le Figaro, Edouard de Rotschild n'a pas hésité à aussi tacler sa nouvelle maison, « une institution vieillissante ». Une attaque à laquelle a aussi répondu Laurent Joffrin : « Les faits démentent ces attaques gratuites et désinvoltes. La nouvelle formule du Nouvel Obs est considérée comme jeune et moderne. Sur les cinq premiers numéros, la diffusion est en hausse en moyenne de 30%. Nous avons bénéficié de l’actualité, mais pas seulement : les couvertures plus "magazine" se sont également bien vendues ».
Ces échanges peu aimables par médias interposés ne devraient pas faciliter le projet de rapprochement un temps évoqué entre les deux titres. Si Edouard de Rotschild n'y a pas mis de veto, Laurent Joffrin estime que « sa réalisation (lui) paraît aujourd’hui difficile ».