Julien Courbet défend la scripted reality. En tant que producteur d'un des premiers formats du genre - c'est lui qui se cache derrière "Le Jour où tout a basculé" dont trois épisodes sont diffusés chaque après-midi sur France 2 -, il se devait de répondre aux différentes critiques que subit ce nouveau genre audiovisuel. Fin octobre, Aurélie Filippetti, la ministre de la Culture, a estimé que ce genre de programmes "n'a pas sa place sur le service public". Elle justifiait son jugement au regard de sa piètre qualité : "La scripted reality n'est pas un type d'émissions de qualité qui correspond aux objectifs du service public", a-t-elle expliqué
"La pauvreté des moyens est intrinsèque au genre"
Alors qu'Emmanuelle Guilbart, la directrice générale déléguée aux programmes de France Télévisions, a indiqué trouver ce genre de fictions un peu "cheap", Julien Courbet, lui, veut laisser le public trancher. Il assume un rendu visuel de qualité moyenne. "Le genre de la scripted reality veut justement s'inspirer du reportage. Par conséquent, l'écriture audiovisuelle ne peut pas être aussi riche que celle de la fiction traditionnelle. Il n'est pas question de mettre plus de lumière ou plus de caméras, sinon cela ne serait plus aussi réel que le reportage. Donc la pauvreté des moyens est intrinsèque au genre. En revanche, sur l'écriture, nous faisons appel à de vrais scénaristes qui livrent de vrais scénarios."
Cette semaine, c'est Nonce Paolini, le PDG de TF1, qui a pris la défense de ce format auquel a aussi recours NRJ 12 ("Hollywood Girls"), France 3 ("Si près de chez vous"), M6 ("Face au doute") et TF1 ("Mon histoire vraie", "Au nom de la vérité"). "Il n'y a qu'en France qu'on se pose cette question" de savoir si la scripted reality est une fiction et peut par conséquent bénéficier des aides publiques accordés à la création, a indiqué le patron de TF1 qui propose chaque matin deux émissions de ce type. "Il n'y a pas un pays au monde où on se pose cette question, puisque des producteurs en vivent, des acteurs, souvent de jeunes acteurs y montrent leur talent, de jeunes auteurs peuvent s'exercer à l'exercice audiovisuel et par ailleurs le public semble y trouver un intérêt. Ici, c'est un débat. On est en train de perdre du temps alors que ce sont des objets audiovisuels qui méritent d'entrer dans la catégorie fiction", a-t-il ajouté lors d'un colloque.