
L'Alliance de la radio, qui regroupe depuis janvier les principales radios privées françaises (RTL, NRJ, Europe 1, RMC, Skyrock...), dénonce avec vigueur l'adoption par la commission des affaires culturelles de l'Assemblée nationale d'un amendement visant à supprimer le plafond publicitaire de Radio France. Une décision qu'elle juge "inacceptable" et qui pourrait bouleverser les équilibres du paysage radiophonique français. Selon le communiqué diffusé par l'Alliance, cette mesure reviendrait à "positionner l'audiovisuel public comme un acteur commercial à part entière" et remettrait en cause les spécificités du service public.
Actuellement, les recettes publicitaires de Radio France sont en effet strictement encadrées par son contrat d'objectifs et de moyens, avec un plafond fixé à 42 millions d'euros annuels. Cet amendement à la proposition de loi Lafon sur la réforme de l'audiovisuel public vise à lever cette limitation, au nom de la simplification de gestion et pour permettre au service public de "bénéficier des retombées financières de ses succès d'audience".
Pour l'Alliance de la radio, cette justification ne tient pas la route. "L'exposé des motifs est inacceptable", martèle l'organisation, qui rappelle deux avantages dont bénéficie déjà Radio France : un accès privilégié aux fréquences hertziennes via une réservation prioritaire et un financement public annuel supérieur à l'ensemble des recettes publicitaires nationales des radios privées.
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Les radios privées pointent également la position dominante de Radio France sur le marché de l'audio digital, où le groupe public "capte déjà près de la moitié du marché", selon les données du rapport annuel 2023 de Radio France et de l'IREP.
En conséquence, l'Alliance de la radio appelle les pouvoirs publics à maintenir le plafond actuel de 42 millions d'euros et à l'étendre au numérique et aux campagnes d'intérêt général. Elle demande également un encadrement strict des durées de diffusion publicitaire et "une trajectoire claire de réduction progressive du financement publicitaire de l'audiovisuel public".
En outre, l'Alliance réitère ses inquiétudes liées aux récentes annonces de Radio France concernant sa "bascule stratégique" avec des permutations de fréquences au profit de France Info et Ici, deux antennes ayant accès à la publicité commerciale, contrairement à France Musique et Mouv'. "La publicité, seule source de financement des radios privées, ne peut pas être une variable d'ajustement des financements de l'audiovisuel public", affirme enfin l'Alliance dans son communiqué, en guise de conclusion.