Laisse-moi entrer : Partir et vivre ou rester et mourir

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Laisse-moi entrer : Partir et vivre ou rester et mourir
Avec "Laisse-moi entrer", le réalisateur de "Cloverfield" s'en sort plutôt bien, réussissant à s'approprier cette histoire déjà adaptée et marquant au passage le grand retour de la Hammer.

Laisse-moi entrer est le remake de Morse, film suédois de Tomas Alfredson, lui-même basé sur un livre de John Ajvide Lindqvist, qui participe d'ailleurs au scénario de cette nouvelle adaptation.

L'histoire est toujours la même, celle de Roméo et Juliette, oeuvre clé citée plusieurs fois dans le film. Sauf que la Juliette en question est un vampire. Un vampire victime de son état. En effet, Abby, malgré sa force, sa rapidité et son agressivité de prédateur, est aussi une jeune fille qui subit cette constante mise à l'écart due à sa nature. En rencontrant Owen, un jeune garçon introverti, elle essaye de s'adapter à ce monde qui ne lui convient pas - en vain. Ainsi une scène innocente dans laquelle elle veut tenter de manger un bonbon que lui offre le garçon, se transforme en malaise lorsqu'elle vomit la friandise, son corps n'acceptant rien d'autre que du sang. Cette scène est à l'image du film : pleine d'ambiguïté, mélangeant innocence et violence, jouant sur le principe de moralité et utilisant un ton qui passe du doux au brut en un instant.

Un remake inspiré



L'histoire est aussi et surtout celle de personnages isolés. Le garçon, lui, est un solitaire chétif, martyrisé par ses camarades de classe. Sa mère, loin d'être d'un grand secours, n'est représentée que floue, coupée du plan ou à peine visible. La rencontre des deux personnages principaux donne lieu à une histoire emprunte à la fois de poésie et de violence et qui laisse les personnages partagés entre le bien et le mal.

Alors qu'à la télévision défilent des images de Reagan discourant sur les valeurs américaines, à l'extérieur se passent des choses qui mettent à l'épreuve ces notions. Les relations victime/bourreau sont ici complexes, parfois inversées ou juste indissociables. Abby, un homme qui l'accompagne, Owen, sa mère, sont tout à la fois. Ils subissent et font à un moment subir, par des actes physiques, ou par négligence. La réponse, pour ces personnages, ne se trouve que dans la fuite.

Un casting réussi



Comme on s'en doute, ce remake est aussi à la base fait particulièrement pour conquérir le public américain, dont toute une partie est allergique aux langues étrangères. Le même procédé a été utilisé, par exemple, par Michael Haneke avec son Funny Games qu'il a décidé de refaire plan par plan à l'attention du public américain. Ici, Matt Reeves ne se contente pas seulement de refaire. Bien que très proche de Morse, le film apporte une nouvelle vision et un point de vue quelque peu différent.

Un des points forts de Laisse-moi entrer est ainsi son casting, à la hauteur de celui de Morse. Chloe Moretz, entre (500) Jours Ensemble et Kick-Ass, continue à incarner parfaitement les personnages forts. Quant à Kodi Smit-McPhee, vu dans La Route, il a ce juste dosage d'étrange et d'attachant.

Bourreaux et victimes. Et vice-versa.



La mise en scène jouant avec l'action en second plan ou à l'inverse, avec l'absence de profondeur de champ, donne une intensité particulière au film. Ainsi un arrière-plan souvent flou, à peine distinguable, ajoute au mystérieux et à l'isolement des personnages. Les décors sont aussi pour beaucoup dans cette sensation d’étouffement. Même transposée aux Etats Unis, l'action, se déroulant dans le froid et la neige d'un petit patelin, insuffle au film cette ambiance à la fois oppressante et inquiétante.

Le rythme très lent - trop lent pour certains - ajoute à l'atmosphère morose et rend les scènes violentes d'autant plus marquantes. Cette violence réside d'ailleurs plus dans ce que subisse les personnages que dans les scènes de meurtre. Un enfant qui subit le sadisme des autres est bien plus terrible que les scènes de tuerie. Mais lorsqu’il s’agit de montrer la vampire à l’œuvre, les scènes d’action, à certains moments sobres et froides, ont tendance à devenir un peu trop spectaculaires et surfaites. Trop explicites pour être intéressantes. Cela dit, montrer aussi distinctement l'agilité surnaturelle d'Abby et son visage monstrueux de créature assoiffée de sang colle au concept du film horrifique des mythiques studios de la Hammer.

Forcément plus surprenant pour ceux qui n'ont pas vu Morse, Laisse-moi entrer reste quand même intéressant à voir pour les autres. Même si le film reste proche de l'original, Matt Reeves arrive à adapter à sa manière cette histoire de vampire et à accrocher le spectateur.

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