
C’est une victoire forte pour Stéphane Guy. Licencié en décembre 2020 pour avoir publiquement soutenu son collègue Sébastien Thoen, écarté de Canal+ après une parodie de "L’Heure des pros" de CNews, le commentateur sportif vient d’obtenir l’annulation de cette décision par la Cour d’appel de Paris, rapporte "L’Équipe".
Lors de la mi-temps d’un match de Ligue 1, le 5 décembre 2020, l’animateur avait notamment lancé à l’antenne : "Je veux saluer l’ami Sébastien Thoen qui n’a pas eu la sortie qu’il aurait méritée (…) On lui souhaite bon vent." Puis, de citer Coluche : "il faut se méfier des comiques parce que, quelquefois, ils disent des choses pour plaisanter". Un message qui lui avait valu un licenciement sans ménagement, officiellement pour avoir "pris la parole sans autorisation".
Dès 2022, les Prud’hommes avaient jugé ce renvoi abusif. La Cour d’appel va plus loin ce 25 juin 2025 : elle annule purement et simplement le licenciement. "La juridiction a considéré que celui-ci n’aurait jamais dû être licencié", a déclaré Me Olivier Khatchikian, son avocat, à "L’Équipe". Canal+ est par ailleurs condamné à verser plus de 700.000 euros à Stéphane Guy, au titre de rappels de salaires. Le journaliste a tenu à saluer "toutes les personnes qui ont partagé cette grande épreuve", et adressé une pensée à "ceux qui ont été sanctionnés comme [lui] pour avoir soutenu Sébastien Thoen" a fait savoir son avocat auprès du journal sportif.
"Mon licenciement est annulé par la Cour d’appel de Paris", a confirmé l’intéressé dans "L’Équipe du soir" ce mercredi. Et d’ajouter avec humour, à propos de sa présence sur le plateau : "À la rentrée, il faudra que je demande l’autorisation de Canal, car je devrais commenter un match là-bas." Avant d'ajouter : "Une pensée à tous mes camarades qui dans cette triste affaire Thoen ont perdu leur emploi, puisque je n'étais pas tout seul dans l'affaire. Une trentaine de camarades eux, malheureusement n'ont pas été réintégrés. Grosse pensée à eux et vive la liberté d'expression qui a été saluée par la Cour d'appel de Paris". Puremédias vous propose de découvrir la séquence ci-dessus.
Le président de Canal+ Maxime Saada lui reprochait d’avoir utilisé son temps d’antenne pour passer un message personnel : "Stéphane (Guy), je lui avais déjà dit plusieurs fois que ce n'était pas son antenne, qu'il ne pouvait pas l'utiliser pour dire des choses qui lui passaient par la tête. Moi-même, je ne me suis jamais permis ça", s’est-il justifié dans le magazine de "L’Équipe" en mars 2021. "Je considère qu'un journaliste ne s'approprie pas l'antenne de Canal", avait-il également expliqué sur RMC.
Une décision critiquée en interne : près de 150 salariés avaient signé un communiqué dénonçant une atteinte à la liberté d’expression. Environ 70 d’entre eux, majoritairement issus de la rédaction des sports, s’étaient également rassemblés brièvement devant Canal+, masqués à son effigie. "Nous sommes tous des Stéphane Guy potentiels", affirmait leur communiqué, dénonçant un climat de peur et réaffirmant leur attachement à la liberté d’expression.
Si le groupe Canal+ n’a pas souhaité réagir, Stéphane Guy, lui, se dit prêt à revenir "à la maison Canal", sans ressentiment, "avec la passion intacte du métier". Depuis son départ, il était apparu sur RMC Sport, notamment dans "L’After Foot", avant de rejoindre la chaîne "L'Équipe" en 2024.