
Depuis le début de cette saison, la Ligue 1 est polluée par le conflit qui oppose son principal diffuseur DAZN à la Ligue de football professionnel (LFP). Le conseil d’administration de l'institution a voté pour la fin anticipée du contrat le liant à la plateforme britannique à la fin de la saison. Mais, le service de streaming, qui réclame toujours 573 millions à la LFP "pour manquement observé" et "tromperie sur la marchandise", a répondu dans la foulée qu’il refusait cette proposition de rupture. La médiation devrait se poursuivre, même si le divorce semble, lui, acté. Dans ce contexte, le président de la Ligue, Vincent Labrune, doit donc trouver un plan de secours en urgence et pourrait se tourner vers la création de sa propre chaîne pour diffuser les images du championnat.
Ce virage pourrait être accéléré par la nomination probable de Nicolas de Tavernost à la tête de la direction générale de LFP Media, la filiale commerciale de l'organisation. L'ancien patron de M6 a accepté le poste et a déjà échangé avec plusieurs présidents de clubs de Ligue 1, avant de signer son contrat, certainement ce mercredi 23 avril. Cette affectation pourrait signer l'amorce d'une réconciliation entre le football français et Canal+.
Maxime Saada, le président de la chaîne, a évoqué cette possibilité dans un entretien accordé à "L'Equipe", le 18 avril. "Le mettre autour de la table comme interlocuteur, c'est un bon moyen de me faire revenir sur le sujet de la Ligue 1", a reconnu le dirigeant, proche de son ancien confrère. "On peut dialoguer avec lui et je le ferai. Mais je n'oublie en rien le préjudice qui nous a été causé lors du précédent contrat", a-t-il néanmoins tempéré.
Maxime Saada fait ici référence au conflit judiciaire, toujours ouvert, pour ce que la chaîne cryptée considère comme un traitement inéquitable au moment du deal signé par la LFP avec Amazon en 2021 après le fiasco Mediapro. Le groupe de Jeff Bezos avait négocié les droits TV de 80% des matchs de Ligue 1 pour 250 millions d’euros par saison, là où Canal+ diffusait 20% des rencontres du championnat contre 332 millions d’euros. Depuis, le président de la chaîne privée avait toujours ouvertement exprimé sa rancœur envers la LFP, refusant de faire participer le partenaire historique du foot tricolore aux négociations pour les droits de la Ligue 1. La Quatre a alors multiplié les investissements dans le ballon rond européen, les sports mécaniques et le rugby.
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S'il semble vouloir entrouvrir la porte d'une conciliation par l'entregent de Nicolas de Tavernost, Maxime Saada garde ses distances avec ce projet, et en d'ailleurs fait part à son interlocuteur privilégié au moment où Nicolas de Tavernost l'a sondé avant d'accepter le poste. "Je lui ai tout de suite dit : ''Je pense que la descente n'est pas terminée pour la Ligue 1 et assure-toi, si tu prends le job, de ne pas être blâmé pour le reste de la descente'', relate le patron de Canal+. À l'inverse, s'il réussit, comme tout le monde sait que la mission est compliquée, cela fera une plume de plus à son chapeau. Ça doit lui plaire, ce challenge : réussir là où il y a échec".