Philippe Gildas revient sur ses années "Nulle part ailleurs". L'animateur et journaliste de 78 ans a en effet décidé de consacrer à l'émission qu'il a présentée pendant une décennie (1987-1997) un livre intitulé "Nos années 'Nulle part ailleurs'". L'occasion pour lui de livrer de nombreuses anedoctes sur cet ancien rendez-vous de Canal+ devenu culte. Interrogé hier par "Ouest France" sur ce qui lui a inspiré la sortie de cet ouvrage, Philippe Gildas a invoqué une réflexion de fond sur l'évolution récente de la télévision.
"Cela n'existe plus une émission où l'on riait autant"
"Voir Antoine de Caunes au 'Grand Journal' n'a fait qu'accélérer un mouvement que nous connaissions bien lui et moi, qui consiste à dire : 'cela n'existe plus une émission où l'on riait autant'" a-t-il ainsi expliqué. Philippe Gildas a ensuite souligné les similitudes et les différences entre les deux navires amiraux de la chaîne cryptée. "'Le Grand Journal' est dans le même créneau que 'Nulle part ailleurs', il reste beaucoup de choses de l'esprit Canal+ de l'époque. À cela s'ajoute la modernité d'aujourd'hui, dont la politique qu'il n'y avait pas dans 'Nulle part ailleurs', et c'est ce qui différencie les deux émissions".
Au cours de cet entretien, Philippe Gildas est aussi revenu sur ce qui avait selon lui fait le succès de "Nulle part ailleurs". "Par nécessité, nous avions, comme sur les autres chaînes, un mini-journal de l'actualité et la météo, car sinon les téléspectateurs seraient allés voir ailleurs pour obtenir ces informations" a-t-il raconté. Et d'ajouter : "Je pense que nous avions inventé, involontairement et à force de beaucoup de travail, une télévision différente, que certains ont qualifiée de vulgaire, mais dans laquelle la plupart des gens ont aimé ce côté 'qui change les idées"".
"Je plains Antoine de Caunes certains jours"
Interrogé enfin sur les performances de son ancien complice, Antoine de Caunes à la tête du "Grand Journal", Philippe Gildas en a profité pour critiquer la construction très "séquencée" de l'émission. A l'entendre, cette dernière ne permettrait pas à Antoine de Caunes d'exprimer pleinement son talent. "'Le Grand Journal' conçu par Michel Denisot intégrait ce que je n'avais pas mis dans 'Nulle part ailleurs', comme par exemple la politique. Michel Denisot était très efficace dans cette partie, et ce que je trouve dommage c'est qu'aujourd'hui Antoine de Caunes est un peu perdu dans un format qui ne lui laisse pas la liberté dont il a absolument besoin" a analysé Philippe Gildas.
Et ce dernier de plaindre son ancien complice : "Il y a trois grandes séquences dans l'émission, avec le zapping, les Guignols, la météo, et cela laisse peu de place à quelqu'un d'aussi inventif qu'Antoine, que je plains certains jours de se retrouver dans cette situation-là".
Cette critique du trop grand "séquençage" de l'émission phare de Canal+ n'est pas nouvelle. Malgré les aménagements et les nouveaux visages que compte l'émission depuis l'arrivée d'Antoine de Caunes en août 2013, ces critiques ne semblent donc pas disparaître pour l'instant.
Côté audiences, "Le Grand Journal de Canal+" a enregistré une rentrée en repli par rapport à la même période en 2013. Sur ses quatre premières semaines, le programme d'access a ainsi réuni en moyenne 1,1 million de téléspectateurs (-15%), soit 6,3% de l'ensemble du public (-0,9 point).